Ateliers Orsini

‘Poésie entre amis’ est une soirée organisée par Ateliers Orsini. Les participants ont lu des textes de leur composition, écrits en français pendant les cours ‘Lire et écrire’ à l’Atelier. Ces textes, inspirés par des poètes et des écrivains francophones tels que Hérédia, Gautier, Césaire, Molière, Cadou, ont été composés en suivant le style de l’auteur : ponctuation, rimes, allitérations, phrases nominales, phrases courtes ou longues, alexandrins et sonnets. Les participants y ont ensuite greffé leurs histoires personnelles, avec leurs propres mots.Cette soirée a eu lieu le 19 novembre 2023 au Petersham Bowling Club, en Australie. Tous les textes sont publiés avec la permission des participants.
Mes remerciements à Erin, Angela, Marie-Louise, Rose, John, Juanita, Jaynie, Ann et Margarita pour cette excellente soirée !

La Leçon de Ponctuation, écrit par ERIN GABRIELLE
et interprété par Erin et Angela
d’après un texte de Molière
https://www.ateliersorsini.com.au/moliere

Ayant passé plusieurs semaines à apprendre l’orthographe, le Bourgeois Gentilhomme, Monsieur Jourdain, est prêt, avec l’aide du Maître de Philosophie, à écrire son billet à la belle marquise.

Maître de Philosophie – Votre message reste toujours le même, Monsieur ? Vous n’avez point changé d’avis ?
Monsieur Jourdain – Non, non, non. Je ne veux que ces seules paroles. Au nom de Dieu, dépêchez-vous !
Maître de Philosophie – Je me presse, mais pour prendre cette matière au sérieux, on doit développer une exacte connaissance de la ponctuation. Autrement, le sens de vos mots peut être malinterprété. Vous ne voulez point envoyer à la belle marquise une insulte au lieu d’une déclaration d’amour, une menace au lieu de…
Monsieur Jourdain – Grands dieux ! Non ! Qu’est-ce que c’est, cette ponc-tu-ation ?
Maître de Philosophie (d’une voix rapide et monotone) – La ponctuation est un système de signes graphiques utilisés pour indiquer les pauses, les arrêts, les inflexions, les modulations, les sens…
Monsieur Jourdain – Oui, oui, oui, mais pourquoi…
Maître de Philosophie – … les questions, les exclamations, les mots étrangers, les mots argotiques, les citations, les interjections, les jurons, les…
Monsieur Jourdain – Mille millions de mille malheurs ! Arrêtez ! Combien de ces sacrés signes y a-t-il ?
Maître de Philosophie – Eh bien, dix : le point, le point-virgule, le pointd’interrogation, le point d’exclamation, les deux-points, les points desuspension…
Monsieur Jourdain – Point, point, point ! Mais quels points disent « mourir d’amour » ? Et point le contraire ?
Maître de Philosophie – Votre billet ne nécessite qu’un point, à la fin, pour indiquer que votre message est fini. Ou, peut-être, trois petits points pour indiquer que l’affaire n’est pas finie…
Monsieur Jourdain – Comment ? Seulement trois petits points ! Un, deux, trois,et je suis au septième ciel ! O bonheur éternel ! Quelle belle chose ! Qu’elle soit donc bénie, la Ponctuation !

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Il pleure dans mon cœur de Paul Verlaine,
interprété par MARIE-LOUISE

Il pleure dans mon cœur 
Comme il pleut sur la ville. 
Quelle est cette langueur 
Qui pénètre mon cœur ? 

O bruit doux de la pluie 
Par terre et sur les toits ! 
Pour un cœur qui s’ennuie, 
O le chant de la pluie ! 

Il pleure sans raison 
Dans ce cœur qui s’écœure. 
Quoi ! nulle trahison ? 
Ce deuil est sans raison. 

C’est bien la pire peine 
De ne savoir pourquoi, 
Sans amour et sans haine, 
Mon cœur a tant de peine. 

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Faire un slam sur Montmartre, écrit et interprété par ROSE
d’après un texte de Grand Corps Malade
https://www.ateliersorsini.com.au/grand-corps-malade

Je voudrais faire un slam
Avec toute mon ardeur
Je t’incite à visiter Montmartre
Qui fait battre mon cœur
Les raisons ? Il y en a quatre
Je t’emmènerai dans le dix-huitième de Paname.

Près du métro Abbesses
Et l’escalier hors norme
Qui fonctionne comme borne
Un square où sans cesse
Jouent les enfants à cheval
Sur un manège éclairé de la rue Barbès
Dans une ambiance carnaval.

Au-dessous du Sacré-Cœur et de l’escalier spectaculaire
Regarde le funiculaire
Plein à craquer
Comblé de touristes de Chine et du Japon
Avec leurs appareils-photo cons
Tu vois cet homme en veste et gilet ?
Avec ses crayons à l’huile
On admire son style
Tiens ! Remarque la boutique Tati pas chère
Et plus loin le cimetière.

Toutes les rues pavées qui montent au sommet
Le tabac du coin pour trouver nos carnets
Si on veut un verre tu trouveras un café
Ou à l’hôtel des Arts en face du cinéma
Un très bon repas.

Le comportement des jeunes un peu impudent
Mais pas arrogant
En se promenant au marché
De la rue Marcadet
Pour acheter
Les asperges les fèves et les champignons
Et à la rue Lepic, le poissonnier
Pour nos fruits de mer printaniers

Jevoudrais faire un slam
Avec toute mon ardeur
Je t’incite à visiter Montmartre
Qui fait battre mon cœur
Les raisons ? Il y en a quatre
Je t’emmènerai dans le dix-huitième de Paname.

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Le beau Saint-Malo, écrit et interprété par JOHN
d’après un texte de Grand Corps Malade
https://www.ateliersorsini.com.au/grand-corps-malade

j'voudrais faire un Slam
pour un lieu très vieux qui fait partie de mon pays la Bretagne
j'voudrais faire un Slam
pour cette ville maritime qui a connu de grands drames
j'voudrais faire un Slam
pour mon propre patrimoine dont je suis fier de toute mon âme

j'voudrais faire un Slam
pour le beau Saint-Malo et ses remparts 'haut-de-gamme'
pour mieux comprendre mon Saint-Malo
toi et moi prendrons un grand bateau
oui mon pote pour le voir de sa côte
toi et moi ferons un voyage en ferry-boat

voilà les phares qu'on peut voir presque par hasard
ces sentinelles dans l'Atlantique
qui nous protègent de ce climat océanique
et enfin quand on approche du port
afin de reposer nos corps
dans ce lieu malouin

le capitaine évite les îlots rocheux
et nous dépose sain et sauf sur ce lieu fabuleux
regarde mon pote cette ville historique
sur le littoral atlantique
voilà les plages qui soutiennent les remparts
Plage de bon secours, Plage de Môle, Plage del'éventail,
et même Plage de deux heureux gars

[Reprise] 

j'voudrais faire un Slam
pour un lieu très vieux qui fait partie de mon pays la Bretagne
j'voudrais faire un Slam
pour cette ville maritime qui a connu de grands drames
j'voudrais faire un Slam
pour mon propre patrimoine dont je suis fier de toute mon âme
j'voudrais faire un Slam
pour le beau Saint-Malo et ses remparts 'haut-de-gamme'

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Carmen de Théophile Gautier, interprété par JUANITA

Carmen est maigre - un trait de bistre
Cerne son oeil de gitana ;
Ses cheveux sont d'un noir sinistre ;
Sa peau, le diable la tanna.

Les femmes disent qu'elle est laide,
Mais tous les hommes en sont fous ;
Et l'archevêque de Tolède
Chante la messe à ses genoux ;

Car sur sa nuque d'ambre fauve
Se tord un énorme chignon
Qui, dénoué, fait dans l'alcôve
Une mante à son corps mignon,

Et, parmi sa pâleur, éclate
Une bouche aux rires vainqueurs,
Piment rouge, fleur écarlate,
Qui prend sa pourpre au sang des cœurs.

Ainsi faite, la moricaude
Bat les plus altières beautés,
Et de ses yeux la lueur chaude
Rend la flamme aux satiétés.

Elle a dans sa laideur piquante
Un grain de sel de cette mer
D'où jaillit nue et provocante,
L'âcre Vénus du gouffre amer.

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Ken, écrit et interprété par JAYNIE
d’après un texte de Théophile Gautier
https://www.ateliersorsini.com.au/theophilegautier

Ken est un vétérinaire gentil, roux et grand. 
Il soigne et guérit les animaux
Dans des pays si différents ;
Mais il déteste les gens faux.

Avec ses mains énormes, il fait
Des miracles sur toutes les bêtes ;
Il réduit leur souffrance, en vrai ;
Les gens l’adorent et le fêtent.

Mais il y a les jaloux, irrités
De son succès, qui lui donnent
Des cas difficiles pour le tester ;
Mais avec passion, il s’y adonne.

Malgré sa tendresse et sa patience
Envers les animaux si malades,
Il écoute les plaintes en silence.
Aux clients, il leur faisait une tirade.

Pour lui, la cruauté et la stupidité
Envers les animaux qu’il guérit
L’incitent à l’agressivité. 
Oh oui, ce sont des crimes maudits.

La plupart des clients le considèrent
Comme un bon géant gentil
Qui soigne les bêtes dans la misère
Comme la Déesse des animaux, Artemis.

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Une extrême beauté, écrit et interprété par ANGELA
d’après un texte de Aimé Césaire
https://www.ateliersorsini.com.au/aime-cesaire

Il n’y a pas à dire : c’était une femme d’une extrêmebeauté.

Nous, les femmes banales, l’admirons, jalouses.

C’était une très belle femme. Les couturiers de Paris, de Milan, veulent qu’elle porte leurs vêtements en soie, en laine ultra-fine, haut de gamme. On dit qu’elle est un top-modèle. Haute de stature, mince et chic, élégante. Elle arpente les podiums de défilé de mode avec ses gambettes chaussées de talons hauts. Marche avec la tête haute, les hanches en avant, sans sourire, sans cligner des yeux en face des flashes des appareils. Le maquillage épais définit les pommettes, déguise les cernes. Les faux-cils collés avec un adhésif, les yeux toujours écarquillés, les lèvres charnues formant une moue…. elle tourne….

Nous, les femmes banales, l’applaudissons.

C’était une femme d’une extrême beauté
fabuleuse, anormale….

Il n’y a que dix femmes sur la planète si belles, les  top-modèles. Hautes de stature, hautes en salaire, maigres comme un clou, émaciées, écharnées. Ces femmes sont au régime tous les jours, elles fument pour supprimer l’appétit, pour garder le corps mince. Les injections de Botox empêchent les rides. Les paparazzi les poursuivent partout. Elles ne peuvent pas fuir la publicité. Les photos apparaissent dans tous les magazines de luxe, en papier glacé. Les photos manipulées – créer un peau sans défaut.

Les femmes d’une beauté extrême.

et la racaille des femmes banales, jonchées sur talons hauts, dit non !
La racaille rejette les talons
rejette les régimes
rejette le maquillage épais
rejette le Botox
rejette les vêtements de soie, les hauts de gamme
rejette le fardeau de la publicité
et arpente la terre ensoleillée
libre
et
normale

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Pourquoi n’allez-vous pas à Londres ? écrit par ANN B
interprété par Ann et Erin
d’après un texte de René Cadou
https://www.ateliersorsini.com.au/rene_cadou

-Pourquoi n’allez-vous pas à Londres ?
- Mais j’aime Sydney, et elle n’est pas si sombre !

-La ville est célèbre et pleine de traditions
- Mais maintenant ici nous sommes une nation !

Jene suis plus malade de la rose anglaise
Et le parfum des fleurs de mimosa m’apaise

-Les soldats là-bas ont des bonnets à poil

- Mais ils ne savent pas distinguer le bien du mal !

Notre ville magnifique avec son histoire aborigène 
Et l’humanité existant avant l’ère chrétienne 

Vous dites que voyager ouvre l’esprit
Mais le rêve de voir le monde à moi me suffit

-Tu mourras d’ennui à Sydney, sans style ni culture 

- Mais le soleil les plages le bonheur sans mesure

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Joy, écrit et interprété par ANN B
d’après un texte de Brassens
https://www.ateliersorsini.com.au/georges-brassens

Chez Joy, la Joy
Sa maison ouverte est un havre de détente,
Pour une enfant unique, souvent solitaire.
Elle est une cuisinière douée…
Ses recettes sont délicieuses,
Elle est une tante affectueuse….

Chez Joy, la Joy
Tout le monde admire sa bonne réputation…
Et son talent de couturière.
Sa maison pleine de fleurs et de livres
Et beaucoup d’amis qui partagent les vivres.
Chaque dimanche ses copines jouent au bridge…

La Joy, chez Joy
Elle est joyeuse par son nom et par nature…
Elle est la meilleure confidente.
Toujours sage, rarement critique.
Toujours à la mode, avec un style magnifique.
Une campagnarde, elle a confiance en elle.

La Joy, chère Joy
Comme une femme autodidacte, sans éducation,
Elle découvre la lecture et sa fascination.
Elle adore la mythologie grecque,
Et les romans historiques.
À cause de la guerre elle est pacifiste.

La Joy, la Joy
Elle aime le ballet et aussi l’opéra.
Elle a assisté au Ballet Russe
À Sydney avant la guerre, c’est une idylle.
Nous assistons à beaucoup de shows ensemble.
Je sais que jusqu’à la fin, elle aime le vin et un bon repas.

Chère Joy, chère Joy
Comme Cendrillon elle a une sœur moche…
Je suis la cible de sa critique.
Avec moi la sœur est cruelle et dure.
Face à elle, Joy reste mon sauveur,
Toute ma vie, mon soutien et mon alliée…

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C’est du gâteau, écrit et interprété par MARGARITA
d’après un texte de Raymond Queneau
https://www.ateliersorsini.com.au/raymond-queneau

Un hippie vieillissant
avec une tresse et boucle d'oreille,
buvant de l’eau de sa bouteille
se tenait dans la file d'attente
dans une pâtisserie bondée de prendre quelque chose de doux
une tourte ou tarte, des petits fours ?
Il aperçus une tranche glacée.
Hélas la femme debout devant
choisit cette pièce pour acheter.
Il restait un croissant ennuyant.
C’est la volonté de Dieu, murmura-t-il
prenant une bouchée au dehors
où un chien le mordit à la cheville

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La feuille, écrit et interprété par ERIN GABRIELLE
d’après un texte de Francis Ponge
https://www.ateliersorsini.com.au/francis-ponge

La
feuille
se révèle
graduellement,
du nodule é-merge-ant
sur la tige, du point à peine
perceptible, une bosse pousse, grossit,
explose, explore, s’étend, se déplie, s’aplatit,
et, peu à peu, atteint … enfin … sa dimension définie.
Virile, verte, pleine de sève, vertèbres rayonnant de la ligne
centrale, elle nous offre, avec ses sœurs innombrables,
ombre, abri et vêtements pour toute créature…
couvrant la honte du pauvre Adam !
Mais aux vents froids d’automne,
elle soupire, susurrant
le chant désolé
des feuilles
mortes.

C’est la chute ! Ayant été exposée au vent et au soleil,à la pluie et à la gelée, la feuille
jaunit, sèche et se détache, flottant, tombant, retournant, sans résistance, à la terre, à la
poussière, au royaume des vers, d’où elle embaume l’atmosphère. Ce cycle setermine.