Poésie entre amis

Sunday 14 July, 2-4pm

The Watch House, 179 Darling St, Balmain

In conjunction with her solo exhibition PEREGRINATIONS at the Watch House in Balmain, and to celebrate Bastille Day, Rita Orsini has curated a public program, free and open to all.

On Sunday 14 July, Orsini holds a poetry-reading afternoon in English and in French (2-4pm). Participants read texts of their own composition or from other authors.

Most texts presented in French were written by participants who attended the course 'Lire et écrire' at Ateliers Orsini. During that course, inspired by French-speaking writers, students analysed the style of an author and reflected on what made that style unique: punctuation, rhymes, alliteration, nominal sentences, short sentences, alexandrines, slam… Participants then composed their own stories in French, following the same style constraints.

All texts are published with the permission of the participants.


Night sky

As I lay lost in a dream I heard my loves gentle voice,
Whisper my name, and my body rose.
I searched for her while still in a peaceful slumber,
Floating and weightless, so high don’t ever want to come down.

With the grace of a dove I become one with the beauty of a night sky.

Through a cloud I saw a light shone a-bright,
It led me directly to her.
We danced with angels in gods own playground,
And we gathered stars and filled our hearts with precious dazzling light.
A solemn song, fell from her lips,
As I dropped from the night towards the satire of day.
Morning brought nowhere to hide,
I’m on top of the spiral again.

When will there be an unbroken night,
Where the sharpness of day becomes smooth and matte,

Where there’s sounds unlike anything before,
And we seize the night and drift without end.

BY VALERIOS  CALOCERINOS

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Travelled Toothpaste Tubs

A piece of porcelain
from a toothpaste tub,
dug from under paving bricks
from the age Victorian,
in the courtyard
of a Sydney terrace house.
Scratching off the soil
reveals the writing:
“Coswell and company,
London, patronised
by the Queen”
This paste was brushed
on teeth around the world,
on land and at sea.

Was it used aboard a ship
named for her stupendous size?
Did some who sank with her,
upon their final
take of air, have fresh breath?
Sparkling white bright teeth
in their last few moments?
And could some tubs of Coswells
be residing undersea
in mid Atlantic?
And under soil
in Sydney backyards,
in pieces or intact?

And could the contents
have kept up healthy teeth
for those who went on
to face a horrid war
half a world away?
And which those who perished
on the floating juggernaut
at least were spared from,
and which survivors
could not foresee –
just like that iceberg

BY MARK MARUSIC

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An extract from St.-John Perse's Chronique

BY MATTHEW DEL NEVO

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La luna asoma

by Federico Garcia Lorca

Cuando sale la luna
Se pierden las campanas
Y aparecen las sendas
Impenetrables

Cuando sale la luna
El mar cubre la tierra
Y el corazón se siente
Isla en el infinito

Nadie come naranjas
Bajo la luna llena
Es preciso comer
Fruta verde y helada

Cuando sale la luna
De cién rostros iguales
La moneda de plata
Solloza en el bolsillo

BY RICHARD HATTERSLEY

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SONNET 18 

by William Shakespeare

Shall I compare thee to a summer’s day?
Thou art more lovely and more temperate.
Rough winds do shake the darling buds of May,
And summer’s lease hath all too short a date.
Sometime too hot the eye of heaven shines,
And often is his gold complexion dimm’d;
And every fair from fair some time declines,
By chance, or nature’s changing course, untrimm’d;
But thy eternal summer shall not fade
Nor lose possession of that fair thou owest;
Nor shall Death brag thou wand’rest in his shade,
When in eternal lines to time thou grows’t:
So long as men can breathe or eyes can see,
So long lives this, and this gives life to thee.

En français

Te comparerais-je à un jour d’été ?
Tu es plus aimable et plus tempéré.
Les vents violents font tomber les tendres bourgeons de mai,
Et le bail de l’été est de trop courte durée.
Tantôt l’œil du ciel brille trop ardemment,
Et tantôt son teint d’or se ternit.
Tout ce qui est beau finit par déchoir du beau, dégradé,
Soit par accident, soit par le cours changeant de la nature.
Mais ton éternel été ne se flétrira pas
Et ne sera pas dépossédé de tes grâces.
La mort ne se vantera pas de ce que tu erres sous son ombre,
Quand tu grandiras dans l’avenir en vers éternels.
Tant que les hommes respireront et que les yeux pourront voir,
Ceci vivra et te donnera la vie.

BY PETER NEALE
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Le Pont Mirabeau

by Guillaume Apollinaire

Sous le pont Mirabeau coule laSeine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restonsface à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

L’amour s’en va comme cette eaucourante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Passent les jours et passent lessemaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

BY PETER TEMPLETON

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L'Eternité

by Arthur Rimbaud

Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'Eternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.

Ame sentinelle,
Murmurons l'aveu
De la nuit si nulle
Et du jour en feu.

Des humains suffrages,
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon.

Puisque de vous seules,
Braises de satin,
Le Devoir s'exhale
Sans qu'on dise : enfin.

Là pas d'espérance,
Nul orietur.
Science avec patience,
Le supplice est sûr.

Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'Eternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.

BY NORMA SHANKIE-WILLIAMS

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C’était une belle exploitation minière

inspired by Aimé Césaire

Il n’y a pas à dire :c’était une belle exploitation minière …

Les hommes d’affairesavides, avides, avides
nous ont incité à développer
à redévelopper
à développer encore plus
à tout prix
pour s’enrichir.

C’était une belleexploitation minière …

Le résultat ?
Le monde naturel est en passe de s’écrouler sous le poids de la destructionhumaine. Les récifs de corail ont blanchi à cause de l’acidité des océans. Lasécheresse a dévasté l’Afrique, la Chine, l’Australie. Il estdevenu plusdifficile de cultiver les céréales et les graminées. Les rivières ont tari. Lesmillions de refugiés ont erré sans but jusqu’à ce qu’ils trouvent unehabitation, un repas.
Un bilan sidérant de la domination de l’homme sur les bêtes et sur la terre,qui se vit depuis la Révolution industrielle.

C’était une belleexploitation minière…

Vivons dans la simplicité!
interdisons l’exploration du gaz de schiste
défendons le défrichage de la terre – soit sauvage, soit cultivée
faisons couler les paquebots du monde
abandonnons l’usage des pesticides et des produits chimiques dans nos fermes etnos jardins

Et abandonnons cettebelle exploitation minière …

Rêve d’une terre biennourrie et saine Les rivières limpides Les océans scintillants et miroitants Legazouillement des oiseaux L’odeur de la pluie
Je dis oui ! Nous pouvons remettre le monde en état
Ensemble, de bon gré
Créatif
Et
Résolu

BY ROSE CHENEY

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Les deux petits cochons 

inspired by Françoise Sagan and Jean de la Fontaine

Ayant passé toutl’été
A construire un fort foyer,
Le cochon prudent était protégé
Face à toute adversité.
Son large toit de jolies tuiles
Son plancher poli à l’huile
Ses portes en fer, murs renforcés
Sa base solide comme un rocher.
Une forteresse, ô imprenable,
C’était un fait irréfutable.

Son voisin, lejeune cochon
Avait passé la belle saison
A manger de la volaille…
Il bâtit en vieille paille
Une hutte branlante, vraiment fragile,
Une porcherie son domicile,
Infestée de poux
Et ouverte aux loups…

Quand le louparriva, soufflant et haletant,
Le cochon prudent buvait le vin de sa vigne,
L’autre cochon chantait son chant du cygne.
En écoutant ce conte connu,
Ce cochon imprudent disparut. Dévoré probablement…

BY ERIN GABRIELLE WHITE

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Sarah et Millie

Permettez-moi de me présenter : je m’appelle Millie Millie Milou. Malgré ma réticence naturelle et ma modestie innée, j’ai été persuadée par mes très chères amies, Sarah et Erin, de publier ces humbles mémoires. Je les ai aidé à transcrire ma langue canine en leur langue humaine, dans ce cas, le français. Naturellement, vous prendrez en considération les limitations de la langue humaine et qu’elle ne peut pas reproduire l’esprit, l’énergie et la puissance de mes aboiements et grognements toujours livrés avec brio.

6. Milou no. 5
J’étais enchantée de mon parfum puissant de lézards morts qui émanait de mon pelage magnifique. Maman a reniflé l’air avec soupçon au moment où je suis sortie par la porte. « Quelle puanteur ! », a-t-elle crié, les narines frémissantes. Maman a le nez presque aussi fort que le mien. J’ai entendu le mot le plus redouté de mon lexique considérable : « Bain ». Un bain ??? Bah ! Mais ma fragrance ensorcelante, Milou No 5 ! Je me suis sauvée dehors vers mon buisson favori, mon abri caché. Mais un jet d’eau m’a frappé le derrière ! Bah dis donc ! Les êtres humains sont tellement mal élevés. Ils n’apprécient rien. Mais après ça je sentais le lézard pourri plus poil mouillé. Quelle odeur délicieuse !

That brings us to end of this peak into Millie’s fantastic life. Thank you for listening and as Millie would say; ‘Ouah, ouah à la prochaine fois.’

PAR SARAH YOUNG

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Pour Marianne

inspired by Paul Verlaine
 
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville
C’est une profonde douleur
Qui pénètre mon cœur.
 
T’étais là, mon amie
Avec sourires et conseils
Pour toute ma vie
T’étais là, chère amie.
 
Il tambourinait mon cœur
Quand on jouait de la musique
Il n’y avait pas de longueur,
Que de la joie dans nos cœurs.
 
Ton chemin était dur
Et depuis ton enfance
Tu t’es battue tout autour
De jour en jour, chaque jour.
 
On partageait toutes nos joies
Et combattait tant de mal
Mais ton chemin, cette fois,
Ne t’a pas laissé le choix.
 
Il pleure dans mon cœur
Mes larmes coulent et coulent
T’étais comme une sœur
Pour mon âme et mon cœur.
 
C’est bien la pire peine
Et je sais bien pourquoi :
La fin de ta vie laisse la mienne
Plein de larmes et de peine.

BY MARIE-LOUISE BETHUNE, read by LYN

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Petit Village 

inspired by Gaël Faye

[Refrain]
Petit village
Petit havre
Loin des soucis quotidiens
Paix inoubliable
Petit village
Petit havre
De paix

Je me remémore notre vie dans la petite maison modeste à côté de la rivière,
L’Aumance scintillante au matin, un péage gratuit pour des centaines de canards.
Au crépuscule, un lieu mystérieux, presque saint dans sa solennité,
Où les ombres des arbres deviennent des âmes ressuscitées
Qui errent un peu partout en cherchant leurs vies anciennes.
La nuit descend et soulagées par le plouf d’un poisson au milieu du courant,
Par le bruit des campeurs sur la rive opposée et l’arôme de leur cuisine,
Nous dormons souriantes en pensant aux joies du lendemain,
Où à l’aube notre voisine appellerait au ciel les corneilles,
Et ma sœur aimée et aimable mettrait son chevalet au balcon.
Un canard de barbarie tacheté atterrirait près de ses pieds.
La ville se réveillerait aux cris des enfants et aux saluts des adultes…
Au théâtre de ma mémoire, ces images de bonheur
Projettent le souvenir éternel d’un paradis sans pareil.

[Refrain]
Petit village
Petit havre
Loin des soucis quotidiens
Paix inoubliable
Petit village
Petit havre
De paix

BY CARMEL MAGUIRE

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Dis-moi les mots qui caressent l’âme

by Gaël Faye

Dis-moi les mots qui caressent l'âme pour me consoler du siècle,
Dis-moi comment fuir le vacarme pour m'exiler dans les poèmes,
Et dis-moi quelle est ma place car je crois que je suis paumé entre le vieux sage fainéant et l'ignare diplômé.
Mon Dieu pardonne-moi. Toute ma vie, j'ai péché des poissons irréels auxquels je me suis harponné,
Je ne veux pas m'aplatir, mon horizon est vertical, le seul Eden terrestre est un paradis fiscal.
L'artiste est un adulte qui crache les rêves d'un marmot, j'ai cassé ma voix par terre, des vers et des bris de mots.
Leur nez dans la poudreuse, c'est tout schuss vers l'extase, les soirs de mélancolie, je me tape que des lignes de basse.
Pourtant, je me perds, moi le triste clown entre le rap de Baudelaire et les poèmes de MF Doom,
J'ai peur d'être cynique, pessimiste ou défaitiste, d'être un chiffre, une croix, un nom sur une liste,
J'ai peur, mais je me soigne, je suis un nuage de rêves suspendus à l'orage.

BY  CAROLYN STOTT

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Le Lion et la Souris

inspired by Jean de la Fontaine

Planté surune colline
au-dessus de la plaine,
le lion secouait sa crinière
et se vantait, très fier.
« Je suis le roi de tous les animaux.»
Sa voix vibrait jusqu’au point d’eau,
un rugissement fort et beau.

Les musclesondoyants sous la peau,
Le lion revenait au-dessus
Ondulant lentement sa longue queue
avec sa touffe tout au bout.
Il entrait dans l’herbe, haute et sèche,
la couleur fauve assortie à son poil rêche,
et d’un pas silencieux,
il disparut.

Sortant deson nid,
la petite souris,
timide et grise,
nettoyait ses moustaches, en reniflant la brise.
Cherchant les graines dures,
sous l’acacia, elle se jetait dans le repaire
du lion hurlant de douleur,
avec sa patte percée d’une épine.

Mourant defaim, le lion se léchait les babines.
Mais la souris cria vite,
« Je suis trop petite.
Ne me mangez pas, moi !
Une bête si grande, comme mon roi,
ne trouverait qu’une bouchée seule,
Un petit amuse-gueule.
Mais si j’arrachais cette épine douloureuse
avec mes dents
tranchantes,
vous pourriez chasser le gros gibier
et vous vous régaleriez
de gnous, et d’antilopes délicieux. »

Ayant réussi, la souris
à toutes jambes s’enfuit.
Le lion se défila en larmes, boîtant,
il rentra, tête basse, réalisant
que ce rongeur insignifiant
le délivrait de sa détresse en un instant.
C’était le point culminant
d’un jour long … et humiliant.

La morale de cette histoire
Tout le monde a sa place sur terre.

PAR ANGELA LOW

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La famille Maher 

inspired by Jean-Baptiste Andrea

Ne fais jamais confiance aux légendes familiales, dis-je à ma petite-fille Saskia. Elle m’avait demandé de l’aider pour un projet scolaire sur notre histoire familiale, et sur l’arrivée de la famille Maher en Australie. 
Une théorie disait qu’ils venaient des Flandres, de riches marchands de linge installés en Irlande. Une autre théorie disait que la famille avait des ancêtres portugais ou espagnols. Cela pouvait expliquer les traits de visage méditerranéens. La famille affirmait qu’ils appartenaient forcément à la classe moyenne-supérieure. Ils étaient médecins, avocats, prêtres, hommes d’affaires, soldats et propriétaires terriens... 

Mais en 1997, cent-soixante ans après leur arrivée, la vérité a été révélée. Dorothy D., une cousine, a découvert que notre ancêtre, William, était ouvrier agricole, et que sa femme Honora était fille de laiterie. Ridicule, a rétorqué Saskia. La famille était choquée, surprise et plutôt déçue d’une telle révélation.

En 1835, la famille Maher avait payé cinq livres pour voyager de Cork en Irlande jusqu’à Botany Bay. Le père et quatre filles étaient morts du typhus après quatre mois de voyage sur le navire.
Timothy, notre ancêtre âgé de 15 ans s’est installé à Sydney avec sa mère et sa sœur.
Après son mariage, à 22 ans, avec Margaret Noonan de Melbourne, Timothy a commencé une carrière de tapissier d’ameublement dans la rue Pitt. Il a ensuite acquis des maisons en banlieue et des terrains dans les quartiers de l’ouest. Ainsi est-il devenu un véritable entrepreneur et une personnalité publique respectée dans la colonie. Il a été élu sept fois maire de Five Dock. Quel succès ! 

Saskia était fière de découvrir qu’elle était en effet une Australienne de septième génération. Maintenant elle pouvait terminer son projet.

PAR ANN BOOTH

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Le savon

by Francis Ponge

Si je m'en frotte les mains, le savon écume, jubile...
Plus il les rend complaisantes, souples,
liantes, ductiles, plus il bave, plus
sa rage devient volumineuse et nacrée...

Pierre magique !
Plus il forme avec l'air et l'eau
des grappes explosives de raisins
parfumés...
L'eau, l'air et le savon
se chevauchent, jouent
à saute-mouton, forment des
combinaisons moins chimiques que
physiques, gymnastiques, acrobatiques...
Rhétoriques ?

Il y a beaucoup à dire à propos du savon. Exactement tout ce qu'il raconte de lui-même jusqu'à la disparition complète, épuisement du sujet. Voilà l'objet même qui me convient.

Le pain

La surface du pain est merveilleuse d'abord à cause de cette impression quasi panoramique qu'elle donne : comme si l'on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes.
Ainsi donc une masse amorphe en train d'éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s'est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses... Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, - sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente.
Ce lâche et froid sous-sol que l'on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les unes des autres, et la masse en devient friable...
Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation.

BY YVELINE PILLER

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La Carte de Jeu

inspired by FrancisPonge

Légère, plate, douce et délicate,
Sous mes doigts tremblants
Comme la peau d’un œuf, nouveau-né,
Pleine d’espoir, avant le jeu – l’heure du combat
Le Rouge et le Noir
Et je suis verte de peur…

Mais la petite poussée
Toute verte
Dans cette forêt
Lointaine, dense et secrète,
A entendu les pas menaçants du bûcheron
Et a vu son avenir
Sans crainte, sans blêmir !
Elle a compris son destin
Devenir enfin
Cette carte lancée
Ce roi de cœur au visage si triste
Qui m’attend, lui aussi, lame à la main
Et le sort est jeté.

BY URSULA DUBOSARSKY

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Carmen 

by Theophile Gautier

Carmen est maigre - un trait de bistre
Cerne son œil de gitana ;
Ses cheveux sont d'un noir sinistre ;
Sa peau, le diable la tanna.

Les femmes disent qu'elle est laide,
Mais tous les hommes en sont fous ;
Et l'archevêque de Tolède
Chante la messe à ses genoux ;

Car sur sa nuque d'ambre fauve
Se tord un énorme chignon
Qui, dénoué, fait dans l'alcôve
Une mante à son corps mignon,

Et, parmi sa pâleur, éclate
Une bouche aux rires vainqueurs,
Piment rouge, fleur écarlate,
Qui prend sa pourpre au sang des cœurs.

Ainsi faite, la moricaude
Bat les plus altières beautés,
Et de ses yeux la lueur chaude
Rend la flamme aux satiétés.

Elle a dans sa laideur piquante
Un grain de sel de cette mer
D'où jaillit nue et provocante,
L'âcre Vénus du gouffre amer.

BY JUANITA HATTERSLEY

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Le rêve d’une chère amie 

inspired by Paul Verlaine

Je fais souvent ce rêve, le rêve d’une chère amie
Hélas ! je sens un vide, énorme dans mon cœur,
Je pleure mon amie chère qui était comme ma sœur,
Pendant soixante années, elle partage ma vie.


Scientifique célèbre au savoir érudit,
Très douée et conteuse de blagues sans peur !
Maintenant mon esprit est rempli de douleur
Même s’il y a une promesse de paradis.

Trois pelles pleines de terre sur un tombeau en hommage.
Au cours de sa bataille, elle montra son courage,
Elle égayait le monde, c’était sa vocation.

Son âme calme, est-elle libre de vagabonder ?
Dans un cercueil, en bois noir, sans décoration
Elle repose, et le rideau final est tombé.

PAR ANN BOOTH

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L’indice

inspired by Paul Verlaine

Je fais souvent ce rêve, un rêve onirique
Où je deviens cette invétérée rêveuse
Car chaque nuit, mon rêve est comme une glaneuse
Faisant de tous mes jours, une œuvre poétique.

Je le fais ? Mon Dieu, non ! Rêve mythologique,
Chef-d’œuvre de la Vie, de la Grande Semeuse,
Qui parle une langue codée et mystérieuse
D’une Voix éternelle, universelle et unique.

Je fais de mon rêve ce poème conscient
Qui, comme une belle robe, me révèle gaiement,
Qui me cache dans ces mots étonnants et étranges.

Ni anglais, ni français, ce rêve nocturne tisse
Des fils de la vierge, éphémères comme les anges ;
Un rêve sur mesure, c’est à moi d’y lire l’indice.

PAR ERIN GABRIELLE WHITE

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SLAM pour Newtown

inspired by Grand Corps Malade

J’voudrais faire un Slam
pour un endroit que j’connais depuis longtemps
j’voudrais faire un Slam
pour celui qui reconnait mes pas depuis 40 ans
j’voudrais faire un Slam
pour cet endroit bien changeant mais jamais assommant

prends le 440 le long de la grande artère
descends à l’arrêt universitaire
Parramatta Road est laid et ennuyant
Il ne change jamais malheureusement
les avions au-dessus assourdissants
Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ?

entre dans l’enceinte de l’Université
respire dans ce vaste havre de paix
les salles consacrées de ses bâtiments de grès
attends un peu sous un ancien figuier
le gazon luxuriant
les étudiants souriants
je ne me lasse jamais de tant de beauté

on arrive tout de suite devant l’hôpital
où on croise souvent des gens très sales
des pauvres gens, malades, fumeurs, tous bancals
c’est un jour quasiment normal
sous toutes ses formes, c’est l’humanité
il nous faut accepter cette réalité
c’est triste

on entend des cris tonitruants
les ambulances, sirènes et feux clignotants
il faut être tolérant, les bruits résonnent
et la queue pour la clinique de méthadone
dans la rue commence à serpenter
quelques malheureux en train de s’invectiver,
et le monde !

si on continue vers King Street
observe les appartements qui sortent de terre
est-ce qu’ils étaient là hier ?
les restos variés de toutes nationalités
Newtown Thai à $7 un plat le déjeuner
pas cher, hein ?

les arômes enivrants de Campos sont appétissants
prenons une pause et regardons les passants
personnages de toutes formes et tailles
et jusqu'à maintenant aucune racaille !
cheveux multicolores, impressionnants tatouages

si on retourne un vendredi soir
il est plus intéressant à voir
le lieu bourdonne, des gens pieds nus
musique bruyante, d’alcool bu

Ah, Newtown, lieu spécial
Newtown, toujours génial
Newtown, jamais banal

Je ne t’oublierai jamais

BY DIANNE CAMPBELL

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Carcoar 

inspired by Grand Corps Malade

(de Wikipedia)
Carcoar est une ville dans la région centrale de l'ouest de la Nouvelle-Galles du Sud.
En 2006, la ville avait une population de 218 habitants.

Je voudrais faire un slam
Sur une ville que j’adore
D’accord, d’accord,
Pas une ville exactement
Un village pas non plus
Mais alors, vas-y ! D’abord
Suis-moi dans les rues
Si tu veux connaitre
Carcoar

Peux-tu voir
Les édifices en bas ?
Comme une collection de cailloux
Jetés aléatoires ?
Ca y est, c’est ça
C’est mon amour
C’est mon
Carcoar

Écoute ! les chèvres sur la colline
Le chœur de mon cœur
Mélodique symphonique
Et en plus l’arôme faible, chevrique
Le parfum pétillant
De mon village adoré
Une flûte de champagne
En pleine campagne
Carcoar

Si tu descends l’avenue
Tu verras une église
Mais attends
Il y en a plus !
Compte-les ! Oui, il y en a quatre – même cinq
Ah, quelle liberté d’expression !
Ce ne sont pas les chèvres toutes seules
Qui chantent au bon dieu
Au ciel si bleu, miraculeux
Qui brille au-dessus de
Carcoar

Si tu approches,
Tu franchiras la porte
Quel calme colosse
Quel silence savoureux
Oui, il faut avouer,
Il n’y a personne
Dedans
Cette église si belle et irréelle
Dont la cloche dort
A Carcoar

On y va
Un tas de boutiques
Nous attendent
Une boucherie
Une boulangerie
Bien sûr un pub
« Le Grand Hôtel de la Paix »
De Carcoar

Ne sois pas timide
Les habitants seront très plaisants
Il ne faut jamais attendre
Oui, très plaisants les habitants
S’ils existaient
C’est vrai
Les magasins sont tous fermés
Abandonnés
Vides vides comme les rues
Et les grandes avenues
Belles encore
De Carcoar

Ah mais ça c’est le charme
De ce village historique
On n’entend pas de clics
De notre vie frénétique
Tout est silence
Comme un tombeau tombant
Mais ça fait longtemps
Qu’on n’a plus vu d’enterrements...
Et je crois,
Il n’y aura plus de morts
A Carcoar

Ah ! Carcaor
Village d’or
Que j’adore
J’implore
Carcoar
Reste fort
Et courageux
Toujours et encore
Ma joie
Mon cœur
Mon corps
Mon
Carcoar….

PAR URSULA DUBOSARSKY

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Les feuilles mortes

by Jacques Prévert

Oh, je voudrais tant que tu tesouviennes
Des jours heureux où nous étions amis
En ce temps-là, la vie était plus belle
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui

Les feuilles mortes seramassent à la pelle
Tu vois, je n'ai pas oublié
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Les souvenirs et les regrets aussi

Et le vent du Nord les emporte
Dans la nuit froide de l'oubli
Tu vois, je n'ai pas oublié
La chanson que tu me chantais

C'est une chanson qui nousressemble
Toi tu m'aimais, et je t'aimais
Nous vivions tous les deux ensemble
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais

Mais la vie sépare ceux quis'aiment
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis

La, la, la, la...

Mais la vie sépare ceux quis'aiment
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis

BY JOHN NICHOLLS

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