Molière

Textes composés par les étudiants
du cours ATELIER DE LECTURE ET ECRITURE CREATIVE,
inspirés par 'Le bourgeois gentilhomme' de Molière.

Pamela et la porcelaine de Sèvres

Pamela décide de perfectionner son élocution et son accent pour parler de chacun de ses plats afin d’impressionner ses convives quand elle parlera de la cuisine française. Elle engage un professeur de français qui va lui enseigner les rudiments de la prononciation française.

Prof : Dites-moi, madame, que voulez-vous que je vous apprenne ?
Pamela : Je veux connaître la prononciation exacte pour quelques plats français. Veuillez-vous de la tisane, importée de France ?
Prof : On doit dire : voulez-vous une tisane, madame. Je ne prendrai pas de tisane, merci. Nous n’avons pas le temps.
Pamela : Mais remarquez donc mes tasses à thé en porcelaine de Sèvres.
Prof : Oui, c’est joli, mais j’ai remarqué que votre prononciation du ‘r’ dans ‘Sèvres’ doit être améliorée. On ne frise pas la langue qui doit rester immobile ; le son est fait par une vibration des cordes vocales et on entend l’air passer sur l’arrière. rrrrr
Pamela : Ah, je vais préparer la Bouffe Bourrrguer et je vais rouler le ‘r’ comme vous me l’avez conseillé, rrrrr
Prof : Vous allez préparer un burger de ….. .?
Pamela : La bouffe. Pas ces burgers américains pour mon repas français, jamais ! Beurk !
Prof : Ah, donc… vous voulez parler… de bœuf…. bourguignon ?
Pamela : Ah oui, c’est ça, Bouffe Bourrrguerillan.
Prof : Bœuf, bœuf, madame. C’est la diphtongue, o plus e, prononcée comme un seul son. Les lèvres arrondies, la bouche presque ouverte. Vous pouvez la prononcer comme dans ’beurk’. La ‘Bouffe’ cela signifie la nourriture.
Pamela : Ah oui, il y a un restaurant ‘La Grande Bouffe’, où on va tout le temps. Est-ce que vous y êtes déjà allé là ?
Prof : Non, madame. Peut-être connaissez-vous la région de Bourgogne en France ?
Pamela : Oui, bien sûr – nous étions à Bourrrguerillan l’année dernière. On a acheté du Sèvres là-bas. Un ensemble complet.
Prof : Bour-gui-gnon Madame ! On, on, Madame ! L’air passe par la bouche et par le nez…. ‘‘on’ ‘on
Pamela : Que c’est mignon ! on…on… Oh, le dessert est…
Prof : (regardant son montre) Oh, est-ce déjà l’heure ? Excusez-moi, je dois filer. Au revoir, Madame ! (il sort vite)
Pamela : J’adore sa moustache…

PAR MARGARITA

-

La leçon

Julien, un jeune acteur, parle très bien le français mais il voudrait améliorer la prononciation de certains sons. Il a l’intention d’auditionner pour un rôle dans une pièce de théâtre. On lui a recommandé une prof de français pour l’aider. On lui a aussi dit que cette Madame Menton était un véritable tyran !

MM – On commence tout de suite, monsieur.
J – Tu peux m’appeler Julien, Madame.
MM – Non, non, non ! Absolument pas. Vous, les Australiens, vous en prenez trop à votre aise. Nous nous vouverrons, s’il vous plaît. En général, votre connaissance de la langue française est bonne mais vous avez raison, certains sons sont discordants. Il vous faut les bien travailler. Nous commencerons avec les sons õ et ã. Donc, répétez après moi : les sons des onze violons sont bons.
J – Les sons des onze violons sont bons. C’est trop facile !
MM – C’est à moi de décider si c’est facile, Monsieur. Encore une fois et cette fois, articulez bien en arrondissant les lèvres : O, O, O. Votre bouche doit être presque fermée avec la langue en arrière.
J – Je n’ai pas le temps pour tout ça ! O, O, O, les sons des onze violons sont bons.
MM – Non, non, non. Faites un effort ! L’autre son est ã, comme en pantalon, sandales et manteau. Cette fois, les lèvres sont légèrement arrondies, la bouche bien ouverte et la langue un peu en arrière. Répétez après moi : un pantalon blanc, un manteau blanc.
J – Je dois vraiment ? Un pantalon blanc, un manteau blanc. Voilà !
MM – Chez vous ce soir, je voudrais que vous vous regardiez dans le miroir et que vous pratiquiez ces deux sons.
J – Non, je me sentirais stupide. Mon manteau blanc, ton manteau blanc, son manteau blanc,
MM – Vous m’avez dit que vous alliez auditionner pour un rôle bientôt. C’est pour quelle pièce de théâtre ?
J – C’est une pièce de Molière, Le Bourgeois gentilhomme. Vous la connaissez ?
MM – Sans doute ! Tous les Français et les Françaises la connaissent. Et elle sera en français ?
J – Oui. Il faut que je réussisse car je voudrais faire une bonne impression sur le metteur en scène.
MM – Il se leurre ce garçon (dit-elle à voix basse). Nous nous verrons chaque jour pendant une semaine. En attendant, pratiquez, pratiquez, pratiquez.
J – Elle ne s’intéresse qu’à mon argent, cette dame (chuchote-t-il). À demain Madame.

Il sort en chantant – Menton, menton, tyran, tyran….

PAR DC

-

Mademoiselle Sait-tout

Mademoiselle Sait-tout décide de perfectionner son élocution afin d’aller pour la première fois à Paris où elle compte passer son temps à faire du shopping pour des marques de luxe. En attendant, elle a appris le français sur l’internet. Elle engage Monsieur Patient, un professeur de français, qui va lui enseigner les rudiments de la prononciation française.

Monsieur Chène : Commençons par la prononciation des lettres de l’alphabet…
Mlle Sait-tout : Mais non, je sais déjà l’alphabet, cela n’a rien à voir avec le shopping.
Monsieur Chène : Plus tard nous pouvons passer au vocabulaire lié plus directement au shopping mais, d’abord, il faut maîtriser plusieurs sons qui sont difficiles à prononcer pour les anglophones. Par exemple, la lettre “r”, telle qu’elle est utilisée par les anglophones, n’existe pas en français et…
Mlle Sait-tout : Quoi ? Bien sûr que la lettre “r” existe en français ! Regardez sur cette page ! Vous la voyez ? Ici et là…et là ?
Monsieur Chène : Je veux dire que la prononciation n’est pas du tout pareille. Ecoutez. Rrrr, Rrrr, Rrrr. Rouge. Rose. Air. En revanche, on prononce ces mots en anglais comme “rouge”, “rose”, “air”. La “r” française vient du fond de la gorge, comme un son du gargarisme. Essayez.
Mlle Sait-tout : Oui, je l’entends bien. Aah, aah, aah, aah….
Monsieur Chène : Ouvrez la bouche un peu plus et gardez la pointe de la langue derrière les dents inférieures.
Mlle Sait-tout : Ah, ah, ah, ah….
Monsieur Chène : Faisons un exercice. Étape 1: grognez comme un chien en colère.
Mlle Sait-tout : Grrrr, grrrr, grrrr…
Monsieur Chène : Parfait. Étape 2: haussez les épaules, respirez, et poussez un soupir.
Mlle Sait-tout : hoooo, hoooo, hoooo…
Monsieur Chène : Très bien. Maintenant il faut mettre la pointe de la langue derrière les dents inférieures. Laissez-la s’y reposer naturellement. Très bien. Maintenant il faut faire les deux ensemble : grognez comme un chien et poussez un soupir, la langue en position.
Mlle Sait-tout : Aah, aah, aah, aah…
Monsieur Chène : Pas exactement. Encore une fois.
Mlle Sait-tout : Ah, ah, ah…Attendez! Tout cela est une perte de temps! Il n’y a pas de “r” dans les mots Chanel, Vuitton, Lancome, Lanvin, Givenchy…
Monsieur Chène : C’est vrai, mais cette lettre se trouve au début, au milieu, et à la fin de Rocha, Hermès et Dior.

PAR CM

-

Bruce

Bruce décide de perfectionner son élocution afin de rencontrer une jeune fille française qui lui semble être un cadeau des dieux. Il engage un professeur de français, Jean-Marc Pompidou, qui va lui enseigner les rudiments de la prononciation française.
Professeur de français – Que voulez-vous donc que je vous apprenne ?
Bruce – Je cherche à parler aussi bien que possible pour me faire passer pour un Français.
Professeur de français – Eh bien, pour ça, il est nécessaire d’acquérir une exacte connaissance de la nature des lettres et de la différente manière de les prononcer toutes – les voyelles et les consonnes.
Bruce – Les voyelles, Ok, mon vieux – mais nous, les Australiens, ne sommes pas totalement sauvages, nous savons prononcer les consonnes comme le reste du monde civilisé.
Professeur de français – Bien sûr, Monsieur, mais il y a une difficulté minuscule avec le son R en français, par exemple.
Bruce – Tu veux dire le « ah » de ”rat” – pas de problème !
Professeur de français – Il y a un petit problème. En français, quand on prononce le son R , on doit faire passer l’air sur l’arrière relevé de la langue , avec la pointe de la langue immobile , en bas. Pratiquez maintenant, dites après moi – ara, arabe, arôme, arranger, arrête. . . Pourquoi ce silence ?
Bruce – Je ne veux pas parler d’une manière extrême – avec la bouche presque ouverte et les lèvres qui battent comme les ailes des oiseaux.
Professeur de français – En Australie, est-il peut-être interdit d’ouvrir la bouche et de bouger les lèvres en parlant ? Pour produire le son R en français, un bref battement de la luette est aussi nécessaire.
Bruce – Un bref battement de quoi ? Je ne connais pas l’existence de cette chose, une « luette » qui vit dans ma gorge – comment doit-on faire battre un organe dont la location reste un mystère ?
Professeur de français – Alors, vaut-il mieux commencer par une voyelle ?
Bruce – Je suis prêt à apprendre tous les cinq voyelles – A E I O U.
Professeur de français – A E I O U ne sont que les noms des lettres, les sons des voyelles sont plus nombreux et beaucoup plus compliqués.
Bruce – Ah, mon vieux – je ne le crois pas – montre-moi deux de ces voyelles si compliquées – et laisse- moi décider la difficulté. Si je voulais dire à une jeune fille qu’elle était mon ange, où se trouvent les voyelles difficiles ?
Professeur de français – Vous avez choisi deux exemples excellents ! il y a des différences très fascinantes entre les deux voyelles dans les mots « mon » et « ange ». . .
Bruce – Quelle différence ? – pour moi, les sons sont identiques.
Professeur de français – Pour vous, peut-être – Je suggère que, pour la voyelle dans ”mon”, on doit arrondir les lèvres, avec la bouche presque fermée et la langue en arrière : pour dire « ange », essayez d’arrondir les lèvres légèrement, ouvrez bien la bouche, avec la langue un peu en arrière.
Bruce – Sans blague, mon vieux ! Je veux parler la langue, pas d’apprendre une gymnastique faciale.
Professeur de français – Est-ce possible, Monsieur, que la créature céleste que vous désirez peut-être ne mérite pas ces travaux d’Hercule?
Bruce ­– Pas du tout – mais après tout, j’espère qu’elle craquera devant mon accent australien.

PAR CARMEL MAGUIRE

-

Le cours de prononciation

Jane décide de perfectionner son élocution afin d’être bien comprise par les Français, en particulier en France. Elle engage un professeur de français qui va lui enseigner les rudiments de la prononciation française.
C’est un homme à la hauteur de la situation, qui se présente en costume trois-pièces et cravate. Comme tous les professeurs de français, il a été bien éduqué. Mais ce monsieur a l’air d’être trop pointilleux.

L’étudiante, au contraire, est une femme timide et docile, presque soumise. Elle s’inquiète de se trouver seule devant cet homme si cultivé et érudit.
Professeur : Alors, on va commencer avec la lettre « r » et sa prononciation particulière. Mettez-vous debout, toute droite, devant moi. Ouvrez la poitrine. Doucement, doucement … Et ouvrez la bouche. Faire vibrer les cordes vocales.
Jane : Aagh, aagh
Professeur : Est-ce que vous entendez l’air passer sur l’arrière relevé de la langue ? Vous remarquez un bref battement de la luette ? Laissez la pointe de la langue immobile en bas.
Jane : rrrrrrrr
Professeur : Encore une fois. Pratiquez ces mots : « rusé » « droit » « arrêt » « partout » « mer ».
Jane : Les sons sont différents selon leur placement dans un mot : soit au début, soit entre deux voyelles par exemple. Ce n’est pas évident.
Professeur : Essayez deux virelangues : « trois tristes tigres » et « un gros grain d’orge ».
Jane : Oui Monsieur, j’essayerai de suivre vos conseils. Je veux tout apprendre avec vous.
Professeur : Alors, on va s’orienter vers quelques voyelles nasales, plutôt compliquées pour les Australiens.
Jane : Je ferai de mon mieux, Monsieur.
Professeur : On commence avec « on ». Laissez vos lèvres très arrondies avec la bouche presque fermée. Votre langue reste en arrière. Après moi : « mon » « ombre » « nom ».
Jane : « mon » « ombre » « nom ».
Professeur : Il faut que vous vous pratiquiez chez vous en disant les mots suivants : « pont » « honte » « tronc » « onze » « content », par exemple. Tous les jours ! Donc, pour finir ce cours d’aujourd’hui, on va travailler sur le son « an ».
Jane se tourne vers le professeur : Oui Monsieur, volontiers. (À voix basse : Quelle horreur, je suis épuisée !)
Professeur : Regardez-moi. Ma bouche est bien ouverte, vous voyez, mes lèvres légèrement arrondies. Je laisse ma langue un peu en arrière. Prononcez le mot « sans ».
Jane : « sans » « sans »
Professeur : Encore une fois.
Jane : « sans »
Professeur : Et continuez avec « quand » « chanter » « pantalon » « planche ».
Donc, à demain Madame. Travaillez bien votre prononciation devant le miroir.
Jane : Merci mille fois Monsieur. À demain. (À voix basse : Trois tristes tigres – quand est-ce que j’utiliserai une telle phrase à Paris ??).

PAR ROSE CHENEY

-

Le jeune Australien sophistiqué

Un jeune Australien, Monsieur King, a besoin d’acquérir une éducation raffinée et sophistiquée pour accéder à un poste dans une grande maison qui produit du champagne. Il engage un professeur français d’une grande école qu’il espère va lui enseigner les manières et le fondement d’une belle élocution.

Monsieur King et le Maitre

MAITRE : Quelle est la raison pour laquelle vous m’engagez ?
KING : Pour que vous m’appreniez l’orthographe et les manières d’un homme sophistiqué
MAITRE : Pourquoi ?
M KING : Je veux trouver un bon travail avec une grande maison qui produit du champagne et les autres candidats ont tous des familles aristocrates et une bonne éducation.
MAITRE : J’accepte avec plaisir. Nous commencerons avec la langue et la prononciation précise selon le style d’une grande école pour accéder à un échelon supérieur. Pour commencer, je vais vous dire quelle est la lettre qui démontre la classe sociale et la connaissance de la langue française. C’est la lettre ‘R’ .
M KING : OK, mon homme !
MAITRE : Ne dites pas cela….. c’est trop familier et pas français. Maintenant pour la lettre R, ouvrez la bouche un peu et utilisez la langue et la gorge. Le son est profond et vibrant. La pointe de la langue reste en haut et vous faites vibrer la gorge.
M KING : arrr… comme ça ?
MAITRE : Non, non, non, votre voix est faible. Écoutez-moi! Le R R R vibre comme la voix d’un lion.
M KING : GRRRRR ! (Il ouvre sa bouche très grande et lève les bras comme un chat)
MAITRE : Non, monsieur ! Le R R fait vibrer le son plus en arrière dans la bouche.
M KING : R R R … ah ! c’est cooool mon vieux !
MAITRE : Un peu mieux, s’il vous plait, et un peu plus de respect et laissez tomber le mot ‘cool’. La prochaine lettre, le A ; pour former cela, on ouvre grande sa bouche. La différence entre le A et le R est de très grande importance.
M KING : A A A cool ! désolé ….comment ça ?
MAITRE : C’est bon, répétez. Mais, pour rencontrer la compagnie, votre comportement manque de formalité pour le poste dont vous avez envie. Vous avez besoin d’envergure. Asseyez-vous plus droit. Vos vêtements sont comme ceux d’un surfer, et vos chaussures sont indescriptibles.
M KING : OK mon vieux! Je m’achèterai un nouvel ensemble aujourd’hui.
MAITRE : Demandez au vendeur une bonne marque, mais une marque classique. Et une dernière petite chose, votre nom King est un peu bourgeois, et trop anglais. On démonstre sa classe avec l’ajout d’un petit ‘de’. Cette petite particule en dit long, vous savez.
M KING : De King !!! Ça ne marche pas, ça ressemble à un nom de la mafia !!!
MAITRE : En fait, mon conseil est de changer votre nom à ‘du Roi’. C’est la même chose mais ainsi vous accédez immédiatement à la classe supérieure française.

PAR JK

-

La Leçon de Ponctuation

Ayant passé plusieurs semaines à apprendre l’orthographe, le Bourgeois Gentilhomme, Monsieur Jourdain, est prêt, avec l’aide du Maître de Philosophie, à écrire son billet à la belle marquise.

Maître de Philosophie – Votre message reste toujours le même, Monsieur ? Vous n’avez point changé d’avis ?
Monsieur Jourdain – Non, non, non. Je ne veux que ces seules paroles. Au nom de Dieu, dépêchez-vous !
Maître de Philosophie – Je me presse, mais pour prendre cette matière au sérieux, on doit développer une exacte connaissance de la ponctuation. Autrement, le sens de vos mots peut être mal interprété. Vous ne voulez point envoyer à la belle marquise une insulte au lieu d’une déclaration d’amour, une menace au lieu de…
Monsieur Jourdain – Grands dieux ! Non ! Qu’est-ce que c’est, cette ponc-tu-ation ?
Maître de Philosophie (d’une voix rapide et monotone) – La ponctuation est un système de signes graphiques utilisés pour indiquer les pauses, les arrêts, les inflexions, les modulations, les sens…
Monsieur Jourdain – Oui, oui, oui, mais pourquoi…
Maître de Philosophie – … les questions, les exclamations, les mots étrangers, les mots argotiques, les citations, les interjections, les jurons, les…
Monsieur Jourdain – Mille millions de mille malheurs ! Arrêtez! Combien de ces sacrés signes y a-t-il ?
Maître de Philosophie – Eh bien, dix : le point, le point-virgule, le point d’interrogation, le point d’exclamation, les deux-points, les points de suspension…
Monsieur Jourdain – Point, point, point ! Mais quels points disent « mourir d’amour» ? Et point le contraire ?
Maître de Philosophie – Votre billet ne nécessite qu’un point, à la fin, pour indiquer que votre message est fini. Ou, peut-être, trois petits points pour indiquer que l’affaire n’est pas finie…
Monsieur Jourdain – Comment ? Seulement trois petits points ! Un, deux, trois, et je suis au septième ciel ! O bonheur éternel ! Quelle belle chose ! Qu’elle soit donc bénie, la Ponctuation !

PAR ERIN GABRIELLE WHITE

-

Dialogue

Odile Lafitte, étudiante d’archéologie, avait toujours rêvé de sortir de sa classe sociale inférieure, de gravir l’échelle sociale pour atteindre un milieu qu’elle considérait socialement plus élevé. Sa belle allure lui conféra cette place lorsqu’elle se maria avec un Marquis. Mais tout d’un coup, elle fut plongée dans le désespoir, consciente des regards méprisants des personnes qui l’entouraient dans ce nouveau milieu, quand elle parlait. Elle fit appel à Monsieur Pincenez, professeur de civilisation française, renommé pour ses cours privés d’etiquette.

MONSIEUR PINCENEZ : Je me réjouis que vous ayez choisi de me faire confiance.
ODETTE LAFITTE : Hum,…. oui, je sais pas où commencer…. hum, alors, je pense que je voudrais perfectionner mon élocution. Je bafouille sur les mots, je voudrais être acceptée dans le milieu où je me trouve.
MONSIEUR PINCENEZ : Mais bien sûr. L’intérêt de maîtriser l’art de la conversation, c’est un formidable moyen de captiver les gens. Mais bien sûr, Il faut une organisation rigoureuse de l’entrainement.
(Ses pupilles dilatées n’échappèrent pas au regard d’Odile.)
ODETTE LAFITTE : Euh, hein, ça veut dire ?
MONSIEUR PINCENEZ : Vous avez bien choisi. Mais il faut commencer avec les sons, étape par étape. Comme cela, avec moi, vous irez au sommet de l’échelle. Pour la première leçon, nous commencerons avec la consonne R .
ODETTE LAFITTE : Euh oui, prononcer le R roulé, c’est le cauchemar des étrangers.
MONSIEUR PINCENEZ : Exactement! C’est un son qui est produit par la vibration des cordes vocales au niveau de la gorge. Un son produit par un léger frottement. Pour le R final, dites un long (aaaa). Terminez par un bref recul de la langue. Allez-y ! C’est plus facile qu’il ne parait.
ODETTE LAFITTE : aaa… RRR. Ben, quoi ! pas de problèmes.
MONSIEUR PINCENEZ : Exactement! Voilà! Vous prononcez le R français. Facile, non ? Mais bien sûr, sous ma surveillance. Ensuite, voyons le son ON ! Le son on est difficile ! Quand on le prononce, l’air sort à la fois par la bouche et par le nez. Si vous trouvez cela difficile, vous pouvez commencer par dire [o] en pinçant la racine du nez.
ODILE LAFITTE : ON ON, Dis donc !
MONSIEUR PINCENEZ : Ensuite, pensez à projeter les lèvres en avant, la bouche presque fermée, comme pour donner un baiser (il présente un miroir à Odile et se perd un instant dans sa propre réflexion, ce qui n’échappa pas au regard d’Odette)
Odile projette les lèvres en avant : ON ON !
Monsieur Pincenez se donne un baiser dans le miroir. Il est tellement absorbé dans sa réflexion qu’il n’aperçoit pas qu’Odile avait quitté la pièce sans dire un mot.

PAR AMANDA

-

Le Gentilhomme Moderne

Mary Singer, une professeure expérimentée, enseigne le français dans une école prestigieuse de Sydney. A la fin de l’année, ses étudiants vont présenter une des scènes bien connue du « Bourgeois Gentilhomme » de Molière, La Leçon d’Orthographe. Pour améliorer la prononciation de ses élèves australiens, elle a engagé une personne de langue maternelle française, un certain Monsieur Hubert Joubert qui avait posé une petite annonce dans le journal local. La conversation suivante se passe à la fin de sa première séance avec les jeunes comédiens, Bruce Cameron dans le rôle de Monsieur Jourdain et Howard Hunt qui joue le Maitre de Philosophie.

Mary Singer –Ah bon, Monsieur Joubert ! J’espère que vous avez passé une heure agréable et fructueuse avec nos élèves. Bruce Cameron et Howard Hunt sont deux de nos meilleurs étudiants et ils avaient hâte de vous rencontrer. Vous avez réussi à perfectionner les sons principaux ? La lettre ‘R’, par exemple… ? C’est difficile pour nous, les anglophones…
Hubert Joubert – Difficile, Madame Singer ! Difficile ! C’est impossible ! Quand ces jeunes hommes essayent de parler français, la lettre ‘R ‘ est inaudible, elle disparait. Dans la phrase clef « mouRiR d’amouR », par exemple, il y a trois ‘R’ mais Bruce et Howard (prononcés avec un accent français exagéré) n’en disent qu’un : « mouRi d’amou ». Si vous ne savez pas prononcer cette lettre, je suggère que vous modifiez le texte pour l’éliminer. On pourrait dire, sans en perdre le sens, « s’évanouir de tendresse »… mais il y a toujours un problème. Je suggère « tomber dans les pommes d’amour »… euh, non … pas « les pommes d’amour », euh… « les pommes d’affection. » Oui, ça y est, « tomber dans les pommes d’affection ». On ne pourrait faire cela.
Mary Singer – Mais Monsieur Joubert, je proteste ! On doit respecter les classiques, et c’est vraiment un classique ! C’est Molière ! On ne peut pas changer les paroles de Molière !
Hubert Joubert – (avec les mains sur les oreilles) MoliERE, Madame ! MoliERE ! On peut voir de qui Bruce et Howard ont acquis ces mauvaises habitudes ! Vous devriez apprendre du Maitre de Philosophie : pour articuler le R, « on porte le bout de la langue jusqu’au haut du palais : de sorte, qu’étant fRôlée par l’aiR qui soRt avec foRce, elle… »
Mary Singer – Monsieur JouBERT ! Arrêtez-vous ! Vous vous égarez, Monsieur JouBERT !
Hubert Joubert – (les yeux fermés) Parfait, Madame ! Vous avez parfaitement réussi à reproduire le R français de mon patronyme, JouBERT. Maintenant, encore une fois, répétez après moi, HuBERT JouBERT. (en inclinant l’oreille vers Mary Singer)
Mary Singer- (aparté, à voix basse) Il est fou, cet HuBERT JouBERT ! Vraiment, il a l’air pervERs ! (à voix haute, poliment et fermement) Eh bien, Monsieur, il est grand temps que vous partiez. On ne peut pas perdre plus de temps à considérer le R d’un tel gentilhomme. Au revoir, Monsieur, au revoir. (Monsieur Joubert part et Mary Singer, soulagée, s’adosse à la porte fermée) Ah, Molière ! Je crois que vous venez de rencontrer notre gentilhomme moderne, Hubert Joubert !

PAR ERIN GABRIELLE WHITE

-

C’est nickel !

Christophe est un lycéen australien et étudiant en français. Sa mère décide qu’il doit améliorer son élocution en participant à un concours pour des jeunes qui ne parlent pas le français comme langue maternelle. Le but du concours, c’est de trouver le lycéen qui parle avec l’accent le plus authentique. Comme il a un accent qui écorche les oreilles, sa mère demande à un professeur de français de lui enseigner les rudiments de la prononciation française pour qu’il ne se ridiculise pas en public. Bien qu’il veuille remporter le prix, il est paresseux. En revanche, le professeur est énormément consciencieux, elle adore le français mais elle n’a pas d’expérience avec les jeunes. Cependant, elle décide de relever le défi.
Les participants doivent présenter deux virelangues de quinze mots minimum qui contiennent deux sons particuliers. Elle a choisi le R et le ON.

Professeur : C’est un plaisir de t’aider à perfectionner ton élocution, Christophe. Nous allons commencer avec le premier virelangue et le premier son, le R.
Christophe : Tout est O.K. ! Mais vous savez que je ne bosse pas dur, que je suis fainéant ?
Professeur : Pour perfectionner, il faut faire un effort. Ton premier virelangue : « La robe rouge de Rosalie est ravissante. On forme le son R avec la pointe de la langue immobile, en bas de la bouche. Ce son est produit par une vibration des cordes vocales. On entend l’air passer sur l’arrière relevé de la langue. Il y a un bref battement de la luette. C’est un peu comme se gargariser.
Christophe : Vous me demandez de décrocher la lune ! Se gargariser ? Sans eau !
Professeur : Oui, sans eau, simplement en laissant passer l’air à travers la gorge. Essaie de former le r – r, r, r, r, r
Christophe : r, r, r, r. Ah ! Oui, ça marche ! C’est une idée de génie !
Professeur : Je ne suis pas un génie, je suis professeur ! Nous allons passer au son ON pour le deuxième virelangue : « Elle est partie avec tonton, ton Taine et ton thon. On forme le son ON avec les lèvres très arrondies, la bouche presque fermée et la langue en arrière. L’air passe par la bouche et par le nez, donc le son est nasal. Essaie de former « ON » et répète les mots thon, onde, oncle, mon, ombre, onze.
Christophe : On, on, on, on, thon, onde, oncle, mon, ombre, onze. Ben oui, j’entends la nasale. C’est nickel !
Professeur : Nom de nom, mon garçon, nickel ne contient pas le son ON !

PAR KAREN BRYANT

Using Format