Michel Tournier

Textes composés par les étudiants
du cours ATELIER DE LECTURE ET ECRITURE CREATIVE
inspirés par Michel Tournier.

Les combattants du pique-nique

C’était dans la campagne aux alentours de Leura, mais le grand barrage de Warragamba, la chute d’eau à Minnamurra ou le Parc National de Lane Cove auraient aussi bien fait l’affaire pour le pique-nique du dimanche – un lieu avec un point de vue ou de l’eau. Le père conduisait l’auto, avec sa mère à côté, sa femme et les enfants – qui formaient une belle brochette coincée – sur le banc à l’arrière. Le panier à pique-nique en osier, rempli de bonnes choses pour le repas, et un gâteau fait maison, installés dans le coffre.

La location choisie, le plaid étalé par terre, le père faisait un feu pour bouillir de l’eau dans une gamelle – bien noircie par les anciens pique-niques – pour le thé. La fumée sentait l’eucalyptus. Après les sandwiches, les garçons filaient vers l’eau, lançaient des cailloux, se disputaient pour savoir qui avait jeté le plus long ricochet. Ils prenaient des bâtons pour se battre à l’épée, faisaient la guerre avec des fusils. Ils combattaient les Japonais entre les arbres. Les jeux devenaient une vraie bagarre.

J’étais la soeur aînée – presque une ado. Je restais avec les grands. Je m’asseyais à côté de ma mère sur la couverture écossaise, mais ma grand-mère faisait la moue, perchée sur le tronc d’un arbre tombé. Pas loin une autre famille avait mis une table et des chaises pliantes. Ma mère coupait le gâteau. Mon père était accroupi près du feu, et quand l’eau bouillait, il jetait une poignée de feuilles de thé dans la gamelle. Se levant, il faisait tourner la gamelle dans un grand arc de cercle au-dessus de sa tête. Ma grand-mère avait peur et le grondait, mais la force centrifuge poussait les feuilles vers le bas et le thé était versé clair dans les grandes tasses émaillées. Le lait et le sucre étaient là mais pas les cuillères à thé. Ma grand-mère se plaignait. Mon père, riant, lui donnait un petit bâton d’eucalyptus. Ils bavardaient.

J’entends :
– Comme le temps est beau mais il y a un risque de pluie plus tard.
– Ce gâteau est très bon.

Ma mère se tait mais elle est satisfaite de son dessert. Cependant je sens pour la première fois que les grands ne sont pas toujours heureux, pas toujours d’accord.
Le repas est fini, les restes du thé déversés sur le feu qui est éteint avec soin par mon père. Tout est rangé dans le coffre, les garçons rappelés. Il faut faire pipi avant le départ, mais ma grand-mère ne veut pas utiliser les toilettes publiques. Le voyage de retour est long, ralenti par la circulation, les chauffeurs du dimanche et la pluie. Il semble que ma grand-mère est de plus en plus mal à l’aise. Ma mère retrousse le lèvres mais elle ne dit rien.

Les combattants du pique-nique…..

PAR ANGELA LOW

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La gare d’Austinmer

C’était à Austinmer, au sud de Sydney, et j’avais cinq ans. Ma sœur en avait trois. Comme la plupart des familles de la petite ville de Canberra – située à trois cents kilomètres de la côte au pied des montagnes, avec une population de dix mille habitants – on prenait nos vacances annuelles à la plage. Mais faute de voiture, on réservait un wagon-lit dans le train à vapeur pour le trajet Canberra/Sydney pendant la nuit.

Je partageais la couchette du haut, avec Papa. Ma sœur dormait avec Maman, en bas.

On arrivait à la gare centrale à six heures du matin et l’odeur de la gare nous frappait avec insistance : l’odeur de fumée et de cendres. C’était l’odeur passionnante de la métropole. Il y avait toujours un orage violent – du tonnerre, des éclairs et de la pluie torrentielle – mais on devait chercher le train régional pour Austinmer. Et comme pour toutes les familles, chercher les valises, ouvrir et fermer la poussette, vérifier la présence des enfants, ça prenait du temps….

Enfin montée dans le train en route pour la plage, je me prenais à rêver : la maison qu’on loue avec les hortensias près du pas de la porte, les trous dans la terre dans le jardin dans lesquels habitent les araignées, mon maillot de bain en laine rouge, et la balançoire en corde sous le petit pont, qui oscille au-dessus de la crique.

Cependant que je me faisais ces réflexions, notre train est arrivé en gare. On a dû descendre tant bien que mal – Maman, ma sœur, nos bagages et moi – à toute vitesse. Mais le train a commencé à se mettre en route avec Papa à bord ! Quelle consternation ! Maman a commencé à hurler, ma sœur a commencé à crier et pleurer et moi, je suis restée debout sur le quai, bouche bée, sans renâcler. En mon for intérieur, je n’étais pas inquiète alors que je regardais Papa s’éloigner de la gare d’Austinmer…

PAR ROSE CHENE

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Effet de vague

C’était à la plage à Muizenberg dans le Cap, mais je suppose que cela aurait pu arriver n’importe où dans le monde. Comme d’habitude, je prenais place ce samedi à l’abri du plus grand rocher, me donnant vue sur des vagues tourbillonnantes, ensoleillées, finissant leur trajet en bulles sur le sable… Mon installation étant l’affaire d’un moment, je me sentais contente – ni trop chaud, ni trop ennuyée par la brise – le climat parfait pour composer la thèse qui m’ occupait en ce temps-là. A côté, une famille comme toutes les autres : maman avec une fillette, papa avec un fils pas beaucoup plus âgé, grands-parents mettant en place le pique-nique sur le sable. La vie se compose de tels beaux souvenirs.

En tant qu’enfant nous faisions souvent un pique-nique tout à fait comme celui que je venais d’observer. Les sandwiches et les rissoles froids ont toujours un goût encore plus délicieux mangés en plein air, et l’appétit croissait avec l’exercice…

Un cri :
– Mais regardez, les enfants sont dans l’eau jusqu’à leurs têtes
– ils vont tous disparaitre!

En larmes, la mère est distraite. Le père se lance dans l’eau. Je vois avec consternation trois petites têtes brunes alignées dans la mer plus calme derrière les vagues.

Tout d’un coup, les trois têtes sortent de l’eau – les petits corps ruisselants apparaissent, jusqu’aux genoux. L’eau subside vers leurs cuisses.

Les éclats de rire.

– Mais ils s’étaient agenouillés, les petits garnements. Quels petits monstres ! Qu’ils nous ont effrayés !

Les enfants continuent à gambader dans l’eau, inconscients de la peur qui a touché leurs proches. Je considère les effets de cet épisode sur les futures actions des parents par rapport aux aventures de leurs enfants. Quel sera l’effet de vague ?

PAR GLENDA BUTLER

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Un clou dans le cercueil

C’était au Japon dans un village le long de la vallée de Kiso – plus précisément dans la salle à manger d’un ryokan – pendant un matin printanier, frais et clair, que j’entendais pour la première fois le son d’un clou enfoncé dans mon cercueil. Provenant de l’antichambre – comme souvent, ces crises-là – oblique, fortuitement, avec désinvolture – il livrait la pourriture du doute de soi.

C’était à la fin d’une longue marche de sept jours avec un petit groupe d’étrangers le long du chemin de Nakasendo – moi, qui portais le sac à dos chaque jour entre les stations historiques où la route gravissait les montagnes en serpentant, où elle suivait les berges d’une rivière, où elle traversait des forêts. C’était la saison des cerisiers et la fin d’un hiver rude – la beauté éphémère d’une partie du cycle naturel. À la fin de chaque journée, fatiguées mais pleines d’un sentiment d’accomplissement, on pouvait aller à onsen brûlant pour se baigner – les femmes japonaises très âgées, penchées, légères comme une plume, complètement inconscientes de leurs corps nus, bavardant toutes comme de petits pinsons. J’étais heureuse et, à vrai dire, un peu fière.

Ayant pris ma retraite quelques années auparavant, j’avais décidé de prendre un autre chemin complètement différent : de me mettre en forme après une carrière sédentaire et beaucoup de pression – de libérer l’autre personne qui sommeillait en moi. J’accueillerais sans lutte les oscillations qui se présenteraient et je me sentais dans la fleur de l’âge même si j’avais 65 ans. Tout cela dit, c’est vrai – en marchant le long de la rue j’entrevoyais parfois une image de moi-même et je ne reconnaissais pas cette personne. Je savais que l’avenir ne m’appartenait pas mais cela ne produisait pas de désespoir – juste la reconnaissance que le temps jouait contre moi. Il restait beaucoup de choses à faire – y compris des vacances sportives. Alors, direction le Japon et le chemin de Nakasendo pendant le temps des cerisiers!

Revenons à la vallée de Kiso et l’événément charnière qui a tout changé… C’était assez tôt, il n’y avait presque personne dans la salle à manger et je prenais le petit-déjeuner, notre jeune guide anglaise, Julia, en face de moi. Un jeune homme qui avait la trentaine, en forme, et avec un air plein de confiance s’est approché de notre table. Il s’est présenté à Julia – en anglais, accent américain – et lui a demandé si elle s’appelait Julia. En fin de compte, ils avaient une amie en commun qui voulait les présenter depuis longtemps car ils étaient tous les deux des guides du chemin de Nakasendo… et qui sait quelle autre raison. Quelle coïncidence! Ils ont décidé de prendre une photo d’eux-mêmes et l’envoyer tout de suite à leur amie en commun. Le jeune homme a pris son iPhone de la poche arrière de son jean et il a appuyé son doigt sur l’écran. Mais non….pas un selfie. Le iPhone à la main, il m’a regardée, assise en face de Julia, il a regardé son appareil, et il m’a regardée encore une fois. Mais de toute évidence il ne voyait qu’une vieille femme dans l’antichambre de la mort, figée dans une technologie rudimentaire. D’une voix hésitante et provisoire, indiquant l’appareil, il dit :

– Eh, uumm….est-ce que vous savez comment utiliser ces trucs-là?

Oui, allez-y, martelez le clou dans le cercueil, jeune homme !

PAR CM

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Promos au supermarché

C’était aux grandes surfaces de Coles, mais Woolworths, ou bien IGA, même Aldi auraient aussi bien fait l’affaire. D’avoir à attendre dans la queue à la caisse je restais sur place, idéal pour observer – fatiguée mais curieuse – pour un moment toute l’humanité bruyante devant moi être traitée et crachée par ce monstre de musique métallique, ces ’promos’ pour la sauce tomate, les céréales, la tisane de citron-vert et gingembre, les confiseries – au moment de Pâques – et les étagères remplies d’œufs de Pâques, de lapins, de poules en chocolat, de bonbons….

Je songeais à tous les profits qui sont faits par les sociétés qui produisent le chocolat pour le grand public, à bas prix – et sa qualité correspondante ; j’imagine les cadres dans les salles de réunion tranquilles, se frottant les mains avec bonheur, confiant que les actionnaires seront satisfaits et leur propre avenir assuré…. Entre-temps les enfants vont se gaver de ces chocolats, et tomber malade avec des maux d’estomac. Et ce sera aussi leur festival de Pâques.

Mais même si quelques familles avec un penchant religieux vont à l’église pour célébrer Pâques, chanter des cantiques, allumer des bougies, la prière ne va pas les aider : un œuf en chocolat est un œuf en chocolat, et le gosse tombera malade quand même.

Soudain, un ange passe, et j’entends la voix d’une femme :

– Excusez-moi, madame, voulez-vous nous laisser passer, s’il vous plaît ?

Cette voix agréable semble pleine de bonté, ce type de voix qu’on ne rencontre pas souvent dans un endroit comme celui-ci. Elle vient de traverser l’allée voisine, son chariot débordant d’un assortiment de chocolats de Pâques et un petit garçon – clairement handicapé – assis dessus. Les visages sont illuminés d’un sourire radieux, exprimant une joie intérieure, parce que ce petit garçon va partager ses chocolats – en cadeau – dans un centre de garde d’enfants handicapés.

Soudain les œufs, les poules et les lapins dans leurs emballages en papier aluminium criards deviennent brillants et pétillants comme des bijoux précieux, d’une valeur bien au-delà de leur prix.

Promos au supermarché…

PAR MARGARITA

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La nature

C’était à Monaco sur une plage de galets, en fin de saison. Le temps était agréable avec une brise légère et de temps en temps quelques rafales. La température était inférieure à ce qu’elle avait été récemment.

Je m’étais posée sur un rocher, seule pour l’instant, à regarder mon fils de quatre ans qui jouait avec son père au bord de la mer. La plage était presque déserte ce jour-là. La rentrée belle et bien finie. Personne ne nageait ; un couple se promenait main dans la main – portant des chaussures appropriées – vers le parking ; un homme avec un chien en laisse. Puis il y avait une jeune maman qui s’approchait avec son enfant, elle – une femme du sud on aurait dit – habillée comme une hippie, les cheveux jusqu’à la taille, très belle. Derrière moi, sur une grande terrasse, le déjeuner allait bon train. J’entendais les éclats de rire des convives et le tintement des verres.

Je suis très contente de passer quelques temps ici à ne rien faire de spécial, c’est un vrai plaisir de partager cette petite plage avec si peu de gens et les odeurs de la cuisine du restaurant font venir l’eau à la bouche. Eh, voilà ! les deux gosses se trouvent et ils jouent avec un petit bateau.

Cependant que je faisais ces réflexions, il y a les cris perçants d’un des enfants et je vois le petit bateau dansant sur l’eau, à dix mètres de la plage, direction le large.

  • Maman, pourquoi tu ne vas pas le chercher pour moi ? Tu sais nager – dit-il en sanglots.
  • Chéri, c’est trop loin, en tout cas il va voyager sur les vagues jusqu’à une autre plage en France ou dans un autre pays et un autre petit le trouvera – dit-elle très calmement, cette belle femme du sud.

Lui, il n’est pas convaincu. Puis une autre petite voix se fait entendre, celle de mon fils.

  • Tu veux une glace ?

C’est la nature….

PAR DC

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Le cercle de la vie

C’était le mois de février en plein été à Balmoral, une plage du port de Sydney. Je m’étais posée sur un banc, détendue. Je profitais d’un mercredi pour y aller. Le brise froissait les feuilles des vieux figuiers de la baie Morton qui jalonnaient l’esplanade, et l’odeur de la mer envahissait mon esprit et le vidait de mes pensées banales.

Je songeais que les plages – normalement bondées les weekends, avec les familles -amis – jeunes – automobiles bloquées – regagnent leur calme et beauté en semaine. Les visiteurs de la semaine sont différents. Deux groupes : bébés-mamans ou personnes âgées-gardiens, se promènent main dans la main – souriants – image miroir.

Cependant que je me faisais ces réflexions, tout près de moi, un groupe maternel, quelques mamans dans la trentaine, minces, bien coiffées, lunettes de soleil, comparaient la taille et le poids de leurs bébés. Qui marchaient déjà, qui parlaient ? Autour d’elles les bébés babillaient et écarquillaient les yeux émerveillés à tout ce qui les entourait : un chien qui aboie, un avion qui passe au-dessus, la glace qui fond. Les doigts rondelets montraient chaque objet. Leur grand plaisir d’être réunis sous l’ombre d’un parasol évident dans l’animation qu’ils dégageaient.

Soudain une vieille dame, les cheveux blancs, avance avec hésitation vers le groupe. Son visage ridé avec un sourire rayonnant qui réfléchit la joie de tomber sur des anges. Les bébés et la dame se regardent pendant un instant, une reconnaissance innocente, presque divine.

Puis, à ce moment-là, on entend en chœur :

– Regarde, un bateau !

Stupeur d’un instant. Puis un chuchotement de surprise des mamans. Vous avez vu ça ? Ils ont tous montré le bateau du doigt en même temps ! Elles ont toutes dit la même chose en même temps! C’est bizarre ou non ?

Mais au milieu de toute cette énigme, les bébés et la dame se fixent du regard. Ils se comprennent. Leurs âmes sont libres et légères. Elles observent la beauté de la vie. Elles dansent. C’est simple à comprendre.

C’est le cercle de la vie….

PAR CHRISTINE AUSTIN

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Même en vacances

C’était à Cooktown que la tempête a éclaté. Toute la journée j’avais conduit l’autobus de la compagnie « Australian Safaris » avec 12 passagères, féministes d’un certain âge. C’était la fin de notre première journée.

La nuit était tombée. Derrière moi, les bavardages et les rires s’étaient épuisés. Les femmes s’assoupissaient ou conversaient à voix basse. Les mots familiers glissaient derrière moi : patriarcat, violence, guerre… Les roues tournaient, régulières, mes pensées roulaient, harmonieuses. Ce qui est personnel est politique – qui a dit ça ? Mary Daly peut-être ? Le patriarcat – toujours ce mot – un système dominant, une hiérarchie fixe, hommes,

femmes, enfants, animaux, l’ordre immuable créé par les hommes, l’ordre responsable pour la violence et la guerre….

Boum ! Un coup de tonnerre m’a fait sursauter. La grêle rebondissait sur le bus, les balles de glace ricochaient sur la route. Il était 20 heures. Où pouvait-on trouver à manger pour 13 femmes pendant une tempête tropicale dans un village désert ? Quelle catastrophe !

Soudain un petit bâtiment, allumé, s’est dressé dans l’obscurité. J’ai arrêté le bus.

– Mais oui, bien sûr, 13 repas, pas de problème. Soyez les bienvenues.

Bonne nouvelle……applaudissements. Ensuite une voix véhémente :

– Jamais ! Je n’entrerai jamais dans un club de RSL, un club pour les anciens soldats associé à la guerre. J’exècre la guerre. J’aimerais mieux mourir de faim.

– Moi non plus ! Moi non plus !

Ces femmes – qui détestaient la guerre – avaient initié une petite bataille dans le bus. Pas de paix, pas d’accord, même avec un groupe de féministes, même en vacances…..

PAR ERIN GABRIELLE WHITE

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Pour trouver la liberté

C’était à Sawtell, mais Bermagui, Tuross Heads ou Narooma auraient aussi bien fait l’affaire. Je m’étais installée au terrain de camping, solitaire mais impatiente de passer quelques jours dans ce paradis littoral, pas surpeuplé. Derrière moi, des rangées de caravanes avec des familles vacancières – parents, adolescents, enfants, chiens – se mêlaient avec fluidité. L’attirail de camping était partout : des tables et des chaises pliantes, des glacières, des couverts, du gaz en bouteilles, des vivres – tout ce qui était nécessaire pour participer aux rituels annuels – faire la pêche, jouer aux cartes et aux jeux de société, faire des pauses-café, faire du surf, bronzer.

Ils sont des proches : il est évident qu’ils se rencontrent encore et toujours. Organisés en groupes distincts, ils se conforment aux comportements prescrits. Pas obligés d’être réglés par les heures ouvrables ni les heures de cours, loin de la maison, la vie Sawtellienne a un rythme spécifique, déterminé seulement par les heures de la lumière du soleil. Pour les hommes, être à l’écart de leurs femmes, c’est préférable – sur les rochers, une canne à pêche à la main. Pour les femmes, se détendre ensemble dans un transat en prenant une tasse de thé – c’est parfait. Pour les jeunes, vivre une amourette et errer toute la journée sans supervision, c’est goûter l’indépendance – mais également être initiés au rituel annuel…

Cependant que je me faisais ces réflexions, j’entends la voix terrifiée d’un ado pâle, timide :

– Moi, j’en ai marre de ces vacances, ça suffit ! Je hais ce rituel ! Je ne peux plus rester ici !

Le charme est rompu. Les ados se regardent avec incrédulité. Personne ne bouge en attendant ce qui va se passer. Après un moment, ils partent, sauf le chef – blond et bronzé – qui s’approche. Il serre l’adolescent pâle et timide dans ses bras et puis, bras-dessus, bras-dessous, ils se retournent pour retrouver les autres.

Pour trouver la liberté…

PAR KAREN BRYANT

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Les moments qui changent la vie

C’était Jaipur mais Jodhpur, ou n’importe quelles autres villes en Rajasthan auraient aussi bien fait l’affaire.

Je marchais autour d’un palais de Moghul et j’avais décidé de faire une pause – j’avais soif – je cherchais donc un vendeur. Je m’étais posée curieuse et solitaire au coin du palais, à proximité d’un groupe des pachydermes qui était utilisé pour transporter les touristes au Palais. Les pachydermes étaient habillés de draps colorés.

Soudain, un groupe d’écolières est apparu, habillées en saris colorés. EIles étaient en pleine forme, partageant des rires et des plaisanteries.

J’adore les scènes inattendues comme ça. Ces moments de réflexion quand on est en vacances – les choses qui font plaisir – les moments qui passent très vite mais qui donnent un bon souvenir des vacances.

Cependant que je me faisais ces réflexions sur cette scène – le palais merveilleux et si grand, les jeunes filles si jolies, les géants pachydermes colorés – je me suis dit que c’était une vie sans souci pour les jeunes filles : une petite excursion avec des amies pour étudier l’histoire du Moghul. Quel beau moment pour elles !

Mais, sans prévenir…. un des pachydermes a fait une peur bleue aux jeunes filles en se dressant avec beaucoup de bruit. Les jeunes filles ont toutes couru vers la sortie en hurlant ‘’au secours” de peur pour leur vie.

…….Les moments qui changent la vie

PAR PH


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