Jules Romain

Textes composés par les étudiants
du cours ATELIER DE LECTURE ET ECRITURE CREATIVE,
inspirés par 'Les Copains' de Jules Romain.

Un Copain perdu

Sept bons copains, portant des bouteillesd’alcool et de la nourriture, marchaient à travers une forêt vers une maison écartéeoù ils avaient l’intention de boire et de passer la nuit. C’était l’heure ducrépuscule et seul leur chef, Bénin, connaissait le bon chemin. Soudain, lescopains se rendirent compte que Martin, un membre du groupe, n’était plus aveceux. Tous, sauf Bénin, commencèrent à crier son nom.

« Martin ! Mar-tin ! Mar-tin… 
- Chut !... arrêtez de beugler… écoutez…
- Hé ! Bénin…
- Tais-toi !... tout ce tintamarre… Martin, on ne peut pas l’entendre…chut… 
- Mais Benin !... les sangliers !… on chasse les sangliers… ici, danscette forêt ! Martin… il a été attaqué par un sanglier ?!
- Sangliers ?... balivernes !… quels sangliers ?… ne dis pas debêtises !
- Tiens ! C’est vrai… mon oncle les chassait… quand il était jeune garçon…il disait qu’en automne les sangliers sont toujours en rut…
- Par pitié, Omer, tais-toi… tout ça, c’est de la foutaise ! Ecoutez… c’estun cri, non ?... »

Figés sur place, les oreilles tendues, les copains gardèrent le silenceplusieurs minutes. Rien, sauf les bruits de la nuit : le hululement d’unhibou au loin, le coassement des crapauds tout près, le bruissement desfeuilles sèches, le murmure éternel du vent et les sons des animaux nocturnesqui émergeaient de leurs terriers pour chasser leurs proies. Evanoui, le gazouillementrassurant des oiseaux joyeux, parti avec le coucher du soleil.

Tout à coup, un cri retentit, rauque et indéfinissable, un cri à vous glacer lesang. Personne ne bougea. Ils pensèrent au sanglier redouté, prêt à les écorner.Ils pensèrent aux mendiants qui étaient censés habiter ces bois. Ils pensèrentà leur cher copain, Martin, toujours le traînard, blessé ou même mort. Chacunse préparait à se sauver quand Bénin, conscient de leur peur, parla avec autorité :
« Nous allons rebrousser chemin… Broudier, Huchon, Lamendin… vous trois,surveillez votre  droite… Omer, Lesueuret moi, nous garderons les yeux rivés sur la gauche. Omer, mets-toi en tête defile… Je resterai à l’arrière… nous ne voulons pas semer quelqu’un d’autre… Allons-y…
- Mais enfin, Bénin… c’est dangereux… les chicots, les ronces, les trous… les ténèbres…
- Pour l’amour de Dieu, Omer, ferme ta gueule ! Pense à Martin… seul… blessé…terrifié…
- D’accord ! D’accord ! On y va… »

Donc, lentement, avec prudence, le groupe descendit le sentier presqueinvisible. Et encore une fois, un cri perça l’air, un son très proche. Soudain,les mots d’une chanson familière flottèrent vers eux : Ambert, Camembert, Yssoire, Pissoir. Iln’y avait pas d’erreur possible, c’était la voix de Martin. Et il n’y avait pasd’erreur possible, il était bourré. Ils le découvrirent tout proche, étendu surle sentier et à côté de lui, la bouteille de Frapin Château Fontpinot 1900.  La belle bouteille de cognac était bien vide.

PAR ERIN GABRIELLE WHITE

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Les Copains (la suite...)

 Cinq copains continuaient à crier son nom endescendant la sente tant bien que mal. Mais Omer, mal à l’aise, réalisa qu’iln’avait ni vu Martin ni pensé à Martin pendant qu’il se hissait péniblementpour ne pas perdre le groupe.
« Hé Bénin ! Arrête !
- Quoi ?
- Je n’ai pas vu Martin depuis que la lumière a disparu de la sente. Il y aquinze minutes, peut-être.
- Nom d’un nom ! Tu avais dit trois minutes.
- Et toi, tu avais dit que tu étais sûr de la route. »

Broudier,un peu plus âgé et un peu plus sage que les autres, décida de prendre ladirection du groupe. D’une voix forte, il dit :
« Taisez-vous ! Ramassez vos sacs, cessez de crier, restez procheles uns des autres, descendez le chemin et guettez la voix de Martin. Allons-y ! »
La file commença à descendre en silence, à part quelques jurons étouffés àchaque fois que des ronces lacérèrent les jambes et des chicots attrapèrent lespieds.
 
Omer, plein de remords d’oublier le traînard, gardait les yeuxfixés sur la sente. Après quinze ou vingt minutes, il hurladésespérément :
« Ho, attendez ! J’ai vu l’écharpe de Martin.
- Où se trouve-t-elle ? 
- Tu es sûr ? »
Omer quitta la sente, plongea sous les branchages en bas. Il revint tout desuite, une écharpe rouge à la main.
« Elle est à Martin, tricotée par sa mère.
- C’est ça. Il la portait ce matin.
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Peut-être un loup affamé.
- Allons, allons, Bénin ! L’écharpe n’est pas déchirée. Pas de marques dedents. Réfléchissons calmement… Notre copain a laissé tomber son écharpe.Pourquoi ?... Pourquoi laissée à la corniche en contrebas ?...
- Hé Broudier, est-ce qu’il est possible que l’écharpe soit un signe quenous devons chercher un autre sentier en bas ?
- Bonne idée, mon vieux. 

Ainsi Omer partit à la tête de la file pour découvrir lenouveau sentier, pénible mais non escarpé, et le vent s’améliora. Après trenteminutes, les copains épuisés débouchèrent sur une clairière, au milieu de laquellese trouvait la maison forestière qu’ils cherchaient. Ils se précipitèrent auxfenêtres éclairées d’où ils furent éberlués de voir Martin endormi à latable. 

PAR CARMEL MAGUIRE

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Où est Martin ?

Martin avait disparu.
« Martin, Martin, où es- tu ? »
Il n’y eut pas de réponse.
Rien !
Les jeunes hommes se pressaient, parlant tous en même temps, exigeant que Benin
leur dise quoi faire.
« Nom de nom, les gars, nous devons rester calmes et travailler à deux, nousdevons avoir
un plan pour le sauver et nous devons allumer des torches et faire un feu. »
Le ciel était très sombre, le clair de lune était si faible qu’il étaitdifficile pour chaque
homme de se voir clairement. Bénin leva la main.
« Toi, Omer prends Lescur avec toi et ramassez du bois sec. Vous, Lamchin et Huchon,dégagez
un espace plat pour le feu ; utilisez la vaisselle si ça aide. »

Les copains acceptèrent leurs rôles avec promptitude, leur peur communale restamuette.
Les hommes ramassèrent beaucoup de branches.
« Qui a une allumette ?
- Ici mon vieux. >>
Bénin gratta l’allumette sur sa botte, mais la semelle était trop mouillée.
Rien !
Enfin il y eut une petite étincelle.
« Versez un peu de cognac dessus.
- Bonne idée. >>

Soudainement il y eut une bonne flamme.
« Tu es un bon scout ! »
Ils rirent et ils applaudirent.
Ils s’assirent à côté du feu et partagèrent un petit repas qui sembla remonterle moral !
« Omer, si je te donne la clé, tu dois l’attacher autour de ton cou parcequ’elle est si précieuse.
Toi et Lamchin continuez en haut de la colline jusqu’à la maison, puis mettezles lumières
dans toutes les fenêtres. Lescur et Huchon, restez ici et maintenez le feu.Broudier,
toi et moi retournerons à la recherche de Martin. Assurez-vous d’avoir un long bâtonde marche et une torche ou une lanterne. Essayer de ne pas tomber ! »

La descente était très difficile. Les hommes s’entraidèrent à rester debout.
« Hé, Bénin, écoute !
- Quoi ?
- J’ai entendu un bruit.
- Ça ressemble à des gémissements.
- Où à un mauvais chant !
- La-bas, regarde, c’est Martin. »
Ils étaient tellement soulagés. Ils rirent. Ils essayèrent de ne pas pleurer.
Ils réalisèrent que Martin avait bu tout le vin mais il était vivant et indemne.

PAR ANN B

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Où est Martin ?

Martin n’était ni content ni perdu. Il n’était pas content de porter desprovisions sur son dos. Il n’était pas content de supporter les difficultés dece terrain éprouvant. Il n’était pas content d’avoir du mal à aller aussi viteque les autres. Il n’était pas content de continuer sur cette route choisie parBénin quand lui, Martin, savait, qu’il y avait un raccourci.

Son chemin l'amènerait à la maison forestière beaucoup plus rapidement quecelui de Bénin. Les autres étaient maintenant si loin devant qu'ils neremarqueraient sans doute pas son absence. Leur amitié serait mieux appréciéeune fois arrivés à l'intérieur de la cabane, avec un feu chaud et un verre de Saint-Estèphe. Et il serait là pour les accueillir !

Ils ne pensaient plus à leur fête ni à leurfatigue. Chacun des copains évoqua sa propre idéede ce qui s’était passé à Martin - un accident, une chute fatale ou toutsimplement une disparation dans la forêt.
Bénin n’hésita pas à se prendre en main.
 « Nous ne pouvons pas perdre une seconde.
Non, la lumière est déjà incertaine.
J’y retourne, dit Omer, tourmenté de culpabilité.
Nous y allons tous les deux. Tu prends la lampe frontale et je prendrai latrousse de secours. Tous les autres, restez ici, reposez-vous et reprenez vosforces. »

Il leur fallut plus d'une heure pour revenir, épuisés, découragés etdésespérés, leurs chaussures mouillées et boueuses, leurs bras et leurs visagesportant les marques des rayures ensanglantées des branches invasives. Il n'yavait aucune trace de Martin et une lumière naturelle insuffisante pourcontinuer à le chercher. Ils devaient maintenant préserver la lampe frontaleafin de pouvoir accéder à la cabane.

Lafile se reforma. Les six copainsreprirent leur ascension. Le voyage en avant était lent et dangereux dans lalumière défaillante. Même avec la lampe frontale, c'était un voyage étrange etmenaçant. Mais, ils devaient le faire.
Il faisait presque nuit noire au moment où ils arrivèrent et distinguèrent àtravers les fenêtres de la cabane… le visage de Martin. La file s’arrêta. Les six copains le regardèrent avec des sourires de joie et d'affection.

« Martin ! Martin ! Nom de Dieu !
Mon vieux ! Nous sommes tellement soulagés de te revoir !
Qu’est-cequi t’est arrivé ?
Qu’est-ce qui vous est arrivés ? Où étiez-vous tous ? Jevous attends depuis si longtemps. »

PAR MAUREEN S

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Les copains (la suite...)

Ils avaient peur. La nuitavait avalé le crépuscule. Les ténèbres s’unissaient et la sente était de plusen plus difficile à distinguer. Les premières étoiles scintillaient au ciel.
Ils avaient peur. Les grandsarbres semblaient menacer les garçons. L’un d’eux laissa tomber sa bouteille devin qui se cassa contre une roche : « Nom de Dieu ! »
Les garçons continuèrent à appeler : « Martin ! Martin ! »
Enfin une faible voix répondit :
« Je suis ici, au-dessous. 
- Où ?
A côté de ce grand pin. »

Avec la faible lumière de sa petite lampe de poche, Bénin trouva Martin. Tousles garçons se rassemblèrent en contrebas de la sente où Martin était allongésous le grand arbre parmi des ronces. Son pied était coincé sous une roche. Lesgarçons avaient peur.
« Oh, le pauvre diable.
- Omer !
Oui Bénin.
Mon vieux. Tu es le plus fort. Essaye de bouger cette roche. »

Omer fit des efforts extrêmes, avec beaucoup de grognements, mais la lourderoche ne bougea pas.
« Seigneur Dieu ! Il faut un outil, une pioche peut-être. »
Bénin commanda : « Vous tous, les gars, attendez ici. Protégez Martincontre les animaux sauvages de la nuit. Moi, pendant ce temps, j’irai à lacabane de cantonnier pour y trouver une pioche.
Mais il fait si sombre. Tu vas te tromper de route, perdre ton chemin.
Non ! Je le connais bien, et surtout j’ai la clef dans ma poche. »
Il mit sa main dans sa poche… mais il n’y trouva rien.
« Merde ! La clef, elle s’est échappée de ma poche. Elle n’est plus là.Elle est perdue ! »

PAR ANGELA LOW

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