Jean-Baptiste Andrea

Textes composés par les étudiants
du cours ATELIER DE LECTURE ET ECRITURE CREATIVE,
inspirés par 'Veiller sur elle' de Jean-Baptiste Andrea

EXTRAIT #1

La vérité sur les Hood



La semaine dernière, quand j’étais au bistro avec des amies, j’ai entendu, par hasard, une conversation à haute voix entre des jeunes, sur les ancêtres d’une personne du groupe. Ils étaient très passionnés par le sujet. J’ai prêté une oreille et j’ai entendu, à ma grande surprise, que le nom mentionné était aussi le mien. 

Nul ne peut me convaincre que mon nom ”Hood” dérive de “Robin Hood”, le héros de la forêt Sherwood en Angleterre, fût-ce par flatterie. Le nom Hood était (même aujourd'hui) un sobriquet pour thief et le prénom Robin aussi. En effet, si on ajoute un ‘g’ à la fin du Robin, on arrive à Robbing Thief en anglais. Cet homme faisait du brigandage alors. Pas un homme héroïque du tout. Concert de protestations ! Beaucoup de bruit.  

Mais je suis d’accord avec votre compagnon, je suis intervenue en expliquant la coïncidence du nom. Mon nom de mariage est “Hood”. D’ailleurs ce nom existait en Bavière dans les anciens temps. Là, le nom était associé aux hommes forts et courageux pendant les conflits tribaux.  

D’ailleurs, rétorque un autre interlocuteur, certains des premiers Hood ont fui vers l'Amérique en 1651. 

En fait, même si le nom germanique pour Hood en Bavière est Hooperbusch, celui-ci a été tronqué et simplifié en Hood en Amérique pour éviter des difficultés de prononciation.

Cela a lancé une longue discussion entre les deux groupes sur la possibilité de trouver un blason. Mais une des femmes pensait que ce n’était pas possible parce que les premiers Hood étaient probablement des paysans, en dépit de leur contribution sur les champs de guerre et suite à leur disparition en Europe et en Amérique.

PAR PH

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Éirinn go Brách*

Tout le monde a toujours su que les origines de la famille Maguire étaient irlandaises. Et c’est là où la certitude finit et les légendes commencent. Les enfants de la diaspora des dix-huitième et dix-neuvième siècles, en Australie, aux États-Unis, au Canada, avaient compris que leurs ancêtres, depuis au moins quatre cents ans, demeuraient en Irlande. La terre Maguire se trouvait à Kilbehenny, un village au Sud, somnolent, sous les montagnes Galtees, aux limites de trois départements, Limerick, Cork et Tipperary. Vivant modestement, ils cultivaient leurs produits agricoles et élevaient leurs animaux et leurs enfants. 

Ceux qui interrogeaient les habitants des Galtees au pub n’entendaient pas forcément les vrais détails de cette histoire.

Par exaspération ou par goût de la vérité, les villageois offraient des chapitres plus héroïques. Le nom de famille Maguire avait une origine ancienne et était bien connu au Nord de l’Irlande. Leurs fils nobles étaient des cavaliers courageux au service du roi d’Irlande, Brian Boru, qui avait mis en déroute les Vikings en 1014 dans la bataille de Clontarf. La famille n’avait pas disparu du nord avec Cromwell et les « plantations » au dix-septième siècle, et le nom restait dans la nomenclature des lieux de Fermanagh, le plus grand des neuf départements d’Ulster, qui était une forteresse de la famille. Donn Carrach Maguire était le premier des chefs du clan au onzième siècle, et leur royaume existait jusqu’à « la fuite des comtes » en 1607, quand la colonisation par les Anglais perfides a triomphé. Après ça, leurs terres volées, la famille a déménagé dans le Sud. Et alors, ils ont vécu paisiblement dans le sud ?

Ridicule, la voix d’une vieille fille du snug a déclaré, les Maguire ne vivaient jamais sans conflit. Bien que les femmes n’aient pas le droit d’y entrer, ni les pressions sociales ni l’influence de l’Église jamais ne les avaient empêchées de boire, de jurer, et de se battre avec les meilleurs des hommes. Bien plus ridicule, rétorquaient d’autres, ignorez-la, cette femme qu’on appelle Madame Les Nouvelles du monde, et comme d’habitude, les nouvelles ne sont pas vraies. Entre les famines et les pestes, les émigrations et la guerre civile sous-jacente, les femmes et les hommes de toutes les anciennes familles travaillaient très dur pour préserver le rêve d’une patrie de saints et d’érudits, une patrie unie. D’ailleurs, le sujet le plus important, ce n’était pas les Maguire, mais qui allait gagner le hurling ce weekend-là.

*Vive l’Irlande

PAR CARMEL MAGUIRE

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La famille Maher


Ne fais jamais confiance aux légendes familiales, j’ai dit à ma petite-fille. Saskia m’avait demandé de l’aider pour un projet scolaire ; elle devait faire des recherches sur son histoire familiale, principalement quand et pourquoi la famille Maher était venue en Australie. Une théorie était qu’ils venaient des Flandres, de riches marchands de linge qui étaient allés en Irlande. Une autre théorie était que la famille avait des ancêtres portugais ou espagnols. Cela pourrait expliquer les traits du visage méditerranéens. 
La famille affirmait qu’ils appartenaient sans aucun doute à la classe moyenne-supérieure. Ils étaient médecins, avocats, prêtres, hommes d’affaires, soldats et propriétaires terriens.

Cependant en 1997, cent soixante ans après leur arrivée, la vérité a été révélée. Dorothy D. une cousine, avait écrit une histoire familiale, bien documentée. Les ancêtres avaient quitté l’Irlande en 1835. William était ouvrier agricole, et Honora était fille de laiterie.
La famille Maher avait payé cinq livres pour voyager de Cove en Cork à Botany Bay. Ridicule, rétorquait Saskia. La famille avait dû être choquée, surprise et plutôt déçue d’une telle révélation.

Timothy, sa mère et Mary sa sœur étaient arrivés le 26 février 1836 après quatre mois sur le navire. Malheureusement William, le père et quatre filles étaient mort du typhus lors du voyage à Sydney.
Tim n’avait que 15 ans et bien que l’on sache peu de choses sur ses débuts, il a été établi qu’après son mariage à 22 ans avec Margaret Noonan de Melbourne, il a commencé une carrière commerciale très réussie. Initialement il était tapissier, avec une part dans un marché de meubles dans la rue Pitt. Après il a acquis des maisons en banlieue et des terrains dans les quartiers de l’ouest. Ainsi est-il devenu une personnalité publique éminente et respecté dans la colonie. Il a été élu sept fois maire de Five Dock. 
C’était étonnant que quelqu’un d’ailleurs et qui avait déménagé dans un pays si jeune ait pu avoir autant de succès en si peu de temps. C’était un véritable entrepreneur. 


Saskia avait maintenant beaucoup d’informations familiales pour son projet. Et elle a réalisé qu’elle était une Australienne de septième génération.

PAR ANN B

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L’histoire derrière notre (pré)nom

Nul ne savait d’où venait le nom Sinclair dans ma famille paternelle. C’est mon second prénom, Angela Sinclair. Alors j’ai demandé à ma cousine, Megan Sinclair. Elle m’a dit que sa mère, ma tante, s’appelait Joan Sinclair ; et sa mère, notre grand-mère, s’appelait Vera Sinclair aussi. Mais pourquoi ce nom écossais ?

Megan me confirme que notre arrière-grand-mère s’appelait déjà Sinclair, Ellen Sinclair. C’était son nom de jeune fille. Son père, Thomas Sinclair, était boulanger, né à Lerwick dans les îles Shetland, au large de la côte nord de l’Ecosse. J’ai visité ces îles l’année dernière et si j’avais su que mon arrière-arrière-grand-père avait vécu là, j’aurais été voir Stout’s Court, l’ancienne maison de sa mère, Barbara Stout. Tant pis, peut-être la demeure n’existe-t-elle plus.
Thomas Sinclair s’est marié à Dunedin en Nouvelle-Zélande, mystérieusement, avec une Anglaise qui s’appelait Ellen Everill et elle a donné naissance à une seule enfant, leur fille Ellen Sinclair, née en 1869. Thomas est enterré à Invercargill en Nouvelle-Zélande mais sa femme est morte ailleurs, à Sydney. Sa tombe se trouve dans le cimetière de Waverley. Alors la mère et sa fille ont dû déménager en Australie après la mort du père. Fût-ce par nécessité ou par choix, on ne sait pourquoi.

Quand même Ellen, la fille, a réussi à Sydney et s’est mariée en 1889 avec William McDowell d’une famille riche qui était les propriétaires d’un grand magasin, McDowells, rue George. Ils ont eu 7 enfants, 5 filles et 2 garçons. La troisième fille était notre grand-mère, Vera Sinclair McDowell. Elle était la seule à s’appeler Sinclair en second prénom. Ça fait quatre dans ma famille, et que des filles.

Mais d’où vient le nom ? La discussion était engagée. Il est originaire d’Ecosse mais dérive du français : de Saint Clair, c’est à dire d’un saint ermite, suivi par le mot latin clarus … pur, renommé, illustre, de la région Pont-L’evêque, Le Havre, en Normandie. Ou bien, rétorquaient les autres, de la ville de Saint-Clair-sur-Epte en Normandie. Une descendante de cette ville, Wildernus, s’est mariée avec Richard, le cinquième Duc de Normandie, père de Guillaume le Conquérant. Un fils de Wildernus, William St Clair, a combattu aux côtés de son beau-frère à la Bataille d’Hastings. Donc les Sinclair sont arrivés en Bretagne le 14 octobre 1066.
Les Sinclair ont soutenu la couronne écossaise pendant les guerres d’indépendance. Le roi leur a donné la terre de Roslin dans le Midlothian - dorénavant le clan Sinclair s’est établi là et à Caithness dans les hautes terres d’Ecosse et ils sont devenus Barons de Roslin et plus tard Comtes d’Orkney et de Caithness. Ce nom de famille a été orthographié différemment au fil des siècles ; St Clair, Saint Clare, Sainclair, Santoclair, même Synklar quand la famille était liée aux Vikings.

Concerts de protestations quand certains ont aperçu un trou dans cette histoire, entre les comtes et le boulanger ! Il faudrait faire plus de recherche. En attendant, mon fils benjamin s’appelle Richard Sinclair. Sans fille dans la famille, c’est lui qui porte ce nom, le cinquième dans notre famille récente.

PAR ANGELA LOW

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Les McBlanc

Tous connaissaient les McBlanc. Tous avaient sur eux une opinion, absolument favorable ou défavorable. Il n’y avait pas de juste milieu par rapport aux McBlanc. Ils avaient toujours été là, aux bords du village, leur ferme entourée d’arbres, seul coin de verdure dans ce pays poussiéreux. Les étrangers qui arrivaient à cet endroit isolé, fût-ce par hasard, se demandaient invariablement à qui appartenait la vaste propriété à l’entrée du village. On ne pouvait pas la manquer. Selon le jour, le mois, l’année, la chaleur ou le froid, la saison, bonne ou mauvaise, les visiteurs recevaient des réponses variées.

Quant aux habitants, chaque matin les vieillards du village se rassemblaient sous leur Arbre de la Connaissance, le grand eucalyptus au milieu de la rue principale. Là, leur bavardage errait comme la fumée de leurs pipes jusqu’au moment où il atterrissait sur l'origine d’une des familles parmi les cockies* de la région. Ce jour-là, c’était le tour des McBlanc. Le premier colon de la localité était George, un forçat à l’époque. Il aurait été pendu, reconnu coupable de meurtre en Irlande, mais il avait, à la place, été condamné à servir sa sentence en Australie. Ridicule, rétorquait Jo Smith. Mon arrière-grand-père était médecin avec The First Fleet et George McBlanc est arrivé avec lui. C’étaient des colons libres, tous les deux. D’ailleurs, ils avaient fait construire la première église du village. Mais tout cela ne veut pas dire que le premier McBlanc n’était pas un forçat. Beaucoup de gens riches et respectables descendent de forçats. Pourtant, il y a un mystère. D’où vient leur nom, McBlanc ? Je parie qu’il n’y a pas d’autre famille en Australie portant ce nom. Concert de protestations : on ne connaît pas tous les noms de famille de l’Australie. Ou du monde. Ici, les gens viennent de partout. Mais les gosses ont des noms comme Clothilde et Jean-Baptiste. C’est bizarre, non. Pourquoi ne peuvent-ils pas avoir de vrais noms australiens ? Quelque chose de normal. Comme le tien, eh Bluey Bourke, remarquaient certains d’eux de bonne humeur.

Les rires signalèrent qu’il était temps de partir. Il faisait chaud, le soleil avait grimpé au-dessus du toit du pub et l’ombre s’était éloignée du groupe. Les hommes commençaient à se disperser, chacun satisfait de son travail d’enquête du jour, chacun sûr qu’il y avait assez de mystère dans l’histoire des McBlanc pour nourrir leur curiosité pour les années à venir. Peut-être qu’ils parviendraient un jour au fond des choses. On verra !

*Cocky : un petit agriculteur en Australie.

PAR ERIN GABRIELLE WHITE

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EXTRAIT #2

Un livre puissant

Apeirogon. Ce mot étrange est le titre d’un livre extraordinaire par Colum McCann. Il représente une forme géométrique avec un nombre infini de côtés. L’histoire est construite sur 1001 chapitres, une réflexion des Mille et une nuits, ces histoires racontées par Schéhérazade au roi arabe pour éviter d’être tuée. Les chapitres sont longs ou courts, quelquefois presque vides. L’auteur a décrit son œuvre comme un roman hybride, basé sur des histoires vraies mais aussi fictives.

C’est la vraie histoire de deux hommes, un Israélien et un Palestinien, tous les deux sont en deuil, désespérés, après la perte de leurs jeunes filles respectives. La jeune Israélienne était tuée par un terroriste suicidaire dans une rue de Jérusalem. La Palestinienne, plus tard, fusillée à Gaza par un jeune soldat israélien. Elles n’étaient que des enfants. Ces atrocités sont décrites en détails, à maintes reprises, mais il est clair que de tels événements sont fréquents, presque normaux, dans ces territoires si perturbés. Malgré tout, les deux pères qui se sont rencontrés dans un Cercle de Parents en deuil, pour trouver une résolution pacifique au conflit, sont devenus amis. Ils ont voyagé ensemble, autour du monde, pour montrer l’atrocité de la guerre et trouver une solution possible. C’est le point culminant du roman mais il se trouve au centre, au chapitre #1001. Le livre est divisé en deux parties construite en miroir qui se rejoignent au milieu, au chapitre 1001. Il y a donc 500 chapitres avant et 500 après. On peut lire les chapitres dans n’importe quel ordre et n’importe quel sens. Les chapitres bougent librement à travers le temps et l’espace, décrivant toutes les choses de la vie du Moyen-Orient, tourbillonnant autour des difficultés, des joies, de l’environnement, des scènes de paysages, des demeures des deux familles, de leurs vies avant les tragédies, de leurs vies cruelles quand ils étaient jeunes, des religions, de l’holocauste, des terribles règles pour passer la frontière entre Israël et la Palestine, puis il y a un passage lyrique sur l’arrivée des oiseaux migratoires, 36 espèces : détails grands et petits, bons et tristes, horribles et normaux. Epoustouflant, sidérant, toutes les complications de la vie dans ce lieu du monde.

Ce livre a vu le jour en 2020. Il y a deux ans que je l’ai lu. Ce livre est toujours présent dans ma mémoire, même si la lecture était très difficile ici et là. Il m’a donné une compréhension de la situation là-bas, plus vivement que n’importe quels articles de presse, de quel éditorial. Ces grands amis extraordinaires se demandent : « Pourquoi les hommes sont-ils si en colère qu’ils tuent des enfants pour obtenir ce qu’ils veulent. » Ce livre est important, un cri pour une solution pour le Moyen-Orient, un tour de force concernant l’amitié, l’amour, la perte et l’appartenance. A la lumière des atrocités d’aujourd’hui, du Hamas et à Gaza, ce livre me semble essentiel à lire.

PAR ANGELA LOW

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Vive la métaphore!

Pendant les années 70, je découvris Paul Ricœur (1913-2005), un philosophe français. Cette rencontre transforma ma vie. A cette époque-là, j’étudiais à l’Université de Lancaster en Angleterre où je m’étais inscrite à un cours sur la nature du mythe. Un des textes prescrits était un chapitre d’un livre de Ricœur : « The Rule of Metaphor : multi-disciplinary studies of the creation of meaning in language » (Routledge & Kegan Paul, 1978). C’était une traduction de l’œuvre originale, « La Métaphore vive » (Editions du Seuil, 1975). Ricœur me dit plus tard « je ne suis pas content du titre anglais. Il est réducteur et assez statique ». Ce fut cette appréciation de la nature du langage, sa fluidité et sa vitalité, qui m’attira à l’œuvre de Ricœur. Bien que dense et difficile, son écriture était typiquement vivante, sa pensée toujours en mouvement. Cette qualité me rassurait et m’inspirait.

Au début, je ne compris que 50% de mon texte prescrit, le 7ième chapitre intitulé « Metaphor and Reference » où je ne cessai de tomber sur des mots inconnus comme, par exemple, sémiotique, sémantique, herméneutique. Néanmoins, je continuai à lire parce que cette étude abordait nombre de mes questions et intérêts : la relation entre le langage et le « réel », la vérité du langage poétique, les rôles de l’auteur, du lecteur, du texte et des contextes dans la tâche d’interprétation, la relation entre l’appropriation d’un texte et le soi etc. Malgré ma relative incompréhension, je fus captivée. Je lus et relus avec une maitrise et un enthousiasme croissants. Dans « The Rule of Metaphor », à travers 8 études, Ricœur présente sa thèse : au niveau de la sémiotique où « le mot n’est qu’un signe dans le code lexical », la métaphore est « une dénomination déviante » (ex. le pied de la colline), au niveau de la sémantique où la phrase porte la signification, la métaphore est « un énoncé impertinent » (ex. l’homme est un loup) et, le plus important, pour le niveau herméneutique où le discours proprement dit (poème, récit, mythe, roman) indique, non seulement le sens mais aussi la référence, c’est-à-dire, la « réalité » en dehors du langage, la « vérité métaphorique » (ex. le mythe d’Adam et Eve).

Pendant plusieurs années, je suivis les enquêtes de Ricœur : je lus beaucoup de ses ouvrages, j’écrivis une thèse sur ses théories herméneutiques, je voyageai à Chicago pour discuter de ma thèse avec lui, je donnai des cours sur les écrivains dans ce domaine et je commençai à adapter les théories de Ricœur pour inclure les idées d’universitaires féministes. Mais finalement, j’en eus assez des théories et je voulus lire les textes poétiques pour le plaisir plutôt que de les analyser. Mon attachement aux œuvres de Ricœur suivit son cours jusqu’à ce qu’un autre livre clef me fasse faire une pause, reprendre mes repères et ajuster mon cap. C’était une question de « Zen in English Literature and Oriental Classics » par R. H. Blyth (The Hokuseido Press, 1942). Mais l’impact de cet ouvrage, c’est une histoire pour un autre jour !

PAR ERIN GABRIELLE WHITE

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La Lecture

En réfléchissant aux effets transformateurs de la lecture de livres, je me rends compte que je fais l’une de mes activités préférées depuis plus de quatre-vingts ans : lire.


Mes premiers livres d’histoire, lus et relus, contenaient de nombreuses images et parlaient d’animaux. 

Je me souviens d’un éléphant appelé Horton qui avait promis de s’asseoir sur un nid d’œufs pendant que l’oiseau paresseux Maisie s’envolait. Sous la neige, en pleine chaleur, il restait sur l’arbre, fidèle à sa promesse. Être fidèle devint ma première promesse à moi-même ! 

Une autre collection de personnages de mon enfance étaient les amies de Winnie l’ourson dans la forêt de cent âcres. Chaque animal avait sa propre personnalité : Porcinet était petit et effrayé, Pooh disait qu’il avait un petit cerveau, Eyore était déprimé. Je comprends maintenant comment l’auteur aida ses lecteurs à affronter les problèmes de la vie à travers les pitreries de ces personnages.


Au fil des années, je me demande combien de livres j’ouvris ? Combien de pages je tournai ? Combien d’auteurs de combien de pays je rencontrai ? Pourrait-il y en avoir des milliers ?
 Et si je devais envisager de nommer un auteur ou un personnage préféré, lequel choisirais-je ? et de quelle décennie ? J’aimai « le Mouron écarlate » et Sherlock Holmes. C’est difficile de désigner un auteur préféré en anglais. Ma connaissance limitée de la littérature française rend cette tâche impossible. Il est également impossible de comparer les œuvres de Shakespeare avec celles de Molière ou de Racine, chacune doit être lue et interprétée à sa façon. Mon expérience de la langue française sans traduction m’a donné un sentiment d’émerveillement et parfois de surprise.

Récemment, on me conseilla d’acheter un Kindle, mais lire sur un écran ne donne pas le même sentiment d’implication ou de satisfaction. Je me rends compte que je suis en retrait de la pensée actuelle. Les tablettes sont utilisées dans le monde entier, en particulier dans les écoles des pays où l’internet est difficile d’accès. Les amateurs de livres parlent de l’arôme du papier, cependant, les utilisateurs de livres audio soulignent la menace pour les arbres et l’environnement. Quel que soit le support, le lecteur peut toujours trouver de nouvelles idées et une autre perspective.

PAR ANN B

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Un roman pour tous les âges ?

Je voudrais proposer un roman australien qui, lu et relu, m’a fait uneforte impression dans ma jeunesse. Le livre fait la chronique d’une vie, vécue pourla majeure partie en tant que conducteur de bœufs dans la Riverina en Nouvelle Gallesdu Sud et dans le nord du Victoria, pendant la deuxième moitié du XIXe siècle. C’estla vie*, par Joseph Furphy, surnommé Tom Collins, est un roman picaresqueoù, fidèle au genre, le héros est un aventurier issu du peuple, vagabond, mais toujoursprofondément conscient de l’humour et du pathétique des problèmes des pauvres. Quandj’étais ado, au boulot le jour et à l’université le soir, je fus transportée dèsla première ligne, « SANS TRAVAIL enfin ! » et puis captivée parla richesse baroque, même rococo, du style. Douze ans après la premièreédition, en 1903, le Bulletin Newspaper Company n’avait vendu que 250 copies.  Il n’était jamais destiné à devenir unemeilleure vente, mais après un commencement très lent, il est devenu unclassique de la littérature australienne. Pourquoi et comment est-il devenu unclassique ?

Le long trajet commença sur un coup de chance. L’éditeur du Bulletin, J.F. Archibald,très occupé à publier un journal hebdomadaire, en 1897 donna le manuscrit de1125 pages à l’éditeur littéraire qu’il venait d’employer, A.G. Stephens, quiétait destiné à devenir un accoucheur important de la littératureaustralienne.  Stephens admirait « letempérament démocratique et la tendance offensivement australienne »** queFurphy revendiqua pour son manuscrit et ils travaillèrent ensemble pour réduire,selon les mots de l’auteur « cette corpulence inconvenante qui est sonprésent reproche ».***  Le régimenécessaire pour réduire son épaisseur prit six ans, et le manuscrit original serévéla adéquat pour la publication de trois livres.

Dans une petite école du bush, Furphy avait engagé à vie Kate Baker, soninstitutrice dévouée, une ourse véritable qui, même après la mort de l’auteur,ne cessa pas d’œuvrer à la parution d’une nouvelle édition de son roman et d’unebiographie. Avec peu d’argent, peu d’encouragements, et peu de santé, elleavait persévéré jusqu’à ce que le monde apprenne que le livre de son écolierfavori était un chef d’œuvre.

Avec les sensibilités de nos jours, C’est la vie abonde de problèmesde racisme et de sexisme : les Chinois et les autochtones et quelquesfemmes étaient des êtres inférieurs. C’est, malheureusement, une image vraie de l’Australie dont les tracesrestent aujourd’hui. Un autre défi lexical est l’incidence d’allusionsclassiques, bibliques et littéraires. Sa mère, son premier professeur, n’avaitque La Bible et les œuvres de Shakespeare dans son armoire et, en dépit de sa hainedes prêtres et du « christianisme ecclésiastique », Furphy a truffé sonlivre libéralement de citations en latin. 

Ce roman de la vie d’un conducteur de bœufs qui refusait d’utiliser lelangage coloré typique de sa vocation, qui était toujours un champion despauvres, si blancs, et qui racontait des anecdotes hilarantes de façonirrésistible, est-ce vraiment un classique ?  Avant votre verdict, je vous exhorte à lirel’histoire de l’affaire énigmatique de l’auteur et de Mme Beaudesert àRunnymede.

*Such is life

**temper democratic; bias offensively Australian.

*** that unseemly corpulence which is its present reproach.

PAR CARMEL MAGUIRE

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EXTRAIT #3

Silence de pierre

Mon petit frère, Jean-François, était brillant. Né à une époque où les Français établissaient un grand empire, il montra, très jeune, un intérêt profond pour les civilisations anciennes et passa son adolescence à apprendre leurs langues : l’hébreu, l’arabe, le persan, le syriaque. Il voulait surtout en savoir plus sur l’ancienne terre des pharaons. Mais, quand Jean-François n’avait que 11 ans, les troupes de Napoléon, qui avaient envahi l’Egypte 3 ans plus tôt, subirent une défaite face aux Anglais. Ce fut un revers qui inspira la ferveur patriotique de mon frère ambitieux. Il commença à apprendre le copte, la langue des Egyptiens chrétiens issue directement des hiéroglyphes anciens. En plus, il reçut de notre cousin, homme de lettres, des informations importantes glanées lors de l’expédition française en Egypte. Les dés étaient jetés : mon frère voulait désespérément résoudre le grand mystère qui entourait cette culture perdue depuis des millénaires.
J’entendis mon frère dire à plusieurs reprises, elle est si mystérieuse, elle parle par énigmes, elle garde bien ses secrets malgré tous les efforts de tant de savants européens. Il était surtout conscient de l’œuvre d’un polymathe anglais, Thomas Young, un homme âgé de 17 ans de plus que Jean-François, un savant qui, lui aussi, voulait percer le mystère. « Il n’y parviendra pas » clamait mon frère, « ce n’est qu’un mathématicien. Il ne connaît pas cette culture. » Ainsi, mon frère se rassura mais, malgré ses propos plutôt dédaigneux à l’égard de Young, ce dernier réussit à découvrir certains des secrets. Il reconnut un nom propre, celui de Ptolémée, parmi les signes inconnus. Quoique Young ne possédât pas les compétences nécessaires pour aller plus loin, c’était une étape importante. Mais, à la fin, l’inscription sur la pierre, découverte à el-Rashid par les Français, cédée aux Anglais, exposée au British Museum, fut, après plus de 20 ans et un travail acharné, décodée par mon petit frère. C’était la pierre de Rosette.
Comment l’inscription fut-elle finalement déchiffrée ? Heureusement, l’inscription était gravée en 3 formes différentes : en grec classique, la langue des souverains grecs et de l’administration de l’Etat, une langue clef connue par mon frère et Young, et en deux formes d’égyptien ancien, à savoir, le démotique, l’écriture quotidienne du peuple et les hiéroglyphes sacerdotaux. Personne ne savait déchiffrer ces deux dernières formes d’écriture. Young se rendit compte qu’un groupe de hiéroglyphes était le nom du monarque, Ptolémée V. Il identifia aussi les sons des hiéroglyphes associés à ce nom propre mais il croyait, à tort, que les autres glyphes étaient picturaux et non phonétiques. En revanche, Jean-François comprit que les hiéroglyphes étaient, à la fois, picturaux et phonétiques, que cette écriture ancienne représentait, en même temps, l’image et le son. Il lui fut ainsi possible de composer un dictionnaire des hiéroglyphes.
Le long silence était rompu. « Repose-toi un peu sur tes lauriers », suppliai-je mon frère épuisé. Mais non ! Prochain défi à dévoiler, le processus de momification.

PAR ERIN GABRIELLE WHITE

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Le tonneau de vin

La famille Angove est vigneronne à Renmark depuis 1886. Maintenant j’avais douze ans, et pendant les vacances scolaires, j’avais le droit de travailler dans les caves. Bien sûr, je n’avais pas le droit de boire de vin, mais parfois je subtilisais une goutte du bout d’une bouteille. Mon oncle Tom, le chef d’entreprise, adorait faire du vin mais il aimait aussi inventer de nouvelles choses. Un jour, un berger nommé Costas qui portait un sac de vin en peau de mouton est revenu avec lui et ma tante de leur voyage en Grèce.

Il était assis sur le bureau de l’oncle Tom et lui parler était censé porter chance. Hier, j’entendis mon oncle se plaindre à Costas de ses problèmes avec le tonneau de vin. « J’en ai marre des tâtonnements, nous utilisons une mauvaise toile. » Tom était préoccupé par son projet de tonneau de vin depuis plus d’un an. Les bouteilles ou les flacons en verre étaient trop lourds et fragiles ; apporter du vin à un barbecue ou un pique-nique était essentiel. Nous entendîmes dire qu’un autre vigneron intriguait pour découvrir une nouvelle technologie. Ma tante, inspirée par le sac de Costas, suggéra que le plastique épais serait peut-être mieux que la toile. C’est une excellente idée, cela n’altérera pas le goût, déclara-t-il. Tom semblait heureux pour la première fois depuis des mois.

Il restait encore à résoudre le problème de l’oxydation. Il tapota Costas sur le dos et lui demanda de l'aider à inventer le conteneur.  Costas ne répondit pas. La statuette sur le bureau de mon oncle restait de marbre. Tom était frustré jusqu’à ce qu'il remarque le doigt de Costas pointé vers une photo du magazine automobile que je tenais en main. Il  y avait là un sac dans une boîte destiné à stocker l’acide de la batterie. Tom regarda attentivement la valve pour arrêter le flux d’air. « C’est la réponse au problème  ! ». Il exaltait, après des mois de déception. Le premier millésime de vin était là. Et il s’appela Costas.

Ce fut une année mémorable : j’allai au lycée, les Français effectuèrent des essais nucléaires à Muroroa et le tonneau de vin était arrivé. Bienvenue au Château cartonné de 1971.

PAR ANN B

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Une invention opportune

Le crépuscule s’approchait vite. Le groupe, heureux et légèrement brulé par le soleil, abandonna la plage.  À la maison de vacances de nos amis, la famille Brown, sur la côte sud de Sydney, Jacques, le père, servait les apéritifs ; sa femme Dorothée préparait le repas ; ses filles, Béa et Meryll, assistaient deux hôtes, Marie et moi, des collègues de Béa. Après nos douches froides, nous rejoignîmes les parents. Le temps, le soleil, la plage, la mer, la compagnie, toute la journée avait été excellente. Mais quelque chose y jetait une ombre et le badinage de la soirée était un peu forcé. La cause n’était pas éloignée. À la veille de notre weekend, un navire australien avait divisé en deux un destroyer australien Voyager. Quelques marins morts, d’autres disparus, présumés noyés. Béa, toujours prête à améliorer un contretemps social, demanda à son père : « Raconte-nous, Papa, l’histoire de ta fuite des Allemands en Crète pendant la guerre ». Oh ! Non, pas de nouveau !, susurra sa sœur. Mais le père se montra digne de la tâche. Il commença à dévoiler une histoire très différente.

L’eau chaude manquait à la maison. Jacques l’avait construite et la famille l’avait baptisée Du bois flotté. Le père, un homme d’affaires et bon ingénieur manqué, s’intéressait à l’énergie solaire. Ses enfants restaient sceptiques. Meryll se plaignait des trajets récents vers la côte car les conduites en cuivre étaient ses compagnons sur la banquette arrière de la voiture. Et pourquoi Papa gardait-il ces morceaux de métal plus précieusement que sa fille ? Sa mère lui avait assuré que ces obsessions paternelles étaient aussi sa progéniture.

Après le repas, Jacques nous invita à parcourir son domaine. Il nous conduisit à son hangar privé, le site de ses expériences et de ses rêves. Sous le toit de fer ondulé, et pour couvrir les murs du sud et du nord, étaient arrangées des conduites en cuivre, connectées à un robinet relié à une douche. Ouvre la douche, s’écria Meryll. Le pommeau de la douche tomba par terre et des litres d’eau chaude inondèrent les spectateurs. Béa, la philosophe, ferma le robinet et fit valoir que les plus grandes expériences commençaient toujours par des échecs.
Changer de pommeau, et recommencer le lendemain. Bientôt l’invention de Jacques Brown marcha assez bien pour produire assez d’eau chaude pour faire les douches de six femmes et de l’inventeur. Au contentement général.

PAR CARMEL MAGUIRE

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Un spectacle inattendu

Nous sommes arrivés à Saint-Etienne-du-Grès en Provence qui se trouvait sur l’ancienne route romaine, la Via Domitia. Nous avions prévu de visiter l’arène d’Arles, le célèbre marché de Saint-Rémy-de-Provence, de rouler sur les routes bordées de grands vieux platanes. Notre hôtel Mas Vidau, un ancien bâtiment sur la place Vidau, notre hôte un certain M. Vidau. Le domaine était charmant avec un jardin ensoleillé pour le petit déjeuner, une jolie piscine, mais encore un peu froide, et un potager avec des plantules de tomates de toutes sortes.

En contrebas du mur du jardin reposait une petite arène, l’arène de Saint-Etienne-du-Grès. Une affiche illustrée de taureaux, et par chance, c’était le jour de la Féria, une tradition camarguaise, dit notre hôte. Nous payâmes les frais d’entrée, 2 euros, et passâmes par une porte tournante en fer, et montâmes sur les bancs de bois. L’arène était un ovale sablonneux entouré d’arbres ombragés. Une foule locale, hommes, femmes et enfants, remplissait les bancs. Une petite troupe musicale jouait une fanfare, musique traditionnelle et entrainante. Un défilé entra, de petits taureaux noirs, avec des longues cornes pointues, dirigés par le chef taureau avec une cloche autour du cou. L’arène se vida et le jeu commença. Une équipe d’hommes, tout en blanc, entra et, un à la fois, les taureaux. Chacun portait une ficelle nouée fermement à la base d’une corne. Le but était de couper la ficelle évitant les cornes aiguës, sans y être empalés. Quelques joueurs entrainaient le taureau, les autres l’approchaient avec une sorte de rasoir sur les doigts d’une main. Les spectateurs criaient, hurlaient, encourageaient, murmuraient leur appréciation face aux mouvements agiles et dangereux. Si un taureau chassait un joueur,celui-ci devait courir vite et sauter au-dessus de la barrière. C’était très palpitant. Une voix rauque au haut-parleur décrivait les actions et nommait les joueurs. Cinq ou six tours et l’après-midi s’écoulait, la foule descendait des gradins.

Dans la rue flottait un air d’attente. Des barricades étaient en place, la rue vide. Le petit orchestre jouait sur le trottoir maintenant, les mélodies populaires : Hello Dolly. La foule attendait, pleine d’anticipation. Les officiels avertirent les gens de rester derrière les barricades. Soudainement se fit entendre le son, distant, des chevaux au galop. Une troupe de Camarguais, montés sur des grands chevaux blancs, se précipitaient le long de la rue. Les taureaux, leurs cornes maintenant protégées par des gaines en cuir, jaillirent de la porte de l’arène et les cavaliers poussèrent le troupeau vers les camions de transport. Il fallut plusieurs tours dans la rue pour remettre tous les taureaux dans les camions. Quelques braves (ou benêts) ados à pied tentèrent de donner un coup de main. Enfin les camions étaient remplis, ils partirent, les barricades furent pliées et rangées. La rue provençale déserte et calme.

PAR ANGELA LOW

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Fred triomphe


Je décidai que c'était le jour et l’heure, le premier confinement était fini et le déplacement des gens était permis. Il fallait que je rassemble les troupes ! Tout d'abord, j’appelai Mark. J’ai besoin que tu m’aides dans cette tâche gigantesque, lui dis-je. Je t’aiderai avec plaisir, j’y ai bien réussi dans le passé. Je te montrerai la technique parfaite ! dit-il. Ensuite, j’appelai Anastasia, mon amie d'enfance qui pouvait aussi emmener Fred, le cher compagnon de son père. Il nous aiderait dans la tâche. Finalement j’appelai Félix, qui était un homme de très bonne humeur et un foodie. Vous pouvez compter sur moi pour notre nourriture tout au long de cette manœuvre, il m’adjura. 

A demain à cinq heures du matin chez moi, insistai-je. Tous furent à l’heure prévue et nous partîmes. Nous conduisîmes pendant plus d'une heure avant d’arriver à l'endroit choisi au bord d'un lac. Il n’y avait personne à cause du temps incertain. 

Anastasia me présenta Fred, Mark me donna quelques conseils sur la meilleure technique à utiliser et il nous avertit  de l'importance de rester silencieux car l'élément de surprise était la clé dans cette entreprise. Avec une certaine nervosité, 
je saisis Fred, mon cœur battait comme une timbale, et je le lançai aussi bien et aussi loin que je pus. J’attendais… rien… je ramenai Fred et je réessayai. Mark murmura silence, nous ne pouvons pas les alerter de notre présence… Une fois encore, je jetai Fred à l’eau. D’un coup, je sentis mes doigts trembler, une fois, deux fois et puis je hurlai « oui, oui, j'en ai un ! J’ai quelque chose au bout de la ligne, c'est lourd. Tiens bon, mon vieux Fred ! » criai-je à la canne à pêche. Mark vint à mes côtés pour m’aider, et il saisit la canne. Tous mes copains hurlèrent « elle en a un au crochet ! »   Avec un clapotis énorme, la ligne sortit du lac. Je n'avais pas un grand poisson, quelle horreur, j’avais attrapé une chaussure ! Nous éclatâmes tous de rire. Je me sentais bête. Mais Félix était le sauveur du moment, il ouvrit une bouteille de champagne, en disant tu voulais attraper quelque chose aujourd'hui, et c’est fait !! A notre santé !

PAR PH

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