Georges Duhamel

Textes composés par les étudiants
du cours ATELIER DE LECTURE ET ECRITURE CREATIVE,
inspirés par 'Journal de Salavin' de Georges Duhamel.

L’Esprit d’une souris

Frère François, membre de l’ordre de Saint François, habitait un monastère à côté de l’école où il enseignait. A quarante ans, il comprit qu’il préférait ses livres à ses étudiants. Ce qui suit est l’inscription dans son journal intime pour le dimanche, 4 octobre 1955.

Le soleil se couchait. Je commençais à frémir, à maudire ma paresse infernale, mon habitude de rêvasser, mon manque de discipline, ma tendance à faire trainer les choses, surtout les préparatifs pour mes leçons. Et voilà qu’à ce moment-là, des cris rauques ponctués de quelques petits bruits bizarres interrompirent cette litanie de fautes. Les voyous, renvoyés plus tôt par Frère Félix, étaient revenus et faisaient du raffut dans la cour de badminton sous ma fenêtre. Je savais que quelqu’un devait faire quelque chose. Je sursautai. Où était Saint François ?

Avant d’aller plus loin, il faut que je fasse une pause pour m’expliquer. J’avais passé l’après-midi – comme d’habitude, malheureusement – à lire et à rêvasser, plus précisément à me réincarner en Saint François d’Assise et ensuite en Robert Louis Stevenson. Ah, quel courage résolu ! En voyant un homme qui maltraitait son chien, Stevenson avait objecté. Mais la brute avait répondu que le chien était le sien et qu’il pouvait le traiter comme il lui plaisait. « Mais non, dit mon héros écossais, ce chien, c’est une créature de Dieu et je suis là pour le protéger ». J’avais lu et relu cette réponse magnifique, si prompte, si juste. A n’en pas douter, moi aussi, je me serais comporté ainsi. J’avais aussi relu les Fioretti de mon patron, Saint François, un autre grand protecteur des créatures de Dieu. En particulier, j’adorais l’histoire de la conversion du loup de Gubbio où François persuade le loup de cesser de terroriser les hommes et les animaux du village. J’étais touché par la compassion du saint : « Frère loup, je sais bien que c’est la faim qui t’a fait commettre tout ce mal ». Après que Saint François l’eut pacifié, le loup put entrer dans les maisons pour être nourri par les habitants. Loué sois-tu, Seigneur, pour la foi de frère loup. Bon, c’est une jolie histoire. Mais du 13ème siècle ! Revenons au présent.

A peine eus-je entendu le vacarme que je distinguai les voix grossières de deux des tyrans de ma classe : « Voici Oise, il arrive ». Je reconnus mon surnom que je haïssais. La mort dans l’âme, je jetai, à travers la fenêtre, un coup d’œil furtif. Les deux délinquants, utilisant des raquettes de badminton, renvoyaient un objet par-dessus un filet, en criant à tue-tête nos surnoms « Oise ! Lix ! ». Tremblant, je me retirai. Mais l’objet, l’objet ! Je fermai les yeux. C’était une souris, une souris vivante ! Que faire ? Ma tête tournait. Je me bouchai les oreilles. Quelques souvenirs confus : je tombe à terre, je me sens mal, j’ai un haut-le-cœur, je sanglote, j’implore Dieu, non, je l’ordonne de les faire cesser, de les faire disparaître, de les renvoyer, de les faire décamper, de sauver la souris : « écoute-moi, tu dois m’écouter : je ne peux pas, je n’ose pas, je ne suis rien, tu es tout-puissant, fais-le ! »

Dong ! Dong ! Dong ! Le son de l’Angélus interrompit, comme surgissant d’un autre pays, mon délire. La puanteur de vomi envahit mes narines. J’allumai la lumière et me regardai dans le miroir : mon habit taché, mes yeux gonflés, ma lèvre inférieure ensanglantée, mes cheveux en bataille.

Un coup à ma porte : « Ça va, Frère François ? C’est l’heure de l’office. – Oui. Un moment, Frère Félix. J’arrive ».

PAR ERIN GABRIELLE WHITE

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La dernière leçon

Demelza est une jeune étudiante qui, après avoir vu un concert impressionnant, décide d’apprendre le violon. Elle trouve une prof, une vieille artiste européenne à la retraite, mais très vite Demelza se rend compte que c’est une grande erreur. Pourtant son prof, « Madame », est très effrayante et Demelza n’a pas le courage de lui dire qu’elle voudrait laisser tomber les leçons…

J’étais debout devant la porte, mon étui de violon à la main. Je ne voulais pas entrer. Je me sentais mal. J’avais peur.

Je voyais déjà la pièce noire claustrophobe, les rideaux de velours vert, le tableau des fleurs mortes accroché sur le mur à côté d’une photo de Madame en fourrures et perles il y a soixante-dix ans sur les marches de l’opéra de Prague. Je voyais le tapis épais avec les cendres du porte-cigarette de Madame, le piano lustré au coin et le sinistre chat glabre perché au-dessus. Je me voyais là, tremblante, l’archet levé devant Madame, une expression de douleur suprême sur son visage en attendant mes premières notes stridentes. C’était évident. Le violon me détestait. Je n’avais aucun talent. Si seulement je pouvais arrêter les leçons ! Mais c’était impossible. Madame me disait, trop de fois, à voix rauque et chevrotante : « Je n’abandonne jamais mes étudiants ! Vous comprenez ? JAMAIS ! » Mais je n’en pouvais plus. Aujourd’hui, je me disais, j’étais déterminée, je lui dirais. Rien ne m’en empêcherait.

Quinze heures pile. Je frappai à la porte, et comme d’habitude, sans attendre la réponse, je me glissai à l’intérieur. A peine eus-je cligné des yeux, je vis un homme, en cagoule, brandissant près de la gorge de Madame un couteau ! Un cambrioleur ? Un ex-mari vengeur ? Ou un de ses nombreux ennemis de son passé louche ? Sans réfléchir, je pousse un cri à glacer le sang et je lève mon étui en l’air. J’avance sur l’intrus et je frappe un coup puissant la tête. Il tombe, il s’écroule, il gémit. Je saute sur son dos. Je le frappe encore. Il se tait.

J’étais immobile, haletante. Le petit chat, qui nous regardait du haut du piano, se lécha les pattes et bailla. Madame, également calme, se leva. Elle enjamba le corps et le couteau sur le sol et décrocha le téléphone.

« Services d’urgence ? Je voudrais signaler un crime. Venez dans une demi-heure, s’il vous plait, pour enlever le défunt. J’ai une étudiante avec moi maintenant qui attend sa leçon du violon. »

Elle se tourna vers moi avec son petit sourire sévère habituel.

« Alors, on commence ? »

Lâche ! Lâche ! Je suis une telle lâche !

PAR URSULA

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Le Malade imaginaire

Sylvie a remarqué une sorte de protubérance sur son pouce qui, en très peu de temps, avait atteint la taille d’un pois chiche. Elle était convaincue que c’était un cancer, que c’était la manifestation de tu-meurs généralisées dans son corps, et qu’elle était sur le point de mourir/au bord de la mort. Elle est allée chez le médecin qui a fait faire des analyses. Sylvie est maintenant dans la salle d’attente, atten-dant le rendez-vous pour recevoir les résultats.

Je savais déjà que les nouvelles seraient mauvaises. J’eus longuement cherché sur Google – la source d’informations médicales la plus fiable – où je trouvai la confirmation que je devrais enfin faire face à ma mortalité. Il n’y avait pas de temps à perdre ; je devais planifier mes funérailles. Après mûre ré-flexion, j’avais fait une liste courte de ceux capables (au moins à mon avis) de faire l’éloge, favorisant ceux qui parleraient de mon courage face à la maladie qui m’avait prise trop jeune, de mon dévoue-ment désintéressé envers les autres malgré la douleur, et comment j’avais amélioré la vie de tous ceux qui me connaissaient. Et ainsi de suite.

À peine eus-je décidé sur la musique, j’entendis mon nom appelé par la voix forte de la réceptionniste, d’un ton sec et indifférent qui ne m’accordait pas du tout le respect de quelqu’un au seuil de la mort, « Madame. Suivez-moi ! Le docteur est prêt ! ». Boitant légèrement – pour lui rappeler mon état fra-gile et pitoyable – je traversai la salle d’attente. J’entrai dans le bureau, certaine déjà du diagnostic. Le médecin était assis derrière son bureau, sans aucun froncement de sourcils, pour me donner la grave nouvelle. Après avoir cherché distraitement parmi des fichiers sur son bureau, il dit « Alors, voyons…ouais…ouais…ah, c’est une verrue. Je vais tout de suite la congeler, juste deux ou trois pe-tites gouttes pour la faire tomber, et vous serez flambant neuve ! »

Attendez… il a dit quoi ?! Une verrue ?! Ce n’est pas possible ! Il a tort ! Moi, je n’ai jamais jamais jamais de ma vie touché à un crapaud !

PAR CM

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Un jour d’été de Carmel

Le temps était beau, les amis sympathiques et la mer scintillait. Un jour idéal pour la plage !

J’étais en pleine forme, j’avais aidé les deux filles de mes amis à mettre les maillots et trouver leurs chapeaux. Le reste de la compagnie était déjà entré dans l’eau quand nous y entrâmes. Sans hésitation, nous y plongeâmes. Presque immédiatement, je sentis la force du courant marin. J’avais conduit les enfants dans un ”rip” dangereux.

Avant d’aller plus loin, il faut que je fasse une parenthèse. Depuis l’enfance, je savais que j’étais destinée aux grandes choses. Mes sœurs n’y croyaient pas. Mes parents semblaient en douter. Mais, courageuse, audacieuse et gentille, je pouvais toujours imaginer les occasions. Je saisirais l’enfant devant la voiture folle. J’empêcherais le terroriste de faire détoner la bombe. J’apaiserais la foule « Ne poussez pas. Ne craignez pas. Il n’y a rien à voir ici ». Et puis je me précipiterais vers mon logement pour éviter l’adulation d’autrui. Alors, que s’est-il passé ?

A peine eus-je reconnu le danger, je commençais, les enfants oubliés, à nager pour sauver ma vie. Le plus fort de toutes mes forces, j’essayais de revenir à la plage, le plus vite vers la Nouvelle-Zélande. Les parents s’occupaient de sauver les enfants. Mon copain, bien intentionné mais myope, vacillait entre la mer, d’où il venait de voir ma tête disparaître, et la plage où se trouvaient ses lunettes. La plage n’était pas patrouillée et chaque vague frappait mon cou avec plus de force. Des scènes de ma vie passée commencèrent à se dérouler devant mes yeux et, avec terreur, je réalisais que j’étais une nageuse pathétique, capable seulement de nager en chien. Ce n’est pas tout – grâce à Dieu et à l’amour de la lecture – je me souvins d’un article d’un journal qui avait dit que ce n’était pas l’eau qui faisait se noyer les gens, mais la panique. Ainsi eus-je cessé de paniquer et je commençais de nager en chien, essayant de montrer du courage alors que les coquilles d’huitres griffaient mes jambes pendant que je grimpais le long des rochers au cap de la baie.

Mon retour à la plage reçut un accueil mixte. Le gosse qui avait trouvé la planche de surf avait manqué le coche. Mais tant pis. II aurait pu devenir un héros en me secourant. Mon copain, un homme fidèle à la vérité, n’aimait pas la rumeur que j’étais douée en natation. Les parents des filles ne m’ont plus jamais invitée, ni à la plage ni ailleurs.

Et moi ? Quel choc ! La femme d’action disparue, démembrée par la réalité. Quel soulagement d’être finalement devenue bibliothécaire !

PAR CARMEL MAGUIRE

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Meilleures intentions

Autosatisfaite de son mariage, Lucinda est résolue de jouer le rôle d’entremetteuse pour ses amis.

Le diner était prêt, la table était mise avec la nappe précieuse, les couverts brillaient. Mes deux enfants, Ruby et Sebastien, nickel en pyjamas, ayant aidé à allumer les bougies, attendaient pour dire bonsoir avant de monter au lit. Tout était parfait. On sonna. Hugo et Zara, riant ensemble, se présentaient au seuil.

Avant d’aller plus loin, il faut que je fasse une parenthèse. J’avais préparé le terrain pour deux amis célibataires. Hugo, un collègue de mon mari, était très aimable, riche et beau. Il adorait mes enfants. Zara, une femme sophistiquée, travaillait dans la mode. Je pensais qu’ils seraient idéaux l’un pour l’autre. Et Zara avait plus de trente ans, eh bien, l’horloge biologique tournait. J’avais imaginé mille fois, un mariage béni du ciel. Ils auraient des enfants si mignons qui m’appelleraient Tante Lucie. Je serais plein de sagesse, donnant des astuces pour un mariage fidèle, je serais l’hôte parfaite à toutes nos fêtes partagées. Bon ! A table.

Hugo me donna un grand bouquet de fleurs et du vin. Zara n’apporta rien. Hugo dit : « Bonne nuit, mes petits choux, dormez bien » aux enfants. Zara les regarda de l’autre côté du salon. Elle était vêtue d’une robe en velours noir, très simple, très chic, très moulante, (très chère). A peine eus-je pris, pour le bouquet, je saisis mon vase le plus grand et le mit sur la table. Un peu trop grand, il était difficile de se voir les uns les autres. En servant la soupe, j’en versai une cuillère sur Zara. Elle fit un bond, le vase tomba, l’eau se répandit partout. Elle cria : « Putain, tu as ruiné ma robe. » Reculant à la cuisine, j’entendis les voix contestataires. Hugo essayait de la calmer mais Zara était enragée. « Pourquoi tu dis ça, elle ne sait rien des couturiers importants. » et « Elle, mon amie ? Avec sa maison pénible, sa banlieue moche, ses maudits enfants. Elle est pas mon genre. J’ai toujours détesté tout ça ! » et elle partit. Les enfants commencèrent à hurler.

Le lendemain matin, je regardais la cuisine, quel bordel. Les plats pleins de nourriture non mangée. Les enfants s’étaient servis de dessert, à la main. Ruby mangea des pois au wasabi et commença à pleurnicher. Sebastien avait une couche sale. Je pris un verre de vin (excellent, merci Hugo) et je pleurai.

Merde, merde et merde ! Quel désastre ! Malgré les meilleures intentions, pourquoi fait-on ingérence dans la vie d’autrui !

PAR ANGELA LOW

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Le Mariage idéal

Béatrice désirait une cérémonie de mariage parfaite. Elle n’avait plus l’espoir de trouver l’homme de ses rêves, mais, c’était arrivé et elle voulait une célébration en plein air aux Jardins Botaniques.

Je commençais à m’inquiéter vers midi. Auparavant, le soleil brillait, il y avait une petite brise douce et j’étais aux anges. Mais le ciel s’obscurcit, il se couvrit de nuages sombres et il commença à faire nuit.

Avant d’aller plus loin, il faut que je fasse une parenthèse. Les préparatifs de cette occasion avaient été bien faits pour que toutes mes prières soient exaucées. « Ô dieux bénins, aidez-moi ! ». On avait trouvé l’endroit idyllique sous un jacaranda pour l’échange de nos vœux devant le célébrant. Georges, l’ami de mon fiancé, m’avait assuré qu’il n’oublierait pas nos deux alliances de mariage. « Ne t’inquiète pas ! ». La couturière m’avait promis que ma robe en soie, d’un rouge cerise, serait prête. Tous les invités avaient été renseignés sur l’heure et le lieu de la cérémonie. Le champagne avait été rafraîchi, le Saint-Honoré paré.

Peut-être y eut-il un coup de tonnerre violent, suivi d’un éclair, mais je revins à moi : un craquement écrasant et une grande branche du jacaranda tomba par terre en créant un trou béant. « Ô dieux malins ! ». Elle faillit tuer le célébrant. Dans le désarroi, j’entendis crier ma future belle-mère « Quel désastre ! Au secours ! », elle perdit son chapeau original, emporté par le vent. Il tomba des cordes et en un instant la pluie fit fondre le Saint-Honoré, le transformant en pâte collante. Les alliances disparurent dans la pelouse, frappées de la main de Georges par le feuillage épais de l’arbre tombé. Tout le monde fut trempé et ma robe – si belle ! – rétrécit autour de mon corps. Mon visage ruissela d’eau rouge vif à cause de la teinture … Nous manifestâmes tant de rires hystériques et tant de pleurs qu’il n’y avait rien à faire sauf continuer la cérémonie – improvisée.

Il ne servait à rien de vilipender les dieux méchants pour ce mauvais coup : on doit s’accommoder du mieux que l’on peut. Maintenant encore, j’en ai un frisson dans le dos en me rappelant notre mariage idéal.

PAR ROSE CHENEY

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Natalie

Natalie et sa famille avaient déménagé six mois plus tôt et sa famille élargie était les invités au déjeuner pour célébrer son anniversaire. La dernière fois qu’ils étaient tous ensemble, les relations avaient été assez tendues et elle espérait que ses proches pourraient tourner la page et que l’après-midi serait paisible et cordial.

C’est au printemps. Le jardin est plein de couleur et de vitalité. Tout est prêt. Je veux de tout mon cœur faire bonne impression et améliorer les relations familiales. Cette fois serait différente !

Je dois dire que j’attendais cet évènement avec impatience, ça faisait un bail que la famille n’avait été ensemble. J’avais imaginé fréquemment la scène conviviale. Je serais charmante, décontractée, offrant un accueil chaleureux à tous. Je passerais d’une personne à l’autre comme un papillon adorable, je leur parlerais aisément en me souvenant de la suite de leurs vies et je serais entièrement à l’aise. Tout le monde nous féliciterait d’avoir offert un repas délectable. Il y aurait beaucoup de conversations stimulantes entre les adultes et les enfants joueraient ensemble sans aucun conflit. Tout serait merveilleux. Mais, la réalité fut tout autre !

A peine fûmes-nous installés, j’entendis, du fond du jardin, des cris affreux de secours :

« Antoine est tombé à l’eau ! » Nous courûmes vers la piscine et Antoine fut sauvé de la noyade. Sa mère accusa son mari de ne pas s’occuper de leur fils et ensuite il la critiqua pour sa négligence. La grand-mère les blâma tous les deux de ne pas prendre soin de leur fils. Ils continuèrent à se disputer pendant que le petit Antoine grelottait à deux pas. L’ambiance était cassée, tout le monde était gêné. En retournant à table je découvris que la viande, préparée avec des herbes marocaines, n’était plus là. J’appelai le chien mais il n’apparut pas. J’entrai dans la cuisine où j’aperçus, sous la table, un os entre les dents, le chien malfaisant. A côté je vis l’emballage du chocolat de la plus haute qualité – un cadeau exquis – et les restes d’une tarte tropézienne arrachée du plan de travail. Le chien les avait tout engloutis. J’étais verte de rage mais je m’entendis crier « Le chocolat, c’est toxique pour les animaux ! ». Rapidement mon mari souleva le chien et partit à la recherche d’un vétérinaire disponible les dimanches après-midi !

Gênée et déçue, il me semblait que la petite fête avait été ruinée, mais, en revenant au jardin, j’entendis des conversations animées et les cris enthousiastes des enfants. Les invités étaient en train de manger ce qui restait du plat principal après sa disparition – des salades flétries, du pain sec et du vin chaud. L’après-midi se déroula calmement avec beaucoup de plaisanteries au sujet de la viande volée et du chien prodigieusement méchant.

PAR KAREN B

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La Bénédiction d’une femme est le fardeau d’une autre femme

La narratrice était à une soirée pour lancer le premier d’une série de quatre manuels scolaires dont elle était l’auteure.

L’événement fut précédé d’une présentation de livres accompagnée d’un argumentaire de vente pour les acheteurs potentiels. Tout le monde ensuite s’installa dans la pièce voisine où j’attendais le lancement officiel du livre. Des visages souriants, quelques discours, des félicitations, un peu de champagne. L’occasion de célébrer.

Avant d’aller plus loin, il faut que j’explique un peu le contexte. Pour moi, cette soirée représentait l’aboutissement de deux années de travail acharné. Néanmoins, le projet me donna beaucoup de satisfaction. J’aimais beaucoup le sujet. J’aimais beaucoup le travail d’écriture. Et maintenant, ce manuel scolaire amènerait mon travail à une audience nationale de lecteurs. J’aurais la perspective des redevances plus importantes que celles que j’avais obtenues avec mes livres précédents qui étaient limités aux lecteurs en Nouvelle Galles du Sud. Mes efforts étaient sur le point d’être récompensés. Je pourrais peut-être même abandonner mon gagne-pain comme professeur.

« Mary ! » Une voix familière. C’était une ancienne collègue qui était devenue proviseur d’un lycée. Elle m’accueillit chaleureusement. Elle me félicita de la publication de mon livre d’histoire et particulièrement de mon choix de maison d’édition. Mais elle exprima son admiration réelle pour mon éditeur et sa stratégie marketing, qu’elle venait d’entendre expliquée : pour se distinguer des autres maisons d’édition avec des produits semblables, ma maison d’édition avait décidé d’offrir les livres « en pack » ainsi que séparément – six sujets différents pour un prix total de cent dollars !

Cette nouvelle fit l’effet d’une bombe. Mais il faut que je fasse attention : Respire ! Souris ! Ne la laisse pas voir ton choc ! Garde ton calme ! Je continuai la conversation comme si rien ne s’était passé. En même temps, je faisais quelques calculs : chaque livre vendu séparément me rapporterait des redevances d’environ neuf dollars ; chaque livre vendu « en pack » ne me rapporterait que des redevances de 1,6 dollars.

Et voilà qu’à ce moment-là mes espoirs de redevances plus lucratives disparurent.

PAR MAUREEN S

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Le vol à Paris

La famille Foster, dont la mère Ann, les filles Katie et Julia, et les petites-filles, Marlo et Saskia était en vacances à Paris.

La semaine avait été très agréable et le temps à la fin de juin était ensoleillé. À partir du moment où les fillettes arrivèrent à Paris, elles attendaient avec impatience l’aventure prévue pour le lendemain. Les attractions touristiques dépassaient les attentes à leurs yeux. J’eus la chance d’ apprécier Paris du point de vue des gosses !! On fit une réservation à Amboise dans la Vallée de la Loire pour une autre semaine et aussi pour célébrer l’anniversaire de Julia, le 4 juillet.

Nous voulions voyager en train et naturellement mes filles avaient besoin de plus grandes valises pour les fillettes. Moi j’étais très heureuse et plutôt soulagée parce que je pus ranger mes vêtements dans mon bagage à main. J’avais pensé mille et mille fois que j’aimerais voyager plus, mais la pire tâche était de faire mes valises. Quand je voyageais avec mon mari, je prenais toujours trop de vêtements, maintenant je devais porter ma valise moi-même. Je rêvais que je serais suivie partout par une suite de servantes portant tous mes bagages. Je ressemblerais à une princesse ou à une star de cinéma.

Le chauffeur arriva à l’heure, je l’observai à l’extérieur près de l’entrée. Le véhicule était un monospace et je vis que le coffre était ouvert. Le chauffeur aida Julia à déposer la valise dans le coffre, Katie et les petites-filles arrivèrent avec l’autre grande valise, Bon ! On peut partir. Zut! Arrête! Je criai « Ma valise n’est pas là ! » Panique !!

C’était absurde parce que le chauffeur était là, à côté de la voiture. Il dit qu’il n’avait pas quitté la voiture plus d’une minute. Peut-être était-il en complot avec les voleurs ? Impossible ! Mon Dieu ! Je me souviens que les billets de train étaient dans la valise ! Nous étions furieuses mais impuissantes, la valise avait été volée avec mes vêtements, mon maquillage et mes médicaments !!! Les enfants étaient inquiètes. Saskia dit « Pauvre grand-mère ! Va-t-elle mourir sans ses pilules ? ».

Le voyage en train, deuxième classe cette fois, fut sans incident. Les fillettes trouvèrent les chateaux historiques magnifiques. Et je pus acheter beaucoup de nouveaux vêtements avec l’aide de mes belles petites-filles.

PAR ANN B

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La valse nuptiale

Le jour de mariage était arrivé.

Je commençais à maudire ma faiblesse, ma soumission aux idées préconçues, les règles imposées par la société, la médiocrité. Voilà qu’à ce moment mes rêves se dissolvent…

J’entends les cris : « Vivre heureux à pour l’éternité » !

Afin Avant de continuer, il faut que je fasse une digression. Le mariage, le jour du commencement de la vie, « le plus beau jour de la vie », garantie d’une union sublime. J’y avais donc réfléchi mille fois, finalement, adhérant aux règles, je scellais cette union <pour toujours. > ..Je serais princesse con- volant avec mon prince, ce chevalier en armure étincelante. Je serais la mariée rayonnante. Je m’habillerais en robe splendide, portant un voile avec une traîne , dansant avec nonchalance, marchant comme un mannequin dans un défilé – au rythme des Quatre Saisons de Vivaldi – une marche d’honneur, je serais entourée d’admirateurs. Une coiffure de princesse, une robe splendide, tout était organisé arrangé dans ma tête. AlorsMais! Revenons revenons à la réalité.

Je fis un bond, « acte de foi », un bond audacieux, qui me transporta sur une pente descendante, une succession d’évènements, commençant par une coiffure qui faisait penser à un balai de paille, à cause de mon coiffeur ivre, sans parler de mon choix audacieux de porter un jodhpur en cuir, choix audacieux, tout d’un coup inapproprié : le trac m’envahit, peut-être lanceur d’alerte, le révérend Hâte remplaça remplace le célébrant qui n’était ne vient pas venu, tous les invités sont en état d’ébriété , il est trop tard pour assurer leur sobriété. Je tressaille, je frissonne, mais j’avance : la marche d’honneur, une marche de trépida- tion, les coups de tonnerre dehors oblitèrent ceux des reprises de Vivaldi. Sans parler du discours du témoin qui omis omet ma presence. Les cris en vain : « Alors Amanda ? Et Amanda » ? se perdent étaient per- dus parmi la confusion.

Je ne saurais dire, aujourd’hui, combien de temps je restai dans ce cauchemar. J’étais descendue dans l’abîme, j’avais perdu mon chemin et mon identité. Le lendemain, je ne saurais donner l’expli- cation, mais je repris ma course, vers le sommet de l’échelle, l’échelle de mes rêves. J’entendais le chant joyeux des oiseaux du printemps de Vivaldi.

PAR AMANDA

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