George Sand

Textes composés par les étudiants
du cours ATELIER DE LECTURE ET ECRITURE CREATIVE,
inspirés par 'Histoire de ma vie' de George Sand.

Le toit bleu


Mon père était constructeur et en 1946, il promit que la famille aurait une maison à la plage ; il acheta un bloc de terrain sur la colline surplombant la plage de Newport. Elle était orientée également vers la baie de Pittwater avec des yachts, des bateaux de croisière et des chalets de pêcheurs.
Bien que la construction eût lieu en hiver, la famille visitait le site chaque week-end pour surveiller les progrès, je suppose ; finalement elle fut terminée, pas à temps pour Noël, mais plutôt pour les vacances scolaires de janvier.
   
C’était une maison en bois peinte en blanc avec un toit de tuiles bleu vif. Je pense qu’elle était plus grande que celle que mon père avait imaginée, certainement nous avions plus de salles de bains que dans notre maison en ville. Ce fut le début de tant de vacances d’été en famille ; nous restions quatre semaines chaque année J’étais autorisée à inviter mes amies de l’école à y séjourner ; au fil des années, les garçons étaient autorisés, à dormir en bas bien sûr.
 
Tant de souvenirs me reviennent pendant j’écris ceci plus de soixante-dix ans plus tard : nous n’avions pas beaucoup de voisins et nous allions faire des promenades dans la brousse et nous cueillions des baies noires qui semblaient pousser partout. Les images du lever et du coucher du soleil et la pleine lune sur la mer sont gravées dans ma mémoire comme le bruit des vagues qui clapotaient sur le rivage.
 
Maintenant la petite station balnéaire est une banlieue animée avec de nombreuses maisons et appartements ; il y a des centres commerciaux, des restaurants et trop de voitures ! En janvier dernier, nous avons vérifié si notre maison était toujours là ; elle avait été modernisée mais elle était encore perchée, avec son toit bleu, au sommet de la colline.

PAR ANN B

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Le paradis perdu

J’ai composé mon autobiographie, Histoire de ma vie, où j'ai évoqué les premières années de mon enfance.

Si je me souviens bien, je n'étais pas retournée à Black Rock depuis 1957, à l'âge de six ans, quand je suis allée vivre chez ma grand-mère de cœur qui vivait dans les Montagnes bleues. Elle accepta de veiller sur moi après le divorce de mes parents. Belle et charmante, elle était toujours vêtue de luxe ; son nom Richelieu faisait penser à un lien avec l'aristocratie.
Son esprit, une encyclopédie d'idées.

C'est elle qui m'a encouragée à écrire, à explorer le monde au-delà des confins de Black Rock.
Je passais mes soirées à lire et à écrire ; je parcourais des années à voyager à travers le monde.
Je pourrais juxtaposer les images que j'ai retenues dans ma tête et en faire un plan de cette habitation à Black Rock. 

D'aussi loin que je m'en souvienne, c'était une maison modeste ; à l'âge que j'avais, c'était une maison enchantée ; ma maison était près de la plage. J'aimais habiter là parce que la vie était plus calme qu'en ville.

Cette maison était vieille, traditionnelle, faite de bois et de pierre. Elle n'était pas trop grande, mais il y avait un jardin avec de grands arbres. Il y avait un grenier où se trouvait ma chambre ; un grand couloir qui semblait s'étendre à l'infini ; deux marches menant au salon, « le musée » comme l'avait nommé mon père ; de grandes baies vitrées du sol au plafond, donnant sur le jardin immense, fort petit en réalité, dominé par le saule qui semblait atteindre les nuages ; je grimpais à l'arbre magique où je me liais d'amitié avec Moonface et Fairy soyeux ; je ne me sentais jamais seule.

Au fond du jardin, il y avait une maisonnette, un petit palace, en réalité un cabanon. Je m'y échappais souvent pour dormir avec mon chien ; j'avais l'impression d'être au paradis. 

« Les vrais paradis sont les paradis qu'on a perdus » Marcel Proust /Le temps retrouvé

PAR AMANDA

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Vestiges de ma vie

Je crois que j’ai rendu visite à ma tante célibataire à Holbrook, un petit village de campagne en Nouvelle-Galles du Sud, deux fois pendant mon enfance car, sur les photos prises alors en ce lieu, j’arbore soit une tenue d’été, soit une tenue d’hiver. Donc, je suis sûre que j’ai passé au moins deux séjours dans cette grande maison de campagne mais peut-être ma mère et moi avons fait le long trajet vers Holbrook plus de deux fois avant 1952, c’est-à-dire avant mon onzième anniversaire où ma famille et moi nous installâmes dans le Queensland. Que je me trompe ou non, je dirai ici que, durant mon enfance, je suis allée à la campagne. A l’âge que j’avais alors, ces séjours étaient paradisiaques.
Ma tante était employée par les propriétaires de cette ferme comme gouvernante pour leur fille, Susanne, qui n’avait qu’un an de plus que moi, un âge parfait pour devenir camarades. Je comprends aujourd’hui que ces séjours semblaient si magiques car, à cette époque-là, je vivais la vie d’une enfant unique dans un appartement à Coogee, une banlieue à Sydney en bord de mer. Mais les longues journées passées à la campagne à nourrir les petits agneaux et les poules, à cueillir les carottes, les patates et les petits pois dans le potager, à faire du vélo sur les chemins de terre pour aller chercher le courrier, à faire le beurre et séparer la crème du lait dans la laiterie, à jouer avec Susanne dans la maisonnette avec les poupées et les soldats de plomb… ces journées-là étaient bien loin de mes journées en ville où les lettres et le lait étaient livrés devant notre porte d’entrée et le beurre et les légumes étaient achetés dans un magasin. A Holbrook, j’étais libre et tout était gratuit !
Les caractéristiques de cette propriété rurale restent fortement dans ma mémoire : la grande véranda à persiennes où je dormais avec les autres enfants pendant les nuits d’été, le feu énorme dans la cheminée du salon autour duquel nous nous réunissions les soirs d’hiver, la cuisine avec le poêle noir massif et les pots en cuivre au-dessus et la poche à eau en toile accrochée à la porte du fond. Jusqu’à aujourd’hui, le goût de cette eau parfumée par la toile me reste en mémoire. A la fin de ces vacances, je souhaitais que nous pussions y vivre pour toujours.

Même si j’étais séduite par cet endroit, je doute de pouvoir me souvenir de la date de ma dernière visite mais, l’autre jour, je me suis soudain rendu compte qu’il y avait des indices concrets et que ces indices se trouvaient sous mon nez. Sur une étagère devant moi se tiennent deux petits objets en porcelaine, une tasse et un pichet. Je les vois chaque jour quand j’écris à mon bureau. Ce sont les vestiges des cadeaux que mon père m’a donnés au moment où il est rentré du Japon après l’occupation du Japon à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Les forces australiennes ont participé à cette occupation mais les soldats sont revenus chez eux fin 1948. C’est mon indice principal car, avec l’aide de ma tante, j’ai dessiné ces petits objets pendant ma dernière visite à Holbrook. Par conséquent, cette visite a eu lieu entre 1949 et 1951. J’en suis sûre !

PAR ERIN GABRIELLE WHITE

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En ouvrant les rideaux de la mémoire

Je me souviens du lieu sans difficulté ; j’avais quatre ou cinq ans, ainsi l’année fut 1937 ou 1938. Notre famille, mes parents, ma sœur, et moi sommes arrivés en vacances à Tweed Heads, dans la pension de famille qui s’appelait « Saint Helen’s » dont Tante Marie était la propriétaire. Que je me trompe ou non, je placerai ici que le nom était hérité des propriétaires antérieurs. Tante Marie était la tante de ma mère, la sœur ainée de ma grande-mère. J’étais perplexe quand j’ai réalisé que ses enfants, ces nouveaux cousins, étaient trop vieux pour jouer et ils avaient deux noms de famille différents. Ma sœur, de six ans plus âgée que moi, me dit que Tante Marie avait eu deux maris.
La vieille maison en bois, avec un toit en fer de rayures rouges et roses, et avec une véranda le long de la façade, se trouvait juste au-dessus du chemin de fer et très proche de la gare. Un seul train arrivait et puis partait chaque jour. Pour moi, un lieu de possibilités infinies, mais mon père devenait nerveux et autoritaire chaque fois que j'essayais de partir vers la véranda. Ce n’était pas grave parce que je me cachais, heureuse, sous la table presque aussi longue que la salle de séjour. Là, dans cette salle qui se trouvait au centre géographique, pratique et social de la maison, je m’amusais à observer les chevilles et les pieds des adultes et, même plus, à écouter beaucoup de choses intéressantes, pas normalement mentionnées devant les enfants. Tout le monde m’avait oubliée, sauf ma cousine, Emma, une sorcière sortie des contes de fées dont le rôle était la persécution des enfants. Elle arrivait, entre ses travaux de ménage, et annonçait à tous : « Gare ! Une petite aux oreilles immenses est présente ! ».
C’était dans ce milieu où je rencontrai mon premier goût de désapprobation sérieuse. Notre nouveau cousin, Frank, jouait du violon et sa famille l’avait jugé très doué. Je n’étais pas sensible au grand honneur qui m’était accordé quand Cousine Em annonça qu’elle supposait que ‘la gosse’ pût assister au concours de musique où Frank allait jouer. Il faisait chaud  ce soir-là ; la salle paroissiale était pleine ; la musique continuait sans arrêt, et le tour de Frank n’arrivait pas. Je m’ennuyais à mourir. Soudain la musique cesse et, très heureuse, je me tins debout et je criai à haute voix :  « Allons-y ! Tante Marie m’a promis du gâteau au chocolat pour le souper. » L’audience était amusée mais le moment n’était pas propice. La pause de la musique était l’arrivée sur scène de Frank et de son violon. Ma sœur me souffla, satisfaite : « Em va te tuer ! ».
Plus de quatre-vingts ans plus tard, je peux mieux comprendre la situation de Cousine Em qui endossait le fardeau d’une entreprise peu profitable, un fardeau rendu plus lourd par l’hospitalité prodigue de sa mère, ou par le choix des ingrédients et des portions des repas qu’elle préparait ou par les hôtes chéris dont le loyer était souvent payé en retard. Pour des causes oubliées, c’était la dernière occasion où nos deux familles se sont retrouvées, à la plage ou ailleurs.

PAR CARMEL MAGUIRE

AMANDA

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