Gaël Faye

Textes composés par les étudiants
du cours ATELIER DE LECTURE ET ECRITURE CREATIVE,
inspirés par 'Petit Pays' de Gaël Faye.

Petit Port Grimaud

Cité imaginé lacustre
Ta splendeur je vais l’illustrer
Le mistral t’a menacé mais tu l’as ignoré
Petit Port Grimaud
Cité imaginé lacustre
Tu restes une merveille tu n’as pas de pareil
Petit port implanté au golfe de Saint Tropez
Parfaitement intégré à l’environnement méditérrannée
C’était sur le bateau de mon père que j’ai découvert ce paradis sur terre
Sous les mains d’Henri Wauquier le chantier renommé
Son bateau a été créé ” La Citadelle ” a pris son passerelle
Petit Port Grimaud tes façades colorés tes petites ruelles cité sans parallèle
Sur ce bateau à voile j’ai dormis sous les étoiles
Les soirs océaniques apaisaient tout ce qui était tragique
L’oeil rouge du soleil je me rappelle mon réveil
Ô déesses de la tendresse ! Ta puissance d’où naît la sagesse
Ce vortex de paix je me baigne dans la tranquillité
Loin de mon pays natal
Remémorer le mistral ça m’est égal
La menace de la tempête rien ne t’embête
Le ciel fâché et gris je me rappelle ton souris
Je t’envoie ce message au fil de l’eau je ne perd pas ma place sur le bateau
Remémorer ma vie sans soucis dans ce petit paradis
Loin de mon pays natal je me transporte des choses banales
Petit Port Grimaud conçu par un architecte français qui a mis ses propres frais
François Spoerry pour cela je te remercie
Cité magnifique construction unique

Je ne jouirai un bonheur sur terre que quand je me rappelle de ton majesté exemplaire

Refrain
Petit port unique filtre de la tragique
Quand tu vis je vis
Quand tu souris je souris
Petit port je t’aime
Réputé pour les mistral
Pour toi ça t’es égal.

PAR AMANDA

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Le rap de Rochechouart

J’écris cette chanson pour rendre hommage à un lieu
Un lieu à Paris que nous avons découvert il y a quinze ans
Je me suis devouée à la recherche avec mes filles
Nous souhaitions un havre pour notre famille

C’était pendant une chaude journée dans le mois de juillet
Nous avons trouvé l’appartement dans une voie renommée
Chaque année nous trouvions de nouveaux plaisirs
Nos photos nous rappellent de bons souvenirs

Nous avons atteint un rêve un pied à terre à Paris
Maintenant nous appartenions au quartier parisien
Il s’appelle Rochechouart un nom noble et célèbre
Je voudrais partager les délices de notre demeure

Où se trouve le Rochechouart, c’est dans le nord-est du neuvième
Le deuxième le dix-huitième et le dixième sont les voisins
Beaucoup de touristes connaissent les grands boulevards
Avec les immeubles de prestige et les grandes surfaces

Il y a tellement de monuments célèbres dans nos quartiers
L’opéra les musées et les belles églises
On peut voir le Sacré – Cœur de la rue Rochechouart
Notre nid sur la même rue au deuxième étage

La bordure de mon quartier est la Butte Montmartre
Un district très connu et renommé pour les arts
A Rochechouart on trouve des passages couverts en verre
Ils sont superbes pour parcourir, explorer ou flâner

Les boulangeries avec les viennoiseries sont inoubliables
Le marché chaque vendredi dans l’avenue Trudaine
Chaque étal va offrir un goût agréable
C’est un quartier vivant surtout à Pigalle

Rochechouart je t’envoie cette carte postale
Je suis ici dans ma terre natale, l’Australie
Mes souvenirs vont rester dans mon cœur
Pour toute ma vie

PAR ANN B

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Les Gosses endormis

Sous la cellophane froissée dans les photos décolorées
sur les pages jaunies, deux gosses endormis
sur le siège arrière un binôme exemplaire côte à côte, vulnérable, angélique, mes repères
et je ne sais pas encore comment c’est possible de les parfaire
ces images me remémorent des vacances hivernales et printanières
dans un paradis temporaire, secret, isolés au bord de la mer
où nous retrouvions le calme, la paix et la nature héréditaire

Le matin nous déambulons le long de la plage, les pieds-nus dans l’écume des vagues déjà disparues
l’eau de mer coule sur les doigts gelés, puis recule vers l’horizon et les vagues régénérées
quel plaisir de patauger dans l’eau pure, propre, purifiée
de sentir la brise fraiche dans les cheveux échevelés
sur le dos de mon mari un fils est captivé par le chien cajolé
et les mouettes pourchassées au ciel pas encore ensoleillé
il rie il rigole, il remue les bras rapidement contre le vent
lorsque dans les flaques des crabes camouflés se cachent des géants envahissants
il éclate de rire ce qui nous rend un moment éblouissant

Sur la plage hivernale nous sommes les seuls intrus
les marées sont plus hautes et la mer apporte
le vent qui provoque des vagues fantastiquement fortes
la force de la nature est vraiment exposée à vue
depuis la falaise ou maintenant nous quatre sommes refugiés
nous attendons patiemment et nous sommes récompensés
car un groupe de baleines – à fanons, à bosse, Minke, grises – inconnues
apparaissent dans la baie tout près des rochers moussus
et nous sommes bouche-bée quand elles plongent et remontent
ces animaux gigantesques spectaculaires extraordinaires
nous donnent un souvenir familial, spécial, cher
d’un lieu que j’espère reste dans la mémoire des gosses endormis sur le siège arrière.

PAR KAREN B

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P’tite école

[Refrain]
P’tite école
Je t’ai aimée
P’tite école
Je t’ai fêtée
P’tite école
T’as disparu
Longtemps longtemps de ma vue

[Couplet 1]
Soubirous aux tropiques ma chère alma mater
Soubirous aux tropiques au bord de la mer
Loin de Sainte Bernadette de Lourdes et de Nevers
Les fêtes des saints catholiques ponctuaient nos vies
Et aujourd’hui ce 17 mars c’est Patrick que je prie
Comme les restes d’une étoile filante les années cinquante laissent leur trace
Apparente dans nos attitudes et la mémoire de ma race
Inconscientes chez nous sur ce lointain rivage
La carte de l’Europe gravée sur nos visages
Anglo-celtes presque toutes
Blondes brunettes et rousses sans doute
Margaret Anne et Helene
Pas de personnes indigènes

[Refrain]

[Couplet 2]
Tous les matins la cloche sonnait pour la Messe de 6 heures et demie
Graduellement les rituels catholiques moulaient nos esprits
Maintes et maintes fois la Confession la Communion la Bénédiction et les Sodalités
Le Sacré Cœur Les Anges Saints Les Enfants de Marie à jamais pour toute éternité
Tous les matins la cloche sonnait pour les cours commençant à 8 heures et demie
Les matières traditionnelles à savoir anglais maths histoire et géographie
Chimie physique langues étrangères plus une fête de poésie
Les romans classiques et les fables fantastiques de la Fontaine
Une scolarité de haut degré modérée par des fredaines soudaines
Une nuit à minuit dans la buanderie parmi les tas de draps sales
Des gâteaux et des saucissons ont fait de notre festin un vrai festival
Nos routines monotones pimentées de frasques fréquentes
Les mûres dérobées les méduses dans les souliers et nous gamines toujours innocentes
Les châtiments résultants adaptés par les sœurs toujours toujours vigilantes

[Refrain]

[Couplet 3]
Poinciana arbre royal des tropiques
Dans nos jeux d’enfance tu étais mythique
Fleurs couleur de vive flamme
L’orange-rouge même de nos jeunes âmes
Epanouissement resplendissant lieu splendide pour nous ados
Où nous faisions des grimaces en nous prenant en photo
Pois de senteur toi tu grimpais pour masquer l’incinérateur
Allons-y cueillez-les mes enfants invitaient les professeurs
Ils donneront de plus en plus de fleurs
Ils donneront leur parfum pour votre plus grand bonheur
Plus de soixante ans plus tard cette douce odeur
Me rappelle ces sages sœurs et rafraîchit mon vieux cœur.

[Refrain]

[Outro]
P’tite école
Tu m’as protégée
Tu m’as limitée
P’tite école
Tu m’as instruite
Tu m’as réduite
Monde périmé
Monde oublié
Monde disparu ?
Non monde survécu
Dans ma mémoire ton histoire
Ton histoire dans ma mémoire
P’tite école
Je te pardonne ta naïveté
P’tite école
Je me pardonne ma crédulité
P’tite école je t’adore
P’tite école je te remémore

[Refrain x 3]

PAR ERIN GABRIELLE WHITE

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Petit Village

[Refrain]
Petit village
Petit havre
Loin de soins quotidiens
Près d’une paix inoubliable
Petit village
Petit havre

Niché dans une cuvette sous le château au dessus de l’Aumance
Oublié par l’histoire, vide de monuments consacrés à votre courage
Contre les barbares du Moyen âge et face aux menaces d’Aquitaine
Les rois et les reines sont partis sans même un bref regard
Ni Mazarin ni l’Autriche n’ont montré semence de gratitude
Une révolution politique a bouleversé la vie du dix-huitième siècle
Une autre industrielle a dérangé les foyers du dix-neuvième
Aucune n’a donné à réfléchir aux besoins de vos habitants
Situé loin des axes routiers, mon village restait tranquille
Le futur, comme le chemin de fer, a choisi des autres routes
Les cicatrices de deux guerres mondiales vues seulement sur les listes
Dans les églises et chapelles de vos fils morts pour la patrie
Malgré ça vous restez enchanté, mon Hérisson, sans bruit ou fanfare
Et votre beauté m’appelle de l’autre côté du monde.

[Refrain]

Je me remémore notre vie dans la petite maison modeste à côté de la rivière,
L’Aumance scintillante au matin, un péage gratuit pour des centaines de canards,
Au crépuscule un lieu mystérieux presque saint dans sa solennité
Où les ombres des arbres sont devenues les âmes ressuscitées
Qui errent un peu partout en cherchant leurs vies anciennes
La nuit descend et soulagées par le plouf d’un poisson au milieu du courant,
Par le bruit des campeurs à la rive opposée et l’arôme de leur cuisine,
Nous dormions contentes de penser aux joies du lendemain
Où à l’aube notre voisine à côté appellerait du ciel des corneilles
Ma sœur aimée et aimable mettrait son chevalet en place au balcon
Un canard de barbarie tacheté et grand atterri près de ses pieds
La ville réveillerait avec les cris des enfants et les saluts des adultes
Au théâtre de ma mémoire ces images de bonheur sans mélange
Projettent une éternité passée de ce paradis sans pareil.

[Refrain]

PAR CARMEL MAGUIRE

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L’Idylle

Ma première vue c’était d’un champ de foin parsemé de coquelicots rouges.

Pour me mettre au vert, je suis arrivée en mai au petit village de Mercadiol dans le Lot, avec les glycines en pleine floraison. Tout d’un coup, le cri d’un coucou d’un bosquet lointain. Trois kilomètres de St. Julien de Lampon au bord de la Dordogne, ce petit village de cinq maisons serait mon havre de paix pendant deux mois. Dans le coffre de la voiture, mon tapis de yoga.

Avant la Révolution Française la maison était l’auberge du village. Je me suis installée à la cuisine primitive avec son plancher de terre battue et de dalles. La fenêtre offrait une vue imprenable sur le champ à côté et sur un énorme noyer dépouillé. Encore une fois, le cri d’un coucou … C’était une maison délabrée mais avec tout ce qu’il fallait pour me débrouiller : un lit assez confortable au premier étage ; les lucarnes qui donnaient sur un boqueteau de noyers ; une salle de bains de fortune. Dans une cheminée énorme j’ai préparé un feu à cause des tempêtes et du froid de la nuit – c’était la saison des tempêtes.

Tous les jours je me promenais dans la région et je trouvais :
Le terrier d’un blaireau
Le beau château du dix-septième siècle de M. Fénelon, l’écrivain et le théologien
Une boulangerie avec des gâteaux superbes, un petit gâteau différent pour chaque jour
Le facteur Tsigane au bureau de poste
Le château et les jardins d’Eyrignac
Le vendeur de truites
La sculpture médiévale de la grande église à Souillac
Le cloître de Moissac
Le château d’Hautefort du dix-septième siècle dans le Périgord Blanc
Les vestiges de petites églises romanes
Les volets bleus pour se protéger contre la chaleur
Tout au long de la saison, les glycines ont été suivies des iris spectaculaires et des roses opulentes. Un terroir riche de poésie, d’histoire et de mémoire. C’est mon histoire.

PAR ROSE CHENEY

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Un souvenir d’enfance

Blottie dans les collines ondulantes des plaines et des plateaux de Nouvelle Galles du sud
Cette petite parcelle de terre où mon père travaillait dur
L’homme contre la nature
Je me souviens avec affection tous les dimanches que j’y ai passé
Au début pour m’amuser
En grandissant pour l’aider
Quelle enfance en liberté
Toutes les saisons marquées
Le soleil ardent de l’été a dardé ses rayons sur ma tête
Les cieux bleus sans fin et sans nuages atteignant l’infini
Les mouches bourdonnent, d’autres insectes aussi, une volée de cacatoès voraces volent au-dessus une vraie cacophonie
Resplendissant de couleurs les rouges et les ors de l’automne et les verts
Le froid âpre, le gel, la neige tapissant tout en hiver
Le printemps toujours froid arrive et c’est le temps pour la tonte
Pour nous les enfants toujours fascinante
Les moutons se bousculent avec leurs épais manteaux de laine
Je ne les ai jamais attrapés mais le chien de berger les a rassemblés sans peine
Un vieux de la vieille
Autour de leurs mères les agneaux nouveau-nés chancèlent et bêlent
Je joue parmi les tontes de laine et je finis par puer le lanoline
À l’agacement de ma mère émergeante de la cuisine
Une balançoire à l’ancienne, pousse-moi plus haut !
Le clapotis de l’eau dans le petit ruisseau
Cherchant de l’or, la richesse m’attend mais la pyrite de fer miroitant dans l’eau me taquine
Comment un tel terrain ainsi déclinant pourrait produire de la laine si fine
Un dernier regard avant la vente de cette parcelle dieu abandonnée
Envahie par les mauvaise herbes, aucune trace d’eau dans le ruisseau
L’appentis délabré, morceaux de laine pris dans les barbelés
Les eucalyptus toujours majestueux, leurs feuilles froissantes dans la brise chaude
Leur odeur piquante lourde dans l’atmosphère chatouille les narines
Plus je regarde la terre devant moi, plus elle me rappelle les jours d’une enfance sublime
Un temps d’innocence et d’aventure parmi la nature.

PAR DC

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La Haute-Provence

Je m’évadais de ma vie quotidienne
Et arrivais en Haute Provence au Monastère
Le long de la haie de romarin à travers
Le portail de fer rouillé
Gardée par les saints auréolés
Un vieux bâtiment drapé de glycine
Adapté comme une école de langue, en pension
Leçons ensoleillées en plein air
Dans la cour de la calade ou sous l’auvent ombragé
Près de la fontaine à l’eau claire

Déjeuners au réfectoire, dîners à la table longue dans la cour
Sous le ciel étoilé
Aïoli, tartes, fromages, partagés avec mes amis globaux
du vin rosé
Le tableau noir décrit notre menu du jour
Brousse à l’estragon, tarte aux courgettes
Rillettes de thon, quiche aux poireaux,
Faisselle aux fruits rouges, îles flottantes

Les platanes géants
Le beau jardin un peu désordonné
A côté de la piscine le figuier
Les fruits volés par le renard qui y montait
Les serres où poussent les légumes, aubergines, tomates
La chapelle avec une bonne acoustique
Pour les soirées de chant et de musique
Et autres beaux arts

Excursions et randonnées pour explorer les alentours
Une carte postale vue chaque jour
Les champs de coquelicots écarlates sous un ciel nuageux
Le plateau de lavande entouré par des montagnes bleues
Les gorges profondes où les vautours volent des lentes vrilles en voûte
Les grandes falaises calcaire qui cachent les grottes
Et les traces des humains paléolithiques
Le lac Ste. Croix de turquoise foncé, mystique

Sous les falaises de calcaire le village médiéval
Plus de dix siècles de maisons roses
De ruelles étroites et pierreuses
Une étoile suspendue évoquant un chevalier
Qui a échappé aux Sarrasins pendant une croisade
L’eau de la source coule partout, émise en jet par des becs
Au-dessus un ancien abreuvoir
La petite chapelle en haut où sonnent les cloches
Par intermittent, par hasard

Ah, la Haute Provence
Si loin de mon grand pays
Si proche de mon esprit
Il me briserait le coeur
De ne te revoir encore.

PAR ANGELA LOW

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