Eric-Emmanuel Schmitt

Textes composés par les étudiants
du cours ATELIER DE LECTURE ET ECRITURE CREATIVE,
inspirés par 'Odette Toulemonde' d'Eric-Emmanuel Schmitt.

Lettre à George Herbert

Cher George Herbert,

Je n’écris jamais ce genre de lettres car je n’écris jamais aux défunts et, tu es défunt, c’est un fait. Défunt, si on en croit les historiens, depuis 1633. De plus, tu étais anglais, un Anglais qui a composé de sublimes poèmes, en anglais, bien sûr, mais sublimes néanmoins. Quant à moi, à l’âge de 97 ans, je suis toujours en vie, une Française (une Réunionnaise, pour être précise, mais bon, c’est la même chose) qui n’a jamais écrit une ligne de poésie. Vois, à première vue, nous sommes opposés l’un à l’autre. Mais ce n’est pas le cas. En réalité, tu es mon âme sœur, la sage-femme de mon âme. Sans toi, mon âme serait morte. Je veux te le dire. Tu nourris mon âme.

En fait, je n’ai aimé qu’un homme, mon mari, Gabriel. Mais il est mort il y a 30 ans. Après lui, j’en ai cherché, brièvement, un autre, mais je n’ai jamais trouvé un autre Gabriel. C’est normal. Certes, j’étais triste mais, peu à peu, je me suis rétablie, grâce à mon jardin. Je suis tombée amoureuse de tout – lézards, oiseaux, grenouilles, herbes, fruits, fleurs – de toute la vie grouillante autour de moi. Agée mais contente, j’étais absorbée à tout observer.

Mais soudain, du jour au lendemain, mon monde s’est effondré. Mon fils unique est mort, tué dans un accident, j’ai perdu ma maison, et j’ai été obligée de vivre ici, dans cette maison de retraite, sans jardin, sans cuisine, parmi des étrangers. Franchement, avant de te trouver, ma vie ici était vide, inexistante. J’étais seule, sans consolation, vide comme un enfant abandonné, vide comme un ruisseau sans eau, vide comme un frigo sans nourriture. Inutile. Puis, un jour, je t’ai découvert. Toi, là-bas, sur l’étagère, « George Herbert :The Complete Poetry ». Ton nom, George Herbert, me disait quelque chose. Une ligne de poésie s’est glissée dans mon esprit : « I struck the board and cried no more ». En me tapotant la jambe, j’ai répété la phrase. Exactement, me suis-je dit, « no more ». 70 ans plus tôt, quand j’étudiais l’anglais, j’avais lu ces mots, ces mots qui font vivre. Rapidement, je les ai retrouvés dans ton poème, « The Collar », j’ai regardé tous tes poèmes, tes mots d’affliction, de consolation, de haine, d’amour, de vie. J’étais comme une femme qui boit après une grande soif, qui mange après un jeûne astreignant, une femme qui reçoit avec gratitude tout ce que tu lui offres.

A partir de ce moment-là, matin et soir, j’ai lu tes poèmes, et, grâce à eux, j’ai commencé à apprécier le monde merveilleux autour de moi, les fourmis qui grimpent aux murs, les cheveux bouclés de la jeune femme qui me lave, la voix douce de ma voisine sénile, le chant des cigales en été, le goût du chocolat chaud en hiver. Tu me fais penser à la joie de vivre, tu m’apprends l’art d’aimer.

« You must sit down, says Love, and taste my meat : So I did sit and eat. »

Un grand merci, George Herbert, pour le banquet. Ma vieille âme s’y régale.

Jeanne de Lux

PAR ERIN GABRIELLE WHITE

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Lettre à Jean-Christophe Rufin

Monsieur Rufin,

Je n’écris jamais ce genre de lettres car je n’ai pas l’habitude d’exprimer mon admiration et mon appréciation à quelqu’un que je n’ai pas rencontré personnellement. Or j’ai décidé de faire une exception aujourd’hui pour vous dire ma gratitude. Pourquoi cette gratitude? Permettez-moi de m’expliquer.

J’apprends le français depuis plusieurs années et, bien que je fasse progrès, ceci est plus lent que je le voudrais. Sans aucun doute, c’est mon défaut mais, à vrai dire, il me semble quelquefois que j’ai la mémoire d’un poisson rouge – un tour autour du bol et tout est oublié! Franchement, je dois admettre qu’il y a eu des moments où je me suis sentie prête à abandonner.

Puis un jour, j’ai lu un livre en français du début à la fin pour la premiére fois – c’est à dire un jour j’ai commencé à le lire! Quand je suis arrivée à la dernière page j’étais heureuse, heureuse comme un pinson chantant dans l’arbre, heureuse comme une palourde à marée haute, heureuse comme une nuage flottant sur un jour d’été! Car j’ai bien compris que, si je persévérais, tout un autre monde de la littérature s’ouvrirait à moi. Pas seulement la littérature classique française que j’ai lue en anglais il y a longtemps – les magnifiques Stendhal, Balzac, Flaubert, Maupassant, Proust et les autres – mais le monde de la littérature contemporaine française…en français.

C’est un de vos livres qui a fait cette différence: <Le grand coeur>. Il m’a fallu beaucoup – vraiment beaucoup! – de temps pour le lire et, naturellement, je n’ai pas compris chaque mot, ni chaque expression, ni d’ailleurs chaque phrase, mais j’ai compris l’histoire que vous avez écrite et je savais assez de français pour apprécier la beauté de votre écriture. Quelle vie fantastique vous avez donné à Jacques Coeur, cet aventurier et financier du roi Charles VII, une telle vie! Même s’il s’agit d’un livres de pseudo-mémoires, j’entends toujours sa voix – douce, tendre, anxieuse, pensive, sage, – comme si tout ce qu’il a raconté était réel!

Après cela, j’ai lu d’autres livres que vous avez écrits. Il reste plusieurs d’autres sur mes étagères pour l’avenir. Suite à vos livres j’ai commencé à lire un certain nombre d’autres écrivains français, y compris Le Clézio, Modiano, de Vigan, Nothomb, Boltanski, et Tesson. J’ai découvert un tout nouveau monde grace à vous.

Je voudrais vous remercier d’avoir écrit des histoires si belles qui rendre un livre écrit en français dans les mains et le lire jusqu’à la fin ne me semble une tâche. Bien sûr, ce n’est pas le même expérience de lire un livre en anglais, mais vous m’avez appris que je peux néanmoins le faire et l’apprécier…et cela était un cadeau précieux.

Cordialement,

PAR CM

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Lettre à Mlle Lee

Chère Mlle Lee

Je n’écris jamais ce genre de lettres car, en général, les mots me manquent pour traduire ma pensée à quelqu’un qui ne me connaît pas. Or il me faudrait faire un effort pour vous exprimer ma reconnaissance d’avoir été profondément touchée. En fait, vous m’avez montré la voie, la manière de vivre.

Elevée dans un monde en noir et blanc, le blanc on peut dire étant tout-puissant, j’acceptais presque sans question ma position privilégiée dans ce monde grâce à mon statut de blanche. Ma famille m’a donné un modèle à suivre ; les choses étaient comme ça, il ne fallait rien changer. J’étais pensionnaire dans une école privée où j’était instruite dans le rôle d’une jeune fille bien rangée. Il fallait accepter d’être cultivée pour prendre une place dans cette société bien réglée.

Franchement, ma vie, avant de vous connaitre, je la trouvais ténébreuse – ténébreuse comme un jour de brouillard ; ténébreuse comme la vue sans mes lunettes que je portais depuis mon adolescence ; ténébreuse comme chercher à tâtons dans l’obscurité. Puis, un jour, au lit à cause d’une maladie d’enfance – donc isolée à l’infirmerie – j’ai découvert le trésor de vos mots. Mon esprit a pris l’air comme un ballon et pour la première fois j’ai vu le monde avec d’autres yeux. Par votre livre, vous montrez que la justice est tout, qu’il ne faut qu’un homme intègre et courageux pour la démontrer aux autres, que seulement le fait d’être blanc ne suffit pas. Grâce à votre roman, j’ai appris à croire en la justice pour tous, quelle que soit la couleur de la peau. A croire en la dignité de l’esprit humain. En la capacité d’agir (et de réagir) pour ce qui est bon. J’ai aussi appris la nature des forces de mal dans le monde.

Là où vous êtes maintenant, je suis sûre que vous avez été accueillie à bras ouverts pour tout ce que vous avez fait. Vous avez illuminé le monde.

PAR GLENDA BUTLER

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Lettre à Monsieur GEORGES PEREC

Mon cher Georges,

Je te parle comme à un ami – je me permets des libertés avec toi je le reconnais – mais franchement, grâce à la radio et à tes livres, je me sens très proche de toi. Et tu vois, en plus, je te tutoie … ça ne te fais pas tiquer, j’en suis sûre.

D’abord il faut que je me présente : je m’appelle Véronique. J’habite une ferme isolée dans les Hautes-Pyrénées où j’élève des chèvres – pour leur lait bien sûr, pas pour leur chair. Entourée par la garrigue de cette région montagneuse, je passe mes jours dans la solitude avec mes chèvres et les oiseaux en pleine nature – oh, et un chat. Je leur parle, je leur donne à manger et je trais mes bonnes Dames, les chèvres. J’écoute la radio, je fais des mots croisés, et je lis quand il me reste un peu de temps à la fin de la journée. C’est une vie saine pour une femme célibataire d’un certain âge qui est un peu chétive.

Mais la solitude quand-même, elle était moche comme un pou – jusqu’au jour où je t’ai entendu parler à la radio. C’était le coup de foudre. Tout d’un coup j’ai trouvé, pas un copain, mais quelqu’un à qui je pouvais parler directement. Je suis sûre que tu comprends de quoi je parle. En plus, après la découverte de tes bouquins, ma vie a changé et les souvenirs se sont bousculés dans ma tête. Je ne me sens plus solitaire ou moche comme un pou.

Tout a commencé avec « W ou le souvenir d’enfance ». Ce n’est guère décent de parler de la souffrance de tes parents, dans une lettre comme celle-ci, mais tu sais, elle m’a beaucoup frappée. Et pour toi, d’être privé de leur présence, et élevé par une proche, ça t’a laissé un vide non ? Mais en quelque sorte je préfère passer aux pensées positives, plutôt heureuses. Et toi, tu es heureux je le sais, et à mon tour, tu m’as rendue heureuse dans ma liberté.

Tu te dis « fabricant d’objets spécifiques qu’on appelle livres ». C’est vraiment chouette, ça. Et pour ma part, je suis fabricante d’objets qu’on appelle fromages – tu te rappelles que tu t’es comparé à un paysan qui cultivait plusieurs champs ? Un champ de betteraves, un champ de maïs, un champ de luzerne ? Ce qui me venait à l’esprit après « La Vie mode d’emploi » c’était ton aspect ludique, la gaieté, voire la jubilation, dans la vie. C’est un grand jeu, ce livre-là et comme moi, tu adores les mots ! Tu m’as beaucoup donné, Georges, je le sais. Merci infiniment.

J’ai entendu à la radio que c’est ton anniversaire, Georges. Quatre-vingts ans déjà et trente-quatre ans depuis ta disparation. Bon anniversaire !

PAR ROSE CHENEY

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Lettre au Bon Dieu

Je n’écris jamais ce genre de lettres car je ne sais pas si Tu existes. Je ne crois pas en Toi, et je n’ai pas les mots pour les prières. Vois, je Te tutoie – en fait je ne sais pas si c’est correct. Tu n’avais pas d’importance pour moi avant. Mais je dois prendre contact avec Toi maintenant à propos de questions d’importance pour tout le monde.

Je suis heureuse de nature. J’ai une belle famille, j’habite une belle maison, avec son propre jardin, dans une très jolie ville. Notre pays est paisible avec un climat doux. Peut-être grâce à Toi, j’ai la chance d’avoir une vie toujours heureuse, sauf pour des petits bêtises, comme la fois que j’ai perdu mes clés de voiture en faisant les courses pour la fête d’anniversaire de mon fils et que le gâteau de glace a fondu et a été fichu.

Mais franchement la plupart des gens sur la terre n’ont pas une vie heureuse. Notre belle planète a besoin d’aide et si c’était Toi qui l’avait créée, ce serait Toi qui aurait la puissance de la réparer. Les grands problèmes apparaissent partout…. les pauvres victimes du tsunami au Japon, irradiés par Fukoshima, les pauvres réfugiés de la guerre en Syrie, fuyant les bombardements, les pauvres millions de personnes qui tentent d’aller en Europe mais les frontières sont fermées et ils restent dans des tentes sous la pluie, les pauvres Chinois à Pékin qui vivent avec une pollution si dense, les pauvres tribus en Soudan qui meurent de faim avec une sécheresse interminable, les pauvres sans-abris aux Etats-Unis en hiver, les pauvres bébés contaminés par des virus avant leur naissance; même les pauvres ours polaires qui perdent la glace à cause du réchauffement de la planète. Il y a une grande quantité de problèmes qui m’inquiètent aujourd’hui.

Puis un jour la solution m’est apparue clairement. Arrêtons toutes ces guerres, ne dépensons plus d’argent pour les armes, l’arrêt de leurs fabrications diminuerait la pollution. Réattribuons les fonds économisés aux scientifiques pour la recherche de solutions contre le changement climatique, pour des remèdes contre les maladies et pour trouver des sources d’énergie alternatives sans pollution, pour la production de nourriture suffisante pour tous les gens du monde. Il faudrait une autorité de grande puissance, une autorité qui passerait outre tous les politiciens, tous les dictateurs, tous les gouvernements du monde entier. Donc, je fais appel à Toi, mon Dieu, si Tu existes. Et quand un jour, le plus tard possible, j’irai au Paradis, si cet endroit existe, et si je T’y rencontre, j’écouterai tous les gens-là Te glorifier. Grâce à Toi nos prières seraient exaucées.

PAR ANGELA LOW

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Lettre à Mme Kelly

Bonjour Mme Kelly,

Je n’écris jamais ce genre de lettres car il n’y a pas eu beaucoup de gens (sauf mon mari ou ma sœur) qui ont laissé une impression aussi profonde dans ma vie !

Il y a très longtemps que nous ne nous sommes pas parlé. Vraiment ça fait trop longtemps et je ne peux pas me permettre de laisser passer un autre jour sans que je vous écrive pour vous remercier pour les années d’étude que vous m’avez données quand j’étais toute petite dans votre classe. Je suis certaine que vous ne vous souvenez pas de moi…. mais peut être ? J’étais la timide Patricia dans les 4 et 5 classes. Timide comme un escargot, timide comme un lapin, timide comme une souris ! Une jeune fille qui n’avait pas confiance en elle et avec des parents qui n’avaient aucune aspiration pour elle sauf de trouver un travail (n’importe lequel !) et de se marier tôt et d’avoir des enfants. Ce n’était pas un endroit inspirant.

Avant d’entrer dans votre classe, j’ai eu un professeur (une garce !!). Elle était toujours en colère – je ne savais pas pourquoi – elle n’avait aucune patience, et pour quelque raison j’étais sa bête noire ! Je n’ai fait aucun progrès dans cette classe. Franchement pour moi, à l’époque, l’école était une place de punition. Je n’ai presque rien appris.

Puis, un jour vous êtes devenue mon enseignante. Quelle différence ! Vous étiez gentille et bienveillante avec un vrai intérêt pour le développement des filles dans votre classe. Vous vous êtes intéressée à moi, peut être pour que je lise bien. Ou bien…… parce que j’étais bègue, ou bien c’est que j’avais envie de vous faire plaisir, ou une autre raison que vous seule même connaissiez.

Dès le moment où vous êtes entrée dans la salle de classe, vous n’avez jamais cessé de m’encourager de faire le maximum. Par vos conseils, vous m’avez donné confiance en moi et en ma capacité d’avoirconfiance en moi, et de dire à mes parents que j’avais envie de continuer d’étudier à l’école supérieure. Et à la fin, j’ai travaillé pour payer le droit d’inscription. Ma mère était très étonnée. Franchement, elle ne reconnaissait pas la personne quej’étais devenue. C’était grâce à vous Mme Kelly ! J’ai lu, qu’on a la chance d’avoir 3 enseignants pendant le cours de l’éducation. En Irlande, on a le même enseignant pour deux ou trois ans, ça réduit les statistiques. J’ai eu de la chance que vous m’avez trouvée au milieu de cette classe de 25 étudiants et que vous avez eu la capacité de comprendre que j’avais besoin d’encouragement. Donc, vous me l’avez donné.

Grâce à vous, j’ai participé plus pleinement dans mes classes. Pendant que mes enfants ont grandi, je leur ai inculqué le même amour de l’apprentissage que vous avez m’inculqué. Merci pour ça. Je ne l’ai jamais perdu, il reste toujours dans mon esprit.

Certes, est-ce cela la raison pour laquelle vous êtes devenue une enseignante ?

Merci pour votre sagesse, merci pour votre patience et je vous remercie de jouer un grand rôle dans mon école primaire.

PAR PH

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Lettre à Docteur Louis Pasteur

Cher Docteur Pasteur,

Je n’écris jamais ce genre de lettre car je n’ai pas l’habitude d’écrire aux morts ! Ça ne rime à rien ! Vous êtes mort en 1895 !

Récemment, il y a eu une épidémie de coqueluche, une maladie très pénible mais presque toujours évitable. C’est pire chez les bébés et les petits, et à entendre les toux des souffrants, ça me fait pleurer. Franchement, je suis très fâchée par les parents qui refusent de faire immuniser leurs enfants. C’est criminel, à mon avis. Puis j’ai pensé à vous et à vos découvertes et je pense que vous me comprendriez. Nous habitons dans un pays du premier monde, nous sommes en 2016, pas au 19ème siècle où vous avez vécu et travaillé, lorsque les maladies étaient répandues, et l’espérance de vie n’était pas élevée.

Vous avez tant contribué à l’humanité dans plusieurs domaines. Grâce à vos recherches, vous avez beaucoup aidé l’industrie viticole et de la bière, avec un procédé de conservation et d’amélioration des vins – la méthode de pasteurisation est née. Vous avez fait de même avec vos études de la maladie des vers à soie quand les producteurs français ont presque perdu leur gagne-pain. Pour moi, vos découvertes les plus importantes et impressionnantes, étaient celles des maladies infectieuses et des vaccinations chez les humains. Vous avez dû voir tant de souffrance pendant votre vie…

Où serait le monde sans vous ? Triste comme une table sans un bon rouge français ! Triste comme une garde-robe sans vêtements de soie ! Triste comme les enfants malades et leur détresse.

Voyez, je me sens mieux après avoir dit ce que j’avais sur le cœur et j’ai confiance en les jeunes scientifiques de nos jours qui se dévouent corps et âme pour faire avancer la science et la médecine, comme vous avez fait en votre ère, en montrant une détermination sans bornes.

Nous combattons le rétro-virus HIV depuis 1982 : Il y a beaucoup de médicaments développés. La maladie n’est pas encore maîtrisée mais je reste optimiste.

Je vous salue, Docteur Pasteur, un des pères de la microbiologie.

Je vous laisse avec une de vos propres citations qui m’est chère. < La grandeur des actions humaines se mesure à l’inspiration qui les fait naître >

P.S. Je ne suis pas toujours aussi râleuse que ça !

PAR DC

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Lettre à Joseph Campbell (1904-1987)

Je n’écris jamais ce genre de lettres car je préfère garder mes idées dans la tête, à l’abri de la critique des autres. Voyez, comme ça, mes pensées restent mystérieuses et sacrées…les miennes ! En fait, une fois prononcées, elles perdent leur magie…Vraiment, mon cerveau est un jardin dont les jeunes idées plantées peuvent s’épanouir lentement et tranquillement. Alors je les garde proches en moi-même…

J’ai élevé mes trois enfants avec mon mari. Avoir des enfants a bouleversé ma vie… Oui je sais, c’est un cliché de dire ça, mais voilà, c’est vrai ! Et pas seulement dans le sens quotidien… je parle du sens philosophique aussi. C’est incroyable comme le temps passe vite et les changements sont interminables ! Un moment elles sont toutes petites, dépendantes de nous, puis elles sont grandes et font partie de ce monde plus que nous. Régulièrement, chaque semaine peut-être, j’ai besoin de leurs conseils…comment regarder un film sur Netflix ? Comment envoyer un document ? Comment porter l’eye-liner ?

Moi, je suis née dans une famille catholique. De mes arrières grands parents à mes tantes, mes oncles, mes cousins, toute la famille entière, allait à l’église religieusement les dimanches et les jours saints d’obligations. Pas besoin de réfléchir…faites comme ils disent, ou c’est le confessionnal pour vous ! Mais l’expérience ne m’a jamais laissé satisfaite, elle ne répondait jamais à toutes mes questions… surtout pas à la question de pourquoi ? Ou bien, comment ? Franchement, les heures et les heures passées devant l’autel me rendaient perplexe !

Puis un jour, il y a vingt-cinq ans, je vous ai vu pour la première fois à la télé: Une série documentaire, avec Bill Moyers le journaliste, intitulé « Joseph Campbell et le pouvoir du mythe ». Vous avez déclaré que James Joyce, Thomas Mann et Carl Jung étaient vos mentors intellectuels. Que votre philosophie “suivez votre bonheur ” était inspirée par un personnage, Babbit , issu du roman éponyme de Sinclair Lewis, qui dans la dernière page du livre, se lamentait : « De toute ma vie, je n’ai jamais rien fait que je n’avais réellement voulu ! » . Votre essai « le Héros aux mille et un visages » a exposé la théorie du mono-mythe, affirmant que tous les mythes suivent les mêmes schémas archétypes. Même George Lucas a appliqué les idées du livre pour écrire l’histoire de la saga « Star Wars ». Bref, que la religion et la mythologie ne sont en fait qu’une seule et même chose et qu’il ne faut pas interpréter les symboles religieux comme des faits historiques mais plutôt comme des images mythologiques. Et là, à ce moment-là, une sensation du soulagement a envahi mon esprit ! J’étais libre comme l’air pour voir le lien entre les religions du monde et la mythologie : libre comme le vent pour voir ma religion en symboles et pas en termes concrets : libre comme une âme pour suivre mon bonheur et pas celui des autres.

Bon… je suis loin d’avoir la compréhension que vous possédez : je n’ai pas le temps ni la discipline pour lire neuf heures par jour pendant cinq ans comme vous ! Mais, j’ai la chance que vous ayez partagé votre sagesse et perspicacité avec moi. Vraiment c’est simple…« Suivez votre bonheur » ….une idée confirmée par Voltaire lui-même : « J’ai décidé d’être heureux, c’est bon pour la santé ».

PAR CHRISTINE AUSTIN

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Lettre à Madame Nothomb

Chère Mme Nothomb,

Je n’écris jamais ce genre de lettres car les mots me viennent plus facilement quand j’utilise la voix, les yeux, les gestes, le sourire – en bref, mieux que quand j’utilise la parole. D’ailleurs, il faut que je censure un peu mon langage coloré. J’ai la chance de pouvoir dicter ma lettre à mon infirmière qui va enlever les mots inappropriés. Elle pourra ainsi composer cette lettre mieux que moi.

En fait, je vous écris de mon lit d’hôpital, et si je meurs, mais ce n’est pas certain, ça sera avec un grand sourire sur mon visage.

Voyez, je n’ai pas fait partie de ceux qui sont les victimes d’infortune dans vos contes. Mon malheur, c’était d’avoir une vie terne, dans un appartement avec trois enfants, et un verre de vin de trop. Le vin blanc, remède contre le mal de tête, ou le rhume, ou comme un élixir de Dionysos pour moi et mes amies dans mon salon enfumé, le club des mères célibataires et abandonnées.

Un jour, une amie m’a apporté un de vos livres. Je suis devenue tellement absorbée par la lecture que j’en ai oublié de préparer le diner. Grâce à votre conte, je me suis sentie emportée hors du temps réel, immergée dans un mystère gothique, et vous m’avez transportée partout, même dans une salle d’attente de dentiste ! J’ai ri et ri.

Alors, chaque fois que je regardais fixement le mur de briques de la fenêtre tout en lavant la vaisselle, je voyais défiler des hiéroglyphes, puis la tombe de Toutankhamon, puis je me demandais qu’est-ce qui se passerait si elle…..

Merci mille fois, Mme Nothomb, vous m’avez montré comment la vie peut être bizarre et drôle. Vous m’avez montré qu’il faut chercher les rires de la vie et ainsi ma vie est devenue extraordinaire.

Si je meurs, tout le monde va se demander quel était le secret derrière mon sourire.

PAR MARGARITA

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