Edmond Rostand

Textes composés par les étudiants
du cours ATELIER DE LECTURE ET ECRITURE CREATIVE,
inspirés par 'Cyrano de Bergerac' de Edmond Rostand.

Enfin …

C'était une rencontre fortuite. Je ramenais mes outils dans la camionnette. Ilgarait sa voiture. Il ne m'a pas reconnu mais je l'ai tout de suite reconnu.C'était le directeur de mon ancien lycée. C'était l’occasion de mettre fin à mamisère…

Thierry d'une voix nerveuse et hésitante - Bonjour M. Duval.
Vous souvenez-vous de moi ?
J'étais étudiant au lycée Rousseau
A la fin des années 80.
M. Duval - un peu alarmé par ce personnage tatoué bloquant son chemin
- Il y a longtemps. J'imagine que votre apparence
A changé au fil des ans.
Thierry - Je suis Thierry Martin.
Oui, j'ai changé…
De mon look de surfeur blond
A un homme d'âge mûr,
Gris et chauve.
M. Duval - Thierry, ravi de vous rencontrer.
Qu'avez-vous fait pendant toutes ces années ?
Thierry gravement – Vous pourriez dire que j’ai beaucoup changé,
J'ai épousé Sophie et je me suis casé,
Il est parti, l’élève si bête et destructeur,
Chose étonnante, il est devenu constructeur.
Mais …
Après tant d’années, je me sens encore coupable ;
Ce que je vous ai fait m’a rendu misérable.
M. Duval d’un air interrogateur - Qu’est-ce que vousracontez ?
Thierry d'une manière résolue - C’est à la fois un vrai aveuet l’histoire
De mon invasion dans votre territoire
Quand j'ai fait des ravages dans votre beau jardin
Quelque chose qui m’a causé un immense chagrin.
Vous êtes devenu la victime de ma colère,
Victime de mon angoisse cruelle et écolière.
C'est moi qui y ai mis le feu, qui l'ai détruit
Ce beau lieu, le plus magnifique, en débris.
M. Duval - Eh bien, c'était une chose terrible à faire
Et ma femme était bouleversée .
Thierry - Je ne m'attends pas à ce que vous me pardonniez
Mais je voudrais vous indemniser
Pour les dommages que j'ai causés.
M. Duval d’une voix sage et amusante – Je vous pardonne, vous m'avezdéjà indemnisé.
Vos actions m'ont donné l’occasion
de créer un jardin, de remplacer
La pelouse par du pavé,
Demandant peu d'entretien
Et de passer mes loisirs à chanter
Dans la chorale locale.

PAR MAUREEN S

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Roxane et le prêtre

Toute sa vie et en cachette, Cyrano deBergerac a été follement épris de sa cousine, Roxane.  Il ne lui avait jamais révélé cet amour parcequ’il avait honte de son grand nez. Ce ne fut  qu’au moment de la mort de Cyrano que Roxane découvritcet amour. Et après son décès, elle désira parler d’urgence au prêtre quil’avait connue depuis sa tendre jeunesse.
 La conversation suivante a lieu dans lesalon du couvent où demeure Roxane.

Roxane,  parlanten sanglotant -  Mon père…
Le prêtrelui donnantdes petites tapes dans le dos -
Tu pleures, mon enfant… Tu es triste… Dis-moi tout !
Roxane - J’ai honte, mon père… j’aicausé du tort…
Le prêtre, gravement -
Tu as causé du tort ? … mais comment ? …
Roxane
, reniflant -
J’ai péché… contre une âme noble…
Le prêtre - Comment, Roxane ? …contre qui ? ...
Roxane
avec de gros sanglots et après un temps -
Contre l’âme la plus noble, l’esprit le plus beau, le corps le plusrobuste,
Contre celui qui écrivait toujours les mots les plus tendres,
Les vers les plus émouvants, la poésie la plus…
Le prêtre, l’interrompant avec quelque impatience -
Oui, oui, mon enfant, mais qui est ce parangon ?
Roxane,  se lève et, peu à peu, s’enflamme-
C’est un être humain qui suit vraiment son cœur
Dirigé, comme une flèche fidèle, vers le bonheur
De chacun et chacune, un homme d’intégrité
Qui se bat, nuit et jour, pour la paix, l’équité.
Homère n’a pas écrit avec telle éloquence,
Molière n’a pas parlé avec telle confiance.
De cet auteur, qui maîtrise le flot de mots,
De lui, je fais le bel éloge, fortissimo !
Le prêtre - Calme-toi, ma fille, calme-toi ! Tu es perturbée !
Et il s’appelle comment, cet  homme remarquable ?
Roxane - Il s’appelle Cyrano, leplus admirable.
Le prêtre - Mais la mort de Cyrano futhonorable.
Pour quelle raison, alors, es-tu tant affligée ?
Roxane, avec accablement -
J’ai été aveugle, d’un autre préoccupée.
Cyrano m’a aimée, je l’ai abandonné.
Il m’a vue sans pareille, parfaite et sans blême…
Il ne connaissait pas mon grand problème :
Quelques grains de beauté, hélas, très mal placés
M’ont, toute ma vie, causé beaucoup d’anxiété.
aparté, à voix basse -
Et la pudeur me défend de mentionner
A ce cher père où se trouvent ces grains de beauté.
Le prêtre, avec gentillesse -
Votre addiction à la perfection
Vous a, à tous les deux, coûté la raison.
Roxane, avec tristesse -
Si j’avais révélé ma difformité,
Peut-être se serait-il pardonné son grand nez !

PAR ERIN GABRIELLE WHITE

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La Robe chère

Sandrine et sa meilleure amie sont dans la chambre.Sandrine a mis une robe…

Sandrine,  se tournant surelle-même - Voilà !
Marie - Ah, comme elle te va bien ! Mais elle coûte cher, n’est-ce pas ?
Sandrine - Ah bah oui ! Mais quand je l’ai vue, j’ai tout de suite suque c’était la bonne. Je devais l’acheter. Regarde le tissu, c’est de la vraiesoie pure ; la couleur me sied à merveille ; le style est parfait pour masilhouette, et tout à fait à la mode. C’est la plus belle robe que j’aie jamaisvue.
Marie - Mais où l’as-tu trouvée ?
Sandrine - Je l’ai découverte dans la petite boutique à Saint-Germain-des-Prés,la petite boutique que tu connais bien. Nous sommes passées devant fréquemment,nous avons fait du lèche-vitrines… Quelles jolies robes exquises !
Marie, gravement - Mais très, très chères. Tu as dépensé combien?
Sandrine, chuchotant -  Ungrand tas de sous. Ne le dis pas à mon mari ! Je vais devoir économiser surl’entretien ménager pendant des mois. Pâtes et saucissons pour lui, pas desteaks-frites, pas de fruits de mer. Mais ça vaut la peine, n’est-ce pas ?
Marie - Mais quand tu la porteras ?
Sandrine - Ah, pour la fête de Noel au bureau de mon mari. C’estessentiel que je sois la plus belle du bal là. Surtout plus belle que la petitesecrétaire dont mon mari parle toujours. Cette friponne est jeune, blonde,svelte et intelligente… et je soupçonne qu’il la regarde avec intérêt. Il mebrise le cœur. Je veux sauver mon mariage !
Marie, étonnée - Avec une robe ?
Sandrine, d’un ton féroce
-
Pas n’importe quelle robe ! Voici cette belle robe en soie !
Cette robe moulante, tout à fait brillante, tu vois !
Quand je vois une des jeunes, jolies filles habillées
à la mode, je rêve d’être jeune, libre, décolletée.
Mais toute seule dans ma chambre, seule devant la glace,
Je vois une dame mûre, la taille épaisse et grasse.
Cette robe me donne l’illusion de retrouver
ma silhouette perdue. Tu vas voir le succès !
Marie avec une sourire ironique - Ben, bonne chance ! J’espèresimplement que tu ne ressembleras pas à un mouton relooké façon agneau ! 

PAR ANGELA LOW

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La distanciation humaine

Jean vient de revenir à Paris de la province et il arrive à la porte del’appartement de sa petite-amie, Marie. Elle ne veut pas lui ouvrir la porte.
Jean, d’un ton de confusion – Quelque chose ne va pas,chérie ?
Marie – J’ai trop peur.
Jean – Peur de quoi ? de moi ? Ouvre la porte.
Marie – Dans quelle planète vis-tu, Jean ?
Le président a dit que nous devions réduire
les déplacements et les contacts au strict nécessaire,
et il faut que nous l’écoutions.
Entre…mais garde tes distances.
Jean,
détendu – Regarde-moi, ma chérie, et garde espérance
J’ai bien plus peur des conséquences de la distance.
La séparation humaine déjà existe
Comme aujourd’hui, elle éclot partout, et j’insiste.
Pense à l’isolation des lépreux dans la bible
Qui portaient une peste dite irrésistible,
Comme aujourd’hui nous pensons au COVID.
Abandonne maintenant la sidération
Née d’inquiétudes et d’exagérations !
Regarde les actes de ces héros de l’Énéide.
Marie, chagrinée – Comme toujours, toi, plein de confiance, tu nevois pas
Le sort horrible qui menace le reste de la terre.
Oublie Virgile, pense aux risques que nous encourrons.
Es-tu si sûr de toi quand Paris peut brûler.
Jean – C’est une pandémie, ma chérie, elle va disparaître.
Ce n’est ni Armagueddon ni la fin de la civilisation.
Marie – Mais j’ai peur pour les sans-abris, et les faibles.
Je pense quelquefois aux enfants et à leurs parents,
Et bien sûr je pense à toi… toujours à toi.
Jean – Sapristi ! les premières bonnes nouvelles du jour !
J’envisage le cordon sanitaire qui va nous isoler,
Tous les rassemblements de masse annulés
Mis en quarantaine de ta mère et de mes frères
Soudain l’anticipation de la solitude,
Même le mal de tête, de gorge ou d’ailleurs,
Ne me semblent pas du tout insupportables…
Marie – Assez ! Vite au supermarché avant qu’il ne ferme,
Trouve-moi des pâtes, et on pourra peut-être s’arranger.
Jean, après avoir ignoré les règles de distanciation sociale d’une manièreflagrante, partit pour le supermarché.

PAR CARMEL MAGUIRE

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La dame sombre des sonnets

WilliamShakespeare et son ami Richard Burbage sont dans une taverne près du théâtre Globe, à Londres.

William - Il serre la main et tapote le dos de son ami
Rich mon vieux, j’ai vu desjours meilleurs.
C’est ma femme !
Richard – Quel est le problème ? Tu as l’air peiné, William !
William – C’est moi, celui qui n’aimait pas sagement !
Richard – Tu parles de Dame Anne, ou d’un autre arrangement ?
William -  Je parle de ma muse, ma damesombre, l’égérie,
Mes sonnets vivent toujours dans l’âme de ma chérie.
Dois-je comparer au jour d’été, pour mon ange,
Pour elle, les beaux mots de son sonnet préféré.
Il soupire puis chuchote un nom.
Richard – Hélas ! Je sais que ta femme est difficile.
William – Anne est jalouse encore, elle voudrait révéler
Tout à Marlowe, et tous nos secrets privés.
Richard -  Christophe était un bon mentor,mais il est mort.
William -  Il était le maître, et j’étaisl’apprenti.
La vipère va ruiner nos pièces de théâtre.
La dame proteste trop. C’est difficile de le nier.
Richard – Nom de nom, Will, peut-être je pourrais t’aider.
J’essaierai d’atténuer ses soupçons.
William vaincue par l’émotion, il essaie de cacher ses larmes
Tu es mon sauveur. Anne semble la plus vénale,
La plus amère, la plus déloyale du monde.
Richard – Le Globe est la meilleure salle ; tu en es le roi !
William – Malheureuse est la tête qui porte la couronne !
Il secoue la tête
Richard – Bon courage Will. Mon Dieu ! Calme-toi !
Avec un sourire ironique.
Richard – Le fleuve d’amour ne coule jamais sans heurts.
William – Je lève mon verre à cette vérité !
Les hommes saisissent leur chope et portent un toast.

PAR ANN B




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