Edmond Rostand

Textes composés par les étudiants
du cours ATELIER DE LECTURE ET ECRITURE CREATIVE,
inspirés par 'Cyrano de Bergerac' de Edmond Rostand.

Tirade de Thisbé

Thisbé et Pyrame s’aiment mais leurs parents ne leur permettront pas de se marier. Néanmoins, les deux jeunes amants communiquent en secret pour comploter leur fugue amoureuse. Ce qui suit est la dernière lettre encore existante de Thisbé à Pyrame.

Cher Pyrame, ci-dessous ma lettre à mon père,
Grand patriarche, hypocrite, toujours en colère.
S’il trouvait cette lettre cachée sur la terrasse
Il faudrait sur-le-champ que je m’assassinasse.
Mon père, je suis votre fille… vous ne me voyez pas ;
Je vous envoie ces mots sans aucun mea-culpa :
Ayant des yeux, ils ne voient pas : c’est un vers
Pour vous, mon père, vous, la cause de mon long calvaire…
Comme d’habitude, les péchés j’énumère par cœur,
Ici, tous les principaux, je récite sans peur :
Fier : « Comme un timonier au volant,
Vos yeux l’univers dirigent implacablement. »
Avare : « Ces yeux, deux larges lacs, étalent… rompent leurs rives
Engloutissant tout d’une manière possessive. »
Jaloux : « Comme des échelles, vos yeux pèsent et mesurent,
Comparant vos biens et les leurs, et au fur
Et à mesure qu’ils possèdent le plus, la censure
Vous dispensez en complotant de les en priver. »
Fâché : « Le flash de vos yeux, comme une faux aiguisée,
Met à nu les champs, abattant les bêtes terrifiées. »
Glouton : « Comme un tourbillon vorace, vos yeux,
Sans hésitation, avalent tous les beaux lieux. »
Louche : « Dans vos yeux, la lueur révélatrice,
La lumière du bordel, lueur prédatrice. »
Paresseux : « Etes-vous, sieur, un vieux paresseux,
L’esprit trop ennuyeux pour profiter des yeux ? »
Ces péchés capitaux vous assassinent, Seigneur,
Votre mort, je connais en mon for intérieur.
Vous n’êtes plus mon père ; de ma vie, vous êtes exclu.
Je suis une femme, femme de Pyrame, Thisbé élue.

Ayant écrit cette lettre, je me sens mieux.
Garde-la bien, mon chéri, dans un sûr lieu.
Demain, enfin, se passe notre mariage sacré.
Je te rencontre à l’aube sous notre mûrier.
Avec impatience, j’attendrai ton arrivée.
Fais de beaux rêves, Pyrame, avec amour, Thisbé.

PAR ERIN GABRIELLE WHITE

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La tirade des oreilles

À la fin d’une journée de travail, à Circular Quay, une femme d’un certain âge monte dans un tram, déjà plein, quand un jeune homme commence à parler à sa copine.

LE JEUNE HOMME.
Toutes les anciennes prennent le frais aujourd’hui. Pourquoi ?
(La copine rit sottement.)
L’ANCIENNE, doucement
L’air frais est certainement gratuit pour tous, monsieur.
LE JEUNE HOMME, d’une voix forte
Ah, ah, quelles grandes oreilles vous avez, grand-mère !
L’ANCIENNE
Ah ! non ! Ce n’est pas la taille, jeune homme !
On pouvait dire… Oh ! Dieu… bien des choses en somme…
En variant le ton, - par exemple, tenez :
Prévenant : « Chaque murmure du vent doux et léger 
Les brins d’herbe en mouvement dans les prés et
Les cris des insectes résidents et cachés
M’arrivent jusqu’aux oreilles, sans être déformés. »
Gracieux : « Si vous êtes comme Marc Antoine en crise,
Demandez « Prêtez vos oreilles ! Les voici à votre service. »
Musical : « Les airs y demeurent en harmonie. »
Patriotique : « Voici le bandicoot, le Bilby,
Dont les oreilles ont enchanté la patrie. »
Saint : « Il y a des bouchons de cérumen vespéral
Pour fabriquer les grandes bougies des cathédrales. »
Décoratif : « Parmi les Mursi d’Éthiope, ces larges lobes
Évoquent cris de joie suivis de demandes pour probes. »
Mobile : « Remuer les oreilles est un talent
Capable d’étonner les enfants… et beaux-parents. »
Pédant : « L’ouïe super me permet d’entendre tout,
Les maladresses, les erreurs, le voleur passe-partout ;
Ici, aujourd’hui, mais demain, à Timbouctou ? »
Sélectif : « Pas de panique, la grâce donnée
Me permet d’effacer les secrets rencontrés. »

Arrêtons, monsieur, toutes ces folles plaisanteries.
Nous voici à la rue George et ses nobles galeries !

PAR CARMEL MAGUIRE

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Une tirade en hommage à la voix de Roxanne


Ma chère petite cousine,
Je t’envoie un poème, ce n’est pas un sonnet, malheureusement, mais une autre forme de
poésie, un alexandrin. Peut-être te souviens-tu de ma tirade sur mon nez avec le vicomte. Je pense que tu y étais... 
Amicalement, 
C. de B.

Amical : « Ta voix restera dans ma mémoire, dans mon âme,

La vie de notre famille était pleine de drame ! »

Lyrique : « Une véritable rivale des rossignols,

Toujours brillante comme des tournesols ! »

Emphatique : « C’est la voix d’un vrai ange, d’un petit lutin,

Elle chante en harmonie avec l’esprit divin »

Tendre : « Les chants de Noël nous ont réunis,

Les comptines aussi étaient nos favoris. »

Admiratif : « Ta voix résonne dans mes oreilles,

Toujours douce, toujours vraie et toujours accordée. »

Il faudrait que nos beaux souvenirs partagés

Restassent dans nos cœurs fidèles pour l’éternité.
Pardonne-moi, chérie, pour mes compliments fous,

Les mots vides vacants ne valent pas un sou !

Garde ce poème précieux près de ton cœur,

Et prie pour ton cousin qui est ton âme sœur !

PAR ANN B

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La tirade des oreilles


Une interview avec Barak Obama
Une journaliste se lève et s'adresse au public.

LA JOURNALISTE : Attendez ! Je vais lui lancer un de ces traits
Vous avez des oreilles, heu… des oreilles très grandes !
OBAMA, gravement,
Très.
LA JOURNALISTE , riant
Ha!
OBAMA, composé
C'est tout ? …
OBAMA: Ah ! non ! c'est un peu court, jeune dame !
Vous pourriez élaborer pour que je me désarme…
Agressif : « Si j'avais des oreilles si dégueulasses,
Il faudrait sur-le-champ, Madame, que j'abdiquasse ! »
Truculent : « Votre ouïe doit être très développée.
Quel excellent espion, cher ami, vous feriez ! »
Amical : « Soyez prudent quand le temps est mauvais,
Avec vos deux parachutes, vous vous envolerez ! »
Curieux : « A quoi servent vos oreilles si bizarres ?
D'entendre les secrets des gens, par hasard ?
C'est grâce à votre ouïe développée
Qu’à travers vos oreilles, le son est amplifié ! »
Descriptif : « Des pavillons ! des éléphants ! des drapeaux !
Que dis-je, des éléphants ? C'est en réalité Dumbo ! »
Gracieux : « Avec l’éléphant, un lien de parenté ?
C’est cet animal que vous voulez sauver !
Vous pourriez être une mascotte chez Disney »
Naïf : « Je ne savais pas que Dumbo existait ! »
Respectueux : « Souffrez, monsieur, et soyez honoré
C'est là ce qui s'appelle avoir notoriété ! »
Pratique : « Pas besoin d'écouteurs avec vos oreilles
L’amplification du son est sans pareille.
Admiratif : « Pour un musicien, quelle enseigne, quelle merveille ! »
Dramatique : « Éteignez vite ces paraboles géantes
Elles risquent d'attirer des martiennes surveillantes »
Admiratif : « Vous devez générer beaucoup d'énergie
Avec vos panneaux solaires, ces organes infinis ! »
Emphatique : « Je pense qu'il faudrait élargir votre porte… »
Voilà ce qu'à peu près, ma chérie, vous m'auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit.
Étant donné que je suis maintenant président,
Je me concentre sur des sujets plus importants,
Sur les choses qui existent au-delà des qualités !
Quant aux traits déformés, on doit les ignorer.

PAR AMANDA

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