Daniel Picouly

Textes composés par les étudiants
du cours ATELIER DE LECTURE ET ECRITURE CREATIVE,
inspirés par 'Le champ de personne' de Daniel Picouly.

Caché

Cela se passe en plein milieu de la Guerre Froide. C’est l’ère de la peur, de la méfiance C’est l’ère des espions, des codes sècrets, de James Bond – toutes les choses qui inspirent l’imagination d’un garçon de onze ans.

Mon père, avec ses cheveux bruns, son gilet de laine, sa chemise, sa cravate et ses lunettes à monture noire, a l’air d’un binoclard. Il travaille dans un bureau. Comme fonctionnaire. C’est un homme discipliné et un peu ennuyant. Un homme d’inaction. Il est plus Clark Kent que Superman.

Mon bulletin de notes est arrivé cet après-midi. Pas une bonne nouvelle pour moi. «Clark» voudrait un fils plus travailleur. Il m’a pris des yeux : « Ta radio portable est confisquée! Pas de cinéma pour toi ce soir ! ».

Pas de cinéma, pas de radio portable ! Cette fois, «Clark» a dépassé les bornes. J’avais attendu avec impatience toute la semaine pour voir le film «Mission Impossible». Et ma radio, c’est mon lien vital avec le monde extérieur …

La maison vide, la famille au cinéma, je cherche partout ma radio portable. Surtout dans les tiroirs de mon père. Enterré sous ses chaussettes et ses slips, je suis tombé sur le passeport de mon père. Son passeport ? Un passeport bleu comme le mien. Mais … Je remarque que c’est lui sur la photo mais sans lunettes et avec des cheveux … blonds ! Il a un air plus Cary Grant que Clark Kent. C’est lui avec le nom et le prénom de quelqu’un d’autre. C’est évident que «Clark» a une vie secrète. Mais pourquoi ? Forcément, ce n’est pas un criminel. Qui est mon père ?

Puis ça fait tilt ! Tous les signes sont là : ses absences fréquentes, nos déménagements tous les deux ans pour son travail, ses vagues réponses à mes questions à propos de la nature de son emploi.

Il n’est donc pas juste fonctionnaire. Pas juste Clark Kent. Il est agent secret. Quelle autre explication peut-on donner à ma découverte ? Bon sang ! Ça c’est sûr et certain.

PAR MAUREEN S

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Ca ne fait rien

Elle est belle maintenant ma maison. La mère et le père ont fait beaucoup de travail pendant ces 12 jours derniers.

Des petites lumières sont drapées autour des arbres dans le jardin. Il y a 12 jours que mes parents ont acheté un grand sapin. Nous l’avons installé dans la salle de séjour près de la cheminée et autour du l’arbre nous avons placé des autres petites lumières. J’ai aidé mes parents à décorer l’arbre avec les décorations saisonnières. Le père était monté sur le toit de la maison pour y placer des ornementations festives. La salle de séjour ! Quel beau spectacle !

Des lumières partout ! C’est comme un pays de fées.

La mère, à la cuisine, est occupée à préparer le repas qu’elle faisait à ce moment de l’année autant que je me souvienne. La m’am commence à chanter des chansons festives. Le p’pa et moi nous mettons à chanter avec elle. P’pa a un regard heureux. Ce soir nous avons emballé les cadeaux et les avons placés sous l’arbre. La salle de séjour ! Quel beau spectacle!!

« Va vite au lit » ! m’am m’a dit « Tu sais bien c’est ce soir » !

Il y a des heures que je suis au lit. Le sommeil m’échappe. J’entends un son anormal, une petite cloche qui se tinte. Soudain, je me redresse, j’entends le son encore et un autre son… « chut ». Je suis nerveux mais, en même temps, énervé. Je me lève doucement pour éviter de donner l’alarme, parce que j’avais soupçonné l’origine des sons. Pas à pas je descends l’escalier. J’écoute ! Mais je n’entends rien ! Je vois que la porte de la salle de séjour est ouverte un petit peu, et je vois, pas ce que j’ai envie de voir, mais p’pa. La salle de séjour ! Quel spectacle ! C’est choquant, c’est mon père qui place les cadeaux emballés en rouge sous l’arbre ! Le papier du Père Noel ! Quoi ? La m’am me voit… le p’pa pivote, il me prend des yeux, et sourit. Ah ! Je sais….il n’est pas seulement mon père, c’est mon Père Noel !

PAR PH

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L’attente

Cet été passé, je suis rentré chez moi, dans la maison de mon enfance, pour les retrouvailles avec mes parents qui sont maintenant octogénaires. Nous ne nous étions plus vus depuis 50 ans.

C’est là ! Enfin, je l’ai trouvée au milieu de la rue, cette rue maintenant beaucoup plus large qu’avant. Avant… cinquante années se sont écoulées. Je ne pouvais rien reconnaitre. Toutes les petites maisons d’antan ont disparu, remplacées par des maisons de ville à deux étages…sauf celle-ci avec un grand arbre solitaire debout dans la cour, témoin des années qui passent.

Ont-ils entendu mon coup à la porte ? J’ai remarqué un petit bouton sur le côté et j’ai appuyé dessus. Après un siècle de silence, il y a un piétinement derrière la porte. Je m’exclame « c’est moi ! ».

Mon père ouvre la porte, qui se plaint ‘krrr’ comme si elle souffrait d’arthrite. Oui, les mêmes yeux bleus, qui devenaient encore plus bleus au son de la musique ou une bonne conversation. Ils sont fades maintenant, mais je cherche la promesse, peut-être une petite étincelle. Il me regarde et me laisse entrer en silence.

C’est comme si toute la petite maison retenait son souffle.

Je continue dans le couloir vers la petite cuisine à l’arrière, comme autrefois, comme si je le faisais hier, à la recherche de ma mère. Elle est là, à la cuisinière, cuisinant quelque chose et la bouilloire est en ébullition.

« Ma’am », je dis. Elle se retourne et me voit. La Terre Mère ! Si quelqu’un peut vieillir avec grâce, c’est bien elle. Dans ce large visage, vous pouvez lire toutes les montagnes, toutes les rivières, toute l’histoire du temps et tout l’amour. Avec ses yeux bruns, elle m’a pris les miennes, me portant à travers les courants de temps, ses joies et ses déceptions. Elle étend ses bras pour m’embrasser.

Quelque part dans la maison, j’entends de la musique et je sais que les yeux de mon père sont devenus bleus comme la mer profonde.

J’ai erré dans le désert et maintenant, comme le fils prodigue, je suis rentré chez moi.

PAR MARGARITA

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Un Voyage de découverte

J’avais décidé de me rendre à Pointe-Noire, le lieu de mon enfance.
Cela faisait cinquante ans que je n’avais pas remis les pieds dans ma ville natale. L’émotion ressentie a été tellement vive que je me suis senti accablé d’une émotion inexplicable. Ainsi, j’ai ouvert les valises de mon enfance.
J’approche de la petite maison en bois avec trépidation.
J’ouvre la porte d’entrée qui denote une rare utilisation, grognant sous mes mains.
Je suis témoin des ravages du temps, comme s’il existait des êtres surnaturels qui imprègnaient leur mains de destruction.
La cuisine, autrefois tellement grand,e est maintenant transformée en un espace réduit dont les aménagements intérieurs ont tous souffert du vieillissement brutal.
Je me sens complètement déstabilisé dans cette maison de bois de mon enfance où je ne peux rien identifier.
Je ne reconnais pas les personnes devant moi, qui ont l’air de porter des masques… un puzzle que je dois déchiffrer.
Deux étrangers ; un homme, un vieillard, le dos courbé, est assis sur une chaise et une dame pauvrement habillée, son visage un peu tourmenté, est figée sur place devant la cuisinière.
Je suis confronté aux ravages brutaux du temps, à l’influence considérable que le temps a eu sur leurs corps.
Mais il y a quelque chose d’inexplicable qui suscite ma curiosité.
Je tourne le regard…
J’aperçois le miroir, accroché à la poignée de la fenêtre, couvert de poussière.
Soudain ressurgit l’image d’un homme qui fait ses ablutions.
Je suis transporté dans un autre espace où le regard dépasse le simple organe perceptif pour créer un autre univers. La pièce maîtresse du puzzle !
Ce déclenchement du souvenir me rappelle le rituel de mon père et je le reconnais de l’autre côté de la cuisine, retrouvant la grandeur du héros de mon enfance.
« Le véritable voyage de découverte consiste à avoir de nouveaux yeux ». Le regard de la dame fragile devant moi, ses yeux perçants, de couleur vert d’eau, se métamorphose. Je vois ma mère, déesse protectrice, qui m’invite à l’accompagner sur les vagues d’un voyage extraterrestre, dans une barque frivole.
Je flotte dans mes souvenirs, j’embrasse cette sensation où le passé empiète sur le présent et le temps n’est plus l’ennemi.

PAR AMANDA

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Les Retrouvailles

Après une longue absence, un fils attend l’arrivée de ses parents, devant leur ancienne adresse à St Denis où il a grandi avec ses douze frères et sœurs.

Je les regarde alors qu’ils s’approchent. Un couple âgé. Digne. Le père voûté, il n’est plus l’homme en forme d’il y a cinquante ans. En vieillissant sa peau est devenue plus sombre. Ça arrive. À ses côtés, la mère, canne à la main et tenant le bras de son mari. Une vague d’émotion m’envahit quand je les vois. C’était à mon tour de retrouver la dizaine de bras pour les embrasser fortement. Treize enfants ! Je suis éternellement reconnaissant d’avoir grandi dans un foyer si chaleureux malgré le constant vacarme, les combats, les disputes entre frères et sœurs, les vêtements de seconde main…Treize enfants maigres avec jamais assez à manger. Le chaos. Mais tant d’amour.

La maison. La maison maudite n’existe plus, démolie il y a des années. Hourra ! Quelle tache sur le paysage ! Pour faire place à d’immenses immeubles d’appartements. Ils ne voulaient pas quitter ce quartier, leur quartier, malgré mes exhortations.
On continue, on passe devant le parc où j’ai passé beaucoup de temps dans ma jeunesse. Pour chercher la paix, pour faire l’école buissonnière… « Tu te rappelles l’incident avec ma bicyclette ? » On tourne dans une rue latérale : les tagueurs sont passés par là, il y a des jeunes qui traînent, les mots de Grand Corps Malade émanant de quelque part. Les odeurs enivrantes des restaurants de toutes sortes de cuisine.

Ils ont déménagé dans un chalet non loin. Assez modeste avec une grande salle de bains. Quel luxe ! Et un potager, pour le plus grand bonheur de ma mère. Un cerisier, un abricotier, un poirier… Un mur entier couvert des photos de tous leurs enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants… et une chambre consacrée aux visites de plusieurs des sur-mentionnés pendant des années. Sur la table dans la cuisine, un énorme clafoutis. Un vrai. Pas son traditionnel clafoutis de guerre.
« Ton dessert préféré », la m’am ricane.
Je parle avec eux souvent sur Skype de New York mais je n’avais jamais remarqué qu’ils étaient si fragiles. Une seule bouffée de vent et ils seraient emportés ! Pouf ! Drôle.
« Toi, notre fils, un écrivain bien connu et le seul de nos enfants aux yeux marrons comme moi ! » a dit le p’pa fièrement.
« Oui, mais treize enfants, comment vous êtes-vous débrouillés ? »
Il hausse les épaules et il échange un regard avec la m’am. Ce regard direct, inébranlable.
« Avec l’amour, l’humour et mes histoires de tigres ! » a-t-il dit, l’œil pétillant.

PAR DC

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Une illusion perdue

L’année 1942. Le lieu Brisbane. Les Américains étaient arrivés ; les Japonais étaient attendus à toute heure du jour ou de la nuit. Il y a une famille, le père, la mère et trois filles. La deuxième des trois, âgée de neuf ans, a décidé de tenir un journal. Il commence…

Avant la guerre rien ne se passait ici. Maintenant, chaque jour amène des choses nouvelles et des gens différents. A l’école nous avons des tranchées où nous devons descendre si la sirène sonne. Chez nous, mon père et un voisin ont décidé de construire un abri antiaérien au bord de nos demeures. Ma mère a rejeté la possibilité de fuir avec moi et mes soeurs à la ferme des cousins à la campagne. Elle n’aime ni les cousins ni leurs femmes ni la campagne. Maman semble malheureuse, même grincheuse; papa, au contraire, est heureux et plein de vie. Il est devenu un représentant du gouvernement du Queensland qui va accompagner des soldats américains qui doivent construire des pistes d’atterrissage en pleine cambrousse.

Papa agit comme un dieu grec ou comme un ogre, d’après nos actions. Avant la guerre, après une grosse bêtise, si maman nous avait menacées, « Attends l’arrivée de ton père ! », c’était prudent de lui faire la fête sur la route du tram. «P’pa, p’pa, puis-je porter ta valise. Laisse-moi de te prendre la main ». Une stratégie fréquemment couronnée de succès. Après tout, grand-maman nous dit toujours que le miel attrape plus de mouches que le vinaigre. Je ne sais pas pourquoi elle veut attirer les mouches.

Papa et M. Thomas ont bêché un grand trou dans le jardin. Deux autres hommes ont boisé les murs de l’abri et ont construit le toit de tôle ondulée. Quel bonheur, l’abri est fini…Papa a invité tout le voisinage à l’ouverture. Maman évite notre regard et elle ne semble pas partager son enthousiasme.

Pendant la nuit, un orage tropical est arrivé. Pouf, pouf, pouf, la pluie sur les feuilles de bananes. Le matin, le soleil revient. « Tout ira bien, dit papa. – Même si nous ne demeurons pas dans le meilleur des mondes », répond maman. Comme trois petites poupées parfaites, nous suivons les parents au fond du jardin et les invités commencent à arriver.

Une voix s’écrie : « Voici les architectes de cette grande participation à la défense de la patrie », et mon père et M. Thomas, ensemble, ouvrent la porte. Quel choc ! L’abri est à moitié plein d’eau, couleur chocolat, qui continue à s’infiltrer par les murs.

Mme Thomas dit à ma mère : « Mon mari ne peut rien faire qui marche, mais je pensais que le vôtre était différent. – Mon mari ne peut même pas enfoncer un clou dans une planche sans se blesser, » répond maman.

Comment mon père cultivé, qui sait tout et qui connaît tout le monde, a pu faire une telle bêtise ? Le soir, grand-maman dit « Dormez bien et demain vous allez commencer à apprécier l’humour de la situation ». Faux. Nous n’oublierons jamais la perte d’un Apollon et l’installation/l’insertion/l’infiltration [ ?] d’un père comme tous les autres.

PAR CARMEL MAGUIRE

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Les vendanges

Nous sommes en septembre 1990 dans une ferme sur un domaine viticole près de Nuits-St-Georges en Bourgogne.

Données de base.
Le mois de septembre est le temps des vendanges. Toute ma famille vit ensemble : le père et la mère, l’oncle et la tante, les cousins et moi. Chaque année nous attendons avec impatience la récolte du raisin. Les hommes mettent les raisins qu’ils ont ramassés dans d’énormes paniers. Parfois le père me laisse monter sur son dos quand le panier est vide. Parfois on peut manger les raisins mais pas goûter au vin. Jamais !

Aujourd’hui.
Pourquoi la mère est-elle soudainement triste ? Elle semble pleurer un peu ! Pourquoi le père est-il encore au lit ? Pourquoi le père gémit-il et jure-t-il ? La mère essaie de nous rassurer. La tante dit que c’est seulement de l’arthrite dans le dos. La m’am le masse avec des serviettes et de la crème, je suppose c’est pour la douleur.

Ah non ! C’est vrai. Aujourd’hui c’est le début des vendanges. Je pleure presqu’un peu aussi.
Je me dis : Mais le père est l’homme le plus fort, il est comme Hercule, et il est le meilleur cueilleur de raisins et le plus rapide du vignoble. Les cousins et l’oncle sont déjà partis pour commencer la récolte. Nous devons soigner le dos de p’pa. Mais comment ? La m’am et la tante ont mis de l’eau bouillante dans les bouilloires et dans des casseroles et elles l’ont utilisée sur des serviettes. J’ai entendu ma tante demander si nous avions des analgésiques ! Je suppose c’est un type de médicament.

Le miracle.
Enfin mon père est capable de se tenir debout. Il est Goliath à nouveau. Alors il me prend des yeux et me dit « Tu vois ce n’était qu’un petit mal de dos ! Demain nous irons au vignoble pour les vendanges. Je te le promets ». Peut-être est-il un magicien ou un prophète car tout s’est passé comme il l’avait prédit. A la fin des vendanges, p’pa a gagné la couronne du meilleur cueilleur de raisins. Ma mère était très heureuse avec le bonus et le vin gratuit en prime. Quand mon père est rentré, nous avons pu lui faire un gros câlin, en faisant bien sûr attention de ne pas lui blesser le dos encore une fois. Pour moi, il était un vrai Dieu, comme Bacchus !

PAR ANN B

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Une chose marquante

Nous sommes en 1944. C’est la dernière journée des vacances pour une mère et sa fille âgée de 8 ans. Elles ont séjourné dans la maison de ferme de la sœur de la mère.

Croaa, Croaa, Croaa ! Le chœur rauque des corbeaux me réveille. Tard, tard. Croaa, Croaa ! On est en retard. Oh non. Je bondis de mon lit.
– Lève-toi, ma petite. Les agneaux t’attendent. Tu m’entends ? Et n’oublie pas les poules et les dindes.
J’entends les rires de ma mère et de ma tante dans la cuisine et je sens la bonne odeur de bacon sur le feu. En pyjamas, je cours pour saisir les deux biberons de lait chaud qu’elles ont préparés. J’ouvre la porte de derrière. Béé ! Béé ! Béé ! Le soleil s’est levé. Béé ! Tu t’es levée ! Béé ! Béé ! Quel barouf !
Millie et Willie arrivent sur-le-champ, dégingandés, leurs longue jambes tremblantes, la bouche ouverte cherchant les tétines des biberons.
– Attends, Millie, attends ! Patience…
Ils tètent gloutonnement en faisant un petit bruit de gloussement. Ils tètent même quand les biberons sont vides. Gros gloutons, mes deux bébés. Puis, je me dirige vers le poulailler où tous me font bon accueil y compris Sam, le dindon grognon. Moi, je n’ai pas peur de lui. Glouglou ! Glouglou ! Je sème les graines à la volée. Glouglou ! Ils glougloutent tout. Vraiment, des gloutons.

Après le petit déjeuner, Maman me demande de l’aider à faire les bagages. Super ! J’adore explorer les tiroirs de ma mère. Je dois étaler nos vêtements sur le lit et la ma’m les mettra dans la valise. Les chemises de nuit, les culottes, les soutiens-gorge, le tout parfumé à la lavande et au savon. La douce odeur de ma ma’m.
– C’est quoi, maman, ce truc ?
Cette chose blanche, douce, rectangulaire. La m’am, distraite par ses allées et venues, ne me regarde pas. Mais c’est parfait : je me bande les yeux avec ce truc curieux
– Regarde, maman, regarde-moi ! Je joue à colin-maillard … Je le tiens !
Un hoquet de surprise…
– Repose ça tout de suite ! Ce n’est pas un jouet ! C’est pour les grandes personnes, pour les mamans !
J’entends le ton, je reconnais le regard. Elle, elle me prend des yeux, la mine renfrognée. Un dindon grognon. La m’am m’énerve parfois. Elle me traite comme un bébé. Sur-le-champ, j’obéis mais je vois le nom sur le paquet : « Kotex : serviettes hygiéniques ». A partir de ce moment-là, je suis déterminée à dénicher ce secret des mamans.

PAR ERIN GABRIELLE WHITE

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