Daniel Pennac

Textes composés par les étudiants
du cours ATELIER DE LECTURE ET ECRITURE CREATIVE,
inspirés par 'Chagrin d'école' de Daniel Pennac.

La petite Camille cendrée

Mon grand père était grand et sévère. Il adorait ma sœur. Elle était belle et douce.

A chaque vacances, nous restions avec nos grands-parents, à la ferme. Quand nous étions là, j’aidais toujours mon grand-père dans son travail et ma sœur restait à l’intérieur et jouait avec ses poupées ou regardait la télévision. Elle était une fleur rare.

Je travaillais avec lui et on s’occupait des animaux. J’aimais ça parce que j’apprenais son mode de vie et ses humeurs. Ma sœur jouait avec ses poupées.

Quand grand-père parlait de nous, il disait toujours : « Sophie est belle ».

C’était toujours la même chose, pendant toute mon enfance.

Mais un jour, les choses ont changé. Sophie a découvert les garçons. Mon grand père était fâché, car elle était trop jeune d’après lui, et elle négligeait ses études. Ses notes étaient en baisse, ses professeurs n’étaient pas contents. La principale a demandé à parler à mes parents.

Mon heure était venue. La Principale m’aimait bien : toutes mes études étaient bonnes, avec de bonnes notes. J’étais dans l’équipe de ski.

Pendant les vacances suivantes, je faisais du ski dans l’équipe de l’école, et Sophie restait chaque jour dans un petit bureau à côté de la Principale et révisait toutes les leçons. Je rie quand je repense à cette époque.

Pour mon grand-père, Sophie restait sa favorite : mais quand il parlait de nous, il disait maintenant : « Sophie est belle, et Camille est aussi belle et intelligente.’

C’est très amusant dans nos vies, beaucoup de choses sont parallèles, mais j’aime beaucoup les animaux et ils m’aiment bien aussi. Par contre, Sophie n’a pas d’affection pour eux.

PAR JK

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Un livre important

Quand j’étais jeune, j’étais très timide, très sage. Bonne étudiante, les leçons en sciences, en mathématiques, en anglais, en littérature étaient faciles pour moi et je réussissais avec des bonnes notes. Mais les leçons de religion étaient ennuyantes et le soir avant l’examen, le dernier de l’année, je lus mon nouveau livre, un cadeau d’anniversaire, au lieu de réviser. Donc, l’examen de religion, je le ratai, avec moins de cinquante pour cent.

Arrivant avec ma mère, le dernier jour de l’école, ma principale, Mademoiselle Whitlam, nous fit face et en termes durs et acerbes, elle me fustigea : « Une fille aussi intelligente que toi n’a pas le droit de rater son examen de religion ». J’étais remplie de haine et de honte. Je décidai de démontrer mes compétences l’année suivante. Je gagnerais le premier prix de religion.

Les classes de religion étaient enseignées par une prof très âgée, très ennuyeuse, et nous passâmes toute l’année sur les quatre premiers chapitres de St. Jean : chaque histoire, chaque ligne, chaque mot étaient disséqués. Ennuyant ! Mais j’étudiai tout , mémorisai tout et après dix mois je passai l’examen avec confiance. J’allais leur montrer ! Je reçus en effet une très bonne note – mais mon amie Margaret me dépassa d’un point, et elle n’avait jamais été dans une église de sa vie. Pour moi, pas de prix et toujours pas d’intérêt ni de respect pour la religion ou le christianisme. Cinquante-cinq ans plus tard, après toute une vie sans religion, je viens de décider de lire la bible du début à la fin, en version autorisée de Roi Jacques, traduit par quarante-sept experts en langues originales, hébraïque, araméenne et grecque, dans les années 1600. Pas pour des raisons religieuses mais pour le langage musical, les citations familières et les histoires qui ont influencé une grande partie des gens du monde. C’est attirant et dégoûtant, plein d’atrocités, de contradictions, de polygamie, d’inceste et de commandements sages (je n’ai lu que les trois premiers livres pour le moment) et de temps en temps une petit phrase si belle qu’on veut la répéter à tous. Si je l’avais lu quand j’étais adolescente, ma vie serait peut-être bien différente. La religion à l’école a caché ce genre de choses, belles et mauvaises, et a tué en moi tout intérêt pour ce livre si important.

PAR ANGELA LOW

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L’histoire triste de Marie Clair

La loi d’Isaac Newton, ou d’Archimède, ou de tout autre n’est pas vraie dans toutes les affaires humaines. Chaque action n’est pas toujours suivie par une action égale et opposée.

Marie Clair n’était pas une fille mauvaise : maladroite, malcontente, mais jamais malfaisante ! Elle avait seulement accepté d’aider le copain de son frère de faire le marché pour sa mère malade. Ainsi, quand le copain, beau et charmant, dit qu’elle devait attendre dans la voiture tandis qu’il retournait au supermarché pour acheter des choses oubliées, elle attendait. Elle attendit cinq minutes, dix minutes, vingt minutes…

Après trente minutes, saisie de peur qu’un accident ne soit arrivé à son compagnon, Marie Clair en descendit. Où était-il ? Son souci disparut quand elle vit sur le siège arrière le contenu de sa valise : des pilules et de la poudre blanche. Puis elle vit s’approcher deux gendarmes, un de chaque côté de son compagnon.

Marie Clair évita les gendarmes, déserta l’ami de son frère et se sauva. Une fugitive de la justice !

Pour le restant de sa vie, elle ne voulut discuter ni de l’ami de son frère, ni des événements de cet après-midi.

PAR CARMEL MAGUIRE

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Les conséquences

L’envie d’être comme les autres filles dans ma classe… d’être cool, c’était mon rêve à moi : laisser pousser mes cheveux, porter l’uniforme au-dessus des genoux comme elles. En général j’étais sage en classe et je voulais tout apprendre. J’étais intéressée par tous les sujets sauf l’économie domestique. Mes notes étaient toujours bonnes mais souvent avec le commentaire : « Soyez moins bavarde ! » Ces copines étaient différentes : espiègles, nonchalantes, souvent insolentes, constamment courant après les ennuis. Certains professeurs et ma mère essayaient de m’encourager d’éviter les pires d’entre elles. Mais, non, elles étaient mes amies !

Ça devait se passer. Un incident dans la classe de chimie où une des copines a forcé une autre étudiante, une fille sage et timide, à renifler un produit chimique, avec des conséquences désastreuses : elle s’est évanouie par terre comme un ballon de baudruche qui se dégonfle, la fumée la faisant pleurer, les yeux rouges comme le sang pur, elle était en détresse respiratoire. Personne n’avouait ou n’acceptait la responsabilité, donc pour raccourcir les événements, c’était moi qui admettais ce crime.

Bien sûr, il y avait des conséquences de mon action : des heures de colle, la grosse déception de mes parents et du prof, et finalement pour moi le manque de solidarité entre copines.

C’était une leçon bien apprise. De nos jours, je choisis mes amis judicieusement !

PAR DC

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Un samedi après-midi

C’est un samedi après-midi d’été. Comme d’habitude je suis dans la bibliothèque de ma pension, la tête dans un livre où David Copperfield est tombé amoureux de Dora. Va-t-elle succomber à ses charmes ? Oui ou non ? Voracement, je dévore les pages.

Et puis, ma meilleure amie, Patricia, se laisse tomber lourdement assise à mes côtés. Contente dans les bras de David, je fais semblant de ne pas la voir. Ça ne marche pas. Mon amie adore citer les vers de poèmes et aujourd’hui c’est La Destruction de Sennacherib de Byron : « L’Assyrien arriva comme un loup sur le troupeau ». – Tu arrives comme un loup, je grogne. Mais le rythme est hypnotique et je commence à jouer le jeu. « Et ses cohortes brillaient en pourpre et or/ Et l’éclat de leurs lances étaient comme les étoiles sur la mer… ». C’est grisant !

Ayant achevé la destruction de Sennachérib, nous tournons notre attention vers La Bataille de Lepanto, un poème de Chesterton. Patricia souhaite que nous le récitions ensemble à haute voix pour l’apprendre par cœur. Elle pousse un peu et je cède. Donc, la bataille fait rage autour de nous : qui va réussir, les chrétiens ou les musulmans ? Nous mimons le drame avec nos mains jusqu’au moment final : « Vivat Hispania ! Domino Gloria ! Don Juan d’Autriche a libéré son peuple ! » Ivres de succès, nous, les deux chrétiennes, sommes trempées de sueur ! Mais quelle horreur, le plafond et les murs de la bibliothèque sont tâchés d’encre, tâchés « comme les étoiles sur la mer » !

En brandissant un stylo à encre (sans capuchon) pour l’effet dramatique, nous avions couvert la salle entière d’encre. La bataille de Lepanto n’était rien par rapport à la bataille avec les profs qui a suivi cet incident. Cet après-midi-là, j’ai appris qu’un stylo dégainé pouvait vraiment devenir une arme dangereuse.

PAR ERIN GABRIELLE WHITE

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Compétences sportives

Le manque de compétences sportives m’a mené vers la duplicité.

Au lycée, il faut jouer au sport chaque semaine pendant un après-midi. On peut choisir : le tennis, le golf, la natation, l’athlétisme, le foot… Je n’aimais pas le sport. Je ne pouvais pas courir vite, je ne pouvais pas jeter ou attraper une balle, je ne pouvais pas sauter. Alors, le choix de sport était problématique. Que faire ?

Finalement, j’ai décidé que le golf serait le sport pour moi. On ne doit pas courir, on ne doit pas attraper une balle – seulement frapper une petite balle et la suivre jusqu’au trou.

Alors, la première semaine est arrivée. Nous sommes allées en autobus, mes amies et moi, au terrain de golf, avec un professeur qui était vieux et qui ressemblait à une tortue.

Le temps était merveilleux – le soleil brillait comme un grand tournesol, le vent chuchotait comme un souffle, les nuages flottaient comme de la laine dans le ciel.

Nous sommes arrivées au premier trou. Nous avons frappé les balles, chacune à son tour : paf ! paf ! paf ! Les balles ont volé partout comme les balles d’un fusil. Finalement, après avoir frappé les balles plusieurs fois, nous sommes arrivées au trou et les balles sont tombées dans le trou. Le même procédé pour le deuxième trou ; le même procédé pour le troisième trou.

Oh là là… maintenant nous étions toutes fatiguées. Que faire ? Le soleil brillait comme un feu ; le vent soufflait comme un ouragan. Nous en avions assez du golf.

Nous avons décidé de faire une pause sous un arbre. Alors, la pause s’est prolongée pendant une heure… Grands dieux ! Il fallait que nous courions vite à travers le terrain de golf pour arriver au commencement du cours. Le professeur était surpris que nous respirions si fort : « Qu’avez-vous fait ? Vous êtes des filles malhonnêtes ! La semaine prochaine, je viendrai avec vous autour du terrain ! »

Quelle catastrophe ! Ensuite, j’ai dû jouer au golf chaque semaine pendant tout le semestre.

Après ça, je n’ai plus jamais joué au golf – j’ai essayé le basket, le hockey, la natation et le tennis et, peut-être, je ne manque pas totalement de capacité sportive !

PAR MIRIAM

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La robe

J’étais très proche de mon père mais j’avais des relations difficiles avec ma mère, qui s’intéressait plus à sa garde-robe qu’à moi. Cette froideur et cette distance de ma mère m’ont amenée un jour à faire une chose audacieuse et dangereuse.

Ce jour inoubliable, j’ai joué le rôle du diable, poussée par le besoin de son affection. Ma mère venait d’acheter une belle robe bleue, d’une marque renommée, qui lui avait coûté les yeux de la tête. J’avais pensé que la robe serait encore plus belle teinte en blanc, alors je l’ai prise en secret pour la blanchir. Quelle gaffe ! Mes bonnes intentions n’ont pas du tout fait plaisir à ma mère ! En effet sa robe était détruite ! Au lieu de louanges, j’ai reçu des insultes : « Petite voleuse, destructrice ! »

Je n’ai jamais eu de bonnes relations avec ma mère. Mais des années plus tard, étant mère à mon tour, j’ai compris que l’amour valait plus que les objets et qu’il ne fallait jamais s’éloigner de ses enfants.

PAR JOCELYN ET AMANDA

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