André Gide

Textes composés par les étudiants
du cours ATELIER DE LECTURE ET ECRITURE CREATIVE,
inspirés par 'Les Nourritures terrestres' d'André Gide

Les Nourritures célestes

                                                                                 Traversée.
                                                                                 Juin 2019

Départ de Sydney.

Pluie torrentielle ; air humide. En haut les nuages calmes ; une couette d’ouate.

L’avion balancé, stabilisé. Une nuit splendide, éparpillée d’étoiles.

La lune, un mince éclat argenté.

                                                                                 Traversée

… Que de fois ai-je attendu la traversée de la côte nord…


… délaissant la terre rouge de mon pays…

au-dessus d’une mer plissée, les vagues blanches statiques. –

- Laissant les petits vaisseaux immobiles.

                                                                                 Nuit dans l’air

Obscurité. Stores baissés. Je mange. Je regarde un film. Je dors, bercée par le ronronnement des turboréacteurs.

Ma lourde tête soutenue par un coussin courbé.

Une éclatante aube colorée, et je ne l’ai pas vu venir.


- Réveillée par une voix perturbante. S’attacher subitement ! Turbulence violente !

Moment de terreur. Les mains serrent l’accoudoir. Siège qui tangue, sautille,

- de haut en bas.


Qu’y suis-je ? Une minuscule tache sur la terre. Un seul être parmi des millions qui arpentent ce monde en avion. Accidents d’avion si rares. Les pilotes si expérimentés.

Abandon à l’oubli de la houle ; volupté du relâchement ; un grain de poussière.

PAR ANGELA LOW

-

Un voyage de libération

                                                                                                              Traversée.
                                                                                                              Juin 2022.

Départ de Sydney.

Ceinture attachée ; Nouvelle aventure…
Début de voyage. Turbulence ; changement de vitesse et d'altitude.
Dans les airs, ballet gracieux, planant, parfois maladroit. Nuages dorés du crépuscule.

… Que de fois j'ai attendu le vol rêvé…

                                                                                                                 L'homme oiseau

… Le ciel m'attend, divin mais menaçant. -
L'homme oiseau, ses ailes ont joué un rôle décisif - me transporte dans un autre monde.
Suspendu entre l'avant et l'après, hier et demain. -

                                                                                                                  Libération

Contemplation céleste - une tout autre dimension -
Je me sens hors du temps.
Ô ciel magnifique !
Je laisse tomber le tragique ; rendez-vous avec l'ailleurs -
Où tout peut arriver, surtout le meilleur – douleurs oubliées -
- envolées - au ciel.

Monde traversé sans soucis ; libérée.

PAR AMANDA

-

Vol entre Sydney et Singapour

                                                                                                                  Voyage.
                                                                                                                  Mai 2023.


Départ de Sydney.


Ciel d’encre ; quelques nuages. Etoiles cachées ; temps tiède. 

Long retard pour embarquer. Siège de fenêtre. Verre de champagne ; bon repas.
Souvenirs d’autres vols. Calme. Contentement.



… Avertissement de turbulence ! Signe de ceinture de sécurité allumé ! Changement des sons du moteur. Altitude plus élevée.
— On peut voir un tapis de boules de coton gris.
Lumières de l’avion chassent les ténèbres….

Feu rouge. Feu vert. Bâbord ; tribord. Rhythmique.

— Toujours les ceintures de sécurité. Toujours là lumière rouge. 

Les toilettes hors limites —

… Respiration profonde. Yeux fermés. 

L’avion frissonne — semble s’arrêter subitement —



— Confiance dans les pilotes. Confiance dans les moteurs. Confiance dans le destin —

— Sueur aux tempes. Lèvre supérieure s’humidifie !
O ! sueur d’angoisse ! —

Mon coeur bat la chamade. Turbulence écrasante. Abandon !

PAR ANN B

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Vol

                                                                                                             Vol.
                                                                                                              février 1975.

Départ de Windorah (Queensland du sud-ouest).

Soleil éblouissant ; asphalte fondant. Chaleur accablante ; piste courte.
Bleu brumeux, courbe de la terre. Impression dominante d’immensité
démesurée. Avion léger enveloppé de mirages. Différent de tous les départs passés.

                                                                                                               Vol.

… Que de fois ai-je attendu nerveusement le décollage…
… de l’aire d’un grand aéroport…
et j’ai senti l’odeur nauséabonde des vapeurs de kérosène. –
- Mains moites. Défaillance. Résistance.

                                                                                                               Dans les airs.

Le soleil tape, la brume de chaleur monte, l’avion tressaillit, tremble…
Roule lentement le long de la piste, un trajet cahoteux, comme un kangourou –
Fuite impossible ! Piégée ! –
Terre rouge, salt-bush gris, lit asséché de Cooper Creek… plongeon subit –
le cœur au bord des lèvres… O ! Nausée !
Paysage majestueux – et je n’ose pas regarder.
Le petit avion monte – hésite – replonge – chevauche les courants
expulsés de la fournaise géante.
Mort ! Tu es la bienvenue ! Viens ! Viens vite ! ce petit corps avalé
par cette terre vaste : détritus négligeable : ce « je » disparaît.

PAR ERIN GABRIELLE WHITE

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