Amélie Nothomb

Textes composés par les étudiants
du cours ATELIER DE LECTURE ET ECRITURE CREATIVE,
inspirés par 'Les Catalinaires' d'Amélie Nothomb.

Le comte et sa fille

Le comte et sa fille se mirent en route vers le château. Dans le carrosse, le comte était perturbé. Alors qu’il acceptait que la voyante ait trouvé la fille, cela ne lui donnait pas le droit de le réprimander, et en plus elle avait dit qu’il allait tuer un invité à sa fête ! Agaçant, cette Rosalba, il renifla. Néanmoins….

Sérieuse resta silencieuse pendant le voyage, et le comte attendait jusqu’à ce qu’ils arriverent au domicile, quand la comtesse pourrait peut-être en savoir plus de la fille. Mais en arrivant, Sérieuse dit ‘bonsoir’ à sa maman et monta dans sa chambre. Ensuite elle parut pour le diner, mangea un peu sans dire un mot, et disparut.

Après le repas le majordome rendit compte des détails pour la fête. Tout à coup il y eut un coup de fil – qui ça pourrait être à ce moment de la nuit ? C’était une voix familière: «Bonsoir, c’est moi, votre voisin le Comte Kevin. Je vous présente mes salutations. Je viens juste de rentrer de mes voyages. Puis-je passer vous voir demain peut-être? Ça fait un bout de temps»

Il appelait tard, mais il était jeune, riche et beau – un mariage envoyé du ciel pour Sérieuse (et toute la famille). Un cadeau! Immédiatement Neville l’invita à la fête.

La fête. Le comte Neville, la comtesse et Sérieuse se tenaient debout au sommet d’escalier, accueillant les invités, mais Sérieuse resta sérieuse, sans aucun sourire sur le visage pâle. Tous les invités étaient arrivés, mais pas le comte Kevin. Soudain les lumières clignotèrent, et un bel homme apparut dans l’embrasure de la porte. On annonca le comte Kevin. Le visage de Sérieuse se transforma, elle écarquilla les yeux, la bouche légèrement ouverte et elle s’ évanouit

L’homme s’avança vers Sérieuse et d’ voix de commandement lui ordonna de le suivre. Comme possédée, elle se leva et commença à descendre l’escalier. La salle devint immobile, tout le monde était en état de choc. Dans le silence, le lustre frissonna un peu. A ce moment Neville, si plein de colère et d’indignation, comment ce noble pouvait-il se comporter d’une telle manière avec sa fille et devant tout le monde ? Comment osait-t-il le gêner? « Ah, c’est vous qui avez attiré ma fille dans la forêt et l’y avez laissée ! »

Furieux, il saisit son épée, se précipita vers lui, une figure maintenant diabolique et menaçante, et avec un seul coup bien exécuté dans le cœur de Kevin, le tua.

PAR MARGARITA

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La Garden Party

Ils partirent. Le Comte toujours raide mais fumant de colère. Sérieuse le suivit, la tête inclinée. Le silence régnait.

Au château, la fille aînée, Précieuse, ouvrit la porte. Ah ! La ravissante Précieuse, grande, élégante et toujours obligeante, la chouchoute de son père et très proche de sa sœur Sérieuse.

– Chérie, emmène ta sœur dans sa chambre et essaie d’aller au fond de cette histoire.

Quelle aventure chez la voyante ! Rappelez-vous que les murs ont des oreilles. Il faut laver son linge sale en famille. Attention à la petite sournoise aussi. A table à midi, s’il vous plaît. On a beaucoup à discuter au sujet de la Garden Party dans quelques semaines et pas de chamailleries, j’insiste. Votre mère souffre d’une migraine et cette fugue de Sérieuse a dû vraiment la déstabiliser.

Silence à table. La mère était blême.

La fille benjamine a demanda tout en ricanant.

– T’as vu des fantômes dans le forêt hier soir ? Il y avait des hululements de hiboux ?

– Il suffit, rétorqua le Comte d’un voix fâchée. Tu es vraiment ennuyeuse et fatigante. Si ton comportement ne change pas, je t’enverrai chez ta tante loin d’ici et il n’y aura pas de Garden Party pour toi.

Après le repas Le Comte et Précieuse firent le tour du jardin.

– Écoutez-moi Papa, Sérieuse est tellement malheureuse et se rend compte que ce qu’elle a fait hier soir était absolument stupide, mais elle pense qu’elle va tout perdre quand vous vendrez le château. Elle a rencontré des jeunes de l’autre côté de la forêt et ils s’entendent bien et comme tous les jeunes ils aiment discuter en refaisant le monde. Elle voudrait un peu de liberté. Papa, laissez-la les rencontrer de temps en temps, je vous en prie. Je vais lui manquer quand je serai mariée avec votre ami. Son esprit vagabonda. << Comment pouvez-vous me faire cela ? Moi, qui suis si facile et qui ne me plains jamais. Il est laid, vieux et ennuyeux. >>

Le comte lui lança un regard noir.

Il pensa << Je suis désolé ma chérie mais il est riche, il vous adore et c’est une bouche de moins à nourrir. >>

Le jour de la Garden Party arriva. Il faisait assez froid, avec un ciel clair. Les deux sœurs firent le tour respectueusement pour dire bonjour et adieu. Le futur mari de Précieuse souvent à ses côtés, onctueux comme toujours. La lumière commença à disparaître et la foule fut invitée à entrer à l’ intérieur. Cependant, trois d’entre eux se dirigèrent vers la forêt.

– Papa, elle est entrée dans la forêt. Venez vite, cria la petite sournoise.

Le Comte encore enragé n’était pas sûr si sa troisième fille disait la vérité mais il courut à vive allure vers la forêt. Quelques minutes plus tard, les invités entendirent deux coups de feu et puis des cris effrayants.

– Papa, vous avez tué votre meilleur ami, hurla Sérieuse. Vous êtes content maintenant ?

– Qu’est-ce j’ai fait, mon Dieu ? Tremblant, il mit son arme à terre.

PAR DC

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Rosalba

Elle insista :

  • Vous n’avez pas répondu à ma question, néanmoins.

Quel interrogatoire, vraiment elle dépassait les bornes ! Mais il devait se défendre contre ces jugements.

  • Ma femme et moi voudrions qu’elle soit consciente de son rôle dans la société dont elle fait partie et qu’elle prenne sa place avec responsabilité. C’est une chose sérieuse et c’est important qu’elle se rende compte de cela.

Mme Portenduère fit un grimace – elle commençait à comprendre la fugue d’hier soir.

La fille se tourna vers la voyante et lui offrit sa main.

  • J’espère te rendre visite un de ces jours, Rosalba. Merci de m’avoir protégée hier soir. Papa, allons-y.

Neville se sentit tout d’un coup subtilement manipulé par les deux femmes – même menacé. C’était comme si Rosalba était devenue son ennemie au cours de cet échange – une ‘rien-du-tout’ qui était apparue sans prévenir et sans invitation.

PAR GLENDA BUTLER

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Le riz au jasmin

Après que Neville et sa fille sont restés pour quelques temps, ils ont décidé de retourner chez eux. Mais alors que Neville sortait, il a entendu sa fille disant à Rosabla.

‘ Madame, pouvez-vous ….’

‘Tutoie-moi, n’oublie pas !’

‘Peux-tu…’, a chuchoté Sérieuse, très embarrassée, ‘‘Peux-tu venir à notre garden-party ?’

‘Pour sûr, ma chérie !!’ La voyante a serré la fille dans ses bras rondelets et l’a fait virevolter et a dansé avec elle à travers la pièce.

Neville a frémi de colère. ‘Ma fille est folle,’ il a dit en reniflant, et a marché à grandes enjambées ver la porte.

Dans la cuisine du palais. Neville en discussion avec le chef.

‘Chef, demain il faut que vous cuisiniez votre meilleur pain pour le grand dîner. Mes invités ont le goût le plus raffiné. Ils ne peuvent pas manger de pain ordinaire’, a dit Neville d’une voix pompeuse.

‘Mon seigneur, vous n’avez pas de four’, le chef a dit avec mépris – il n’aimait pas Neville et il était très heureux d’avoir l’opportunité de lui répondre de façon irrespectueuse.

‘C’est bien’, a dit Neville. ‘Nous aurons du riz. Mes invités aiment le riz exotique, comme le riz au jasmin.’

‘Mon seigneur, vous n’avez pas de casserole suffisamment grande pour cuisiner le riz pour une centaine de personnes.’

Neville a senti la colère monter en lui mais il a conservé son sang froid en apparence. ‘Cuisinez le riz en plusieurs lots, une casserole à la fois, et mettez-les sur la table jusqu’à demain’, a-t-il ordonné et il a quitté la cuisine.

Le chef a haussé ses épaules, ‘Cette brute, ne sait-t-il pas que le riz deviendra toxique s’il reste sans réfrigération ? Tant pis, ce n’est pas mon problème.’

Le lendemain, à la garden-party, la voyante a vu le riz. ‘Ah, ma nourriture préférée’, elle s’est exclamée en remplissant son assiette. Elle a mangé vite à grandes bouchées. Trente minutes plus tard, elle était morte.

PAR HEATHER JOHNSON

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La grande porte du château s’ouvrit

La grande porte du château s’ouvrit et Neville suivi par Sérieuse, entrèrent sans voir que le laquais mince aux cheveux gras saisissait la poignée entre ses mains.

  • Retourne dans ta chambre et ne dis pas un mot à ta mère, nous ne voulons pas l’inquié Enfile des vêtements propres et redescends comme d’habitude plus tard ma chérie, dit Neville posément à sa fille.

Sérieuse le regarda avec indifférence et commença à monter le grand escalier en marbre, la carte de visite de Madame Portenduère serrée entre les mains.

Neville restait immobile pendant quelques minutes, perdu dans ses pensés. Il n’avait pas vu le laquais qui approchait furtivement.

  • Bonjour monsieur, vous désirez quelque chose? demanda-t-il au Comte.
  • Madame La Comtesse est-elle dans la salle à manger?
  • Oui monsieur, Madame est descendue à 9 heures comme d’habitude.

Au moment où La Comtesse l’aperçut, elle décida de l’interroger au sujet de la grande fête. Neville réprima son soulagement « Apparement elle n’a rien remarqué la fugue de Sérieuse ».

  • Ah bonjour mon cher, avez-vous fait la liste des invités ? Et sans arrêter elle continua à boire

son café d’une tasse dorée, le petit doigt délicatement levé. J’ai bien réfléchi sur le sujet et il faut absolument inclure un politicien cette année. Naturellement il n’est guère nécessaire de vous rappeler le grand succès de la fête de l’année dernière. Le maire avait le vent en poupe ce soir-là, et nous en avons bénéficié financièrement. Nous pourrions emboîter le pas avec un autre politicien et profiter de cette relation?

La mention de la fête rapporta Neville à la prophétie et à cette prophétesse, la voyante. « L’audace de cette inconnue de me parler d’un acte criminel. C’est inimaginable que je tuerai quelqu’un, et à une fête en plus, en pleine vue du tout-venant ! ».

Neville sentit son irritation mais resta raide, sans montrer sa réaction à cette absurde idée.

  • Oui chérie, je suis complètement d’accord, il répondit en pensant qu’il vaudrait mieux ne pas raconter l’escapade de Sérieuse à sa mè

C’était une femme nerveuse et il ne voulait pas l’inquiéter.

PAR CHRISTINE AUSTIN

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La Comtesse

Le Comte et Sérieuse sont revenus au château. La Comtesse les rencontra dans le grand salon.

_ Maman, n’inquiète pas, je suis rentrée, cria Sérieuse.

_ Pourquoi je m’inquièterais! Tu es ici comme toujours, je n’ai pas de soucis pour toi.

Le Comte intervint. Mais notre fille a fait une fugue et la voyante l’a trouvée dans la forêt, froide et frissonnante.

_ Pouf ! tu exagères. Ma fille est toujours sage et bonne. Elle ne quitte jamais le château. Et quelle voyante ? Quelle imagination !

_ Mais Maman, c’est vrai ! s’exclama Sérieuse. Elle m’a sauvée et papa est venu pour me ramener chez nous.

_ Oui, convint Neville. En plus, cette Madame Rosalba a prédit que je commettrais un meurtre… Oh, j’ai peur !

_ Ne sois pas ridicule ! dit la mère, Tuez qui ? Vous avez tous la tête dans la lune. Je n’ai jamais entendu autant de bêtises. Y-a-t-il une pleine lune ce soir?

_ Tu ne me crois jamais, cria Sérieuse, en larmes et furieuse.

_ Madame, le comte se redressa tout droit, tu ne t’es jamais intéressée à nous. Avec ton bridge, tes amies de café, l’interminable shopping, les petits séances de lèche-vitrines, ton esprit est toujours focalisé sur toi-même. Je suis convaincu que tous les problèmes de notre jeune Sérieuse, que Rosalba a vus d’un coup d’oeil, ont une seule et même source. Et cette source, c’est toi !

PAR ANGELA LOW

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Le domaine de Pluvier

Neville prit la main de sa fille et se tourna vers la porte. Sérieuse dit adieu à la voyante et partit avec son père. Ils marchèrent vers la voiture sans parler et ils ne se retournèrent pas.

Neville fit démarrer la voiture et la conduisit machinalement. Les mots de Rosalba résonnèrent dans sa tête : << Je crois que vous avez un problème, monsieur. >> Neville se demanda ce qu’elle voulait dire : << Doit-on se montrer plus chaleureux avec son enfant ? Doit-on s’inquiéter plus de son bien-être ? Doit-on s’intéresser plus à ses ressentis ? >>

Le mot le frappa plus fort qu’avant. Quelle prétention ! << J’ai des sentiments, pas des ressentis. >> Il s’était dépêché pour retrouver sa fille après le coup de fil de la voyante mais il se demanda : << Pourquoi est-elle sortie en pleine nuit et se trouvait-elle dans la forêt ? >>

— Pourquoi as-tu fait une fugue, Sérieuse ? Peut-être la voyante a-t-elle raison, dois-je te donner plus d’affection ? demanda-t-il.

Sérieuse ne répondit pas. Ils arrivèrent à la maison et Neville coupa le moteur.

  • J’ai entendu ce qu’elle a dit. Qui vas-tu tuer ?
  • Personne ! Elle est folle. Ne pense pas à ces mots.

Mais Neville pensa continûment à la prédiction. Il cherchait un moyen de conserver le domaine de Pluvier. Il s’ interrogea : << Rosalba, m’a t-elle donné la solution ? >>

PAR KAREN BRYANT

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La grosse berline, noire et rutilante

La grosse berline, noire et rutilante, était conduite par le comte lui-même. Attentivement, la voiture entra dans le parc du château et elle s’arrêta sur le gravier devant le perron. Le comte ouvrit la porte pour sa fille, blême et épuisée, à qui la voyante avait jeté un sort.

« La prochaine fois, je réussirai ».

Le comte ne remarqua pas l’air d’indifférence de sa fille.

  • Attention à ce que tu dis à ta mè

Il était simplement soulagé d’arriver au domaine familial, sain et sauf, sans être remarqué par les gens du village.

Le château se dressait au milieu d’unparc de grand standing, bien majestueux. Des douzaines de fenêtres étincelaient au soleil. Les hortensias en pleine floraison étaient rangés le long du perron. Et sur ce perron, la comtesse elle-même était assise devant une petite table ronde, un verre de thé – ou peut-être de whisky – à côté d’elle.

On pouvait entendre quelques fragments de musique de Debussy qui émanaient de la fenêtre mansardée, en haut.

La scène se présentait comme idéale pour trouver du repos et du calme malgré le sentiment d’inquiétude qui courait dans l’air autour de la comtesse.

« Enfin, ils sont bien rentrés. Mais notre secret, est-ce que c’est encore un secret ? ».

La comtesse s’appelait Marie-Neige et comme d’habitude elle était en tenue de femme d’une autre ère, très séductrice : elle portait des tresses et une robe comme celles des princesses du Moyen-Age. Mais son visage rougeâtre et ridé ne se ressemblait pas du tout à un jeune ange de cette époque-là.

Son mari s’approcha à elle, en pensant« Comme elle est belle et mystérieuse ! ».

Sérieuse le suivit.

« Comme elle est fragile ! ».

De l’autre côté de la pelouse, une meute de chiens arriva en bouleversant l’atmosphère de la réunion familiale. Et à distance, les invités passaient à cheval, en route pour la chasse au renard sur les terres du comte à travers le fleuve.

Soudain, les trois membres de la famille restèrent figés, terrifiés par le cri aigu de détresse qui provenait du château.

  • ­­Maman, maman, ne vous inquiétez pas ! Je vais la chercher. Ma présence, est pour elle d’un grand réconfort, je le sais.

Donc, personne ne parla de la fugue de Sérieuse.

PAR ROSE CHENEY


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